L’hôtel des finances vient d’assigner une nouvelle mission à la douane : réaliser 40 milliards CFA par mois. Une mission jugée impossible, au regard de ses résultats jugés médiocres.
Entre le 1er janvier et le 31 août 2014, la direction générale des douanes a réalisé 225,18 milliards CFA. Pour être au rendez-vous des 385 milliards CFA, à la fin de l’année, la direction générale des douanes doit recouvrer 159,8 milliards CFA. Soit l’équivalent de 39,95 milliards CFA par mois. En gros, 40 milliards CFA entre fin septembre et décembre 2014.
La direction générale de la douane aura du mal à honorer cet engagement. Et ce, pour plusieurs raisons. D’abord, l’absence de management au sein du personnel. « Jamais la douane n’a été autant désorganisée que sous la direction du général Moumouni Dembelé. Même avec des directeurs généraux, qui n’étaient pas des douaniers, la douane n’était pas tombée aussi bas », déplore un officier supérieur de la douane, qui a requis l’anonymat. Un constat partagé par la plupart de ses collègues.
Plus préoccupés par leur poche que par les caisses du trésor, certains chefs de bureau peinent à atteindre leurs quotas, à eux fixés, par le directeur général. D’autres, à en croire des sources concordantes, ne sont pas à la hauteur de la tâche. Malgré tout, ils se la coulent douce au volant de luxueuses bagnoles, en buvant du petit lait. Les cadres les plus compétents sont affectés à des tâches subalternes ; pendant que ceux, réputés médiocres, font la pluie et le beau temps. Au grand dam du trésor public.
Ensuite, vient la délicate question des « anticipations » ; c’est-à-dire les droits et taxes perçus, à l’avance, par la douane pour compléter ses recettes antérieures. Un exemple : pour réaliser 27 milliards CFA, en août dernier, la direction générale de la douane a poursuivi ses recouvrements jusqu’au 12 septembre dernier. Soit 12 jours grignotés sur le mois de septembre. Du 1er janvier au 31 août derniers, la direction générale des douanes a, déjà, grignoté l’équivalent de quatre mois de recettes sur les mois à venir. C’est pourquoi, la douane doit réaliser, d’ici fin décembre, la bagatelle de 159,8 milliards CFA.
Enfin, la remise au goût du jour des pénalités de 30%, qui risque d’avoir des répercutions fâcheuses sur les recettes douanières à venir. Certes, cette mesure existe à la douane depuis belle lurette ; mais elle a cessé d’être appliquée en 1991. D’où la colère des opérateurs économiques et des transitaires. Pour protester contre cette mesure, ils avaient ordonné à leurs camions de ne pas franchir le cordon douanier. Mieux, les commerçants détaillants avaient menacé de décréter une grève générale sur toute l’étendue du territoire national.
Pour baisser la tension, entre la douane et les opérateurs économiques, la direction générale des douanes a ramené les 30% de pénalités à 10%. Histoire de permettre aux 2000 camions, bloqués à nos frontières, de franchir le cordon douanier. Mais la semaine dernière, le directeur général des douanes, le général Moumouni Dembelé se fend d’une autre décision, qui risque de mettre en péril les recettes des mois à venir : « L’amende applicable pour la non production d’attestation de vérification est maintenue à 10% des droits et taxes jusqu’à l’arrêt des écritures comptables du mois de septembre 2014. Passé ce délai, l’amende applicable sera de 30% », stipule cette note de service, qui suscite, déjà, la colère des opérateurs économiques et des transitaires. Lesquels décident de protester contre cette mesure. Comme en août où, ils ont paralysé les services de la douane.
Autant de raisons, qui risquent d’être préjudiciables aux recettes des mois à venir. En clair, la direction générale des douanes est dans l’incapacité, de réaliser, d’ici décembre prochain, les 159,8 milliards CFA, à elle exigés, par le gouvernement. A moins que le gouvernement ne se décide à prendre le taureau par les cornes: mettre à la tête de la douane un homme, capable de remettre les douaniers au travail. Un homme à même de restituer à la douane ses lettres de noblesse.
Oumar Babi