Mercredi, l’armée malienne a été mise en déroute par les mouvements armés. Les combats ont fait au moins 30 morts. Le gouvernement malien assure que l’exécutif n’a jamais donné l’ordre à l’armée d’attaquer et a mis en place une commission d’enquête. Qui est responsable de la déroute militaire de mercredi 21 mai à Kidal ? A Bamako, la polémique enfle.
Dans le paysage politique malien, tout le monde s’accorde sur l’importance et la gravité des événements de Kidal. Pour l’ancien candidat à la présidentielle Soumaïla Cissé, président de l’Union pour la république et la démocratie (URD), que l’ordre ait été donné ou non par l’exécutif, les têtes doivent tomber, et en premier lieu celle du Premier ministre Moussa Mara. « Cette crise est venue de la visite du Premier ministre, Moussa Mara [visite à Kidal, le vendredi 16 mai, ndlr], suivie de l’offensive de l’armée. Je crois que la tête qui doit tomber la première, c’est celle du Premier ministre. Le Premier ministre doit démissionner, parce que c’est tout simplement républicain », martèle l’opposant d’IBK lors du second tour de la présidentielle malienne, interrogé par RFI. « Aujourd’hui, il y a des dizaines de morts, une opération non préparée, non maîtrisée. Il est évident, aujourd’hui, que le pays a besoin d’un message fort. »
Pour Dramane Dembélé de l’Alliance pour la démocratie au Mali (Adema), lui aussi candidat à la présidentielle en 2013, il faut attendre les résultats de l’enquête, mais la démission du gouvernement n’arrangera rien. Cela « ajouterait une crise à la crise », considère le président de l’Adema. « On arrangera rien. On est dans une situation de crise. Ce n’est pas avec l’émotion que l’on doit résoudre la question. »
La mouvance présidentielle resserre les rangs
Au sein de la majorité présidentielle, on se range bien entendu derrière les explications du gouvernement, qui pointe des dysfonctionnements au sein de l’armée pour expliquer la débâcle de Kidal. Une commission d’enquête a été ainsi créée, pour établir les responsabilités au sein de la hiérarchie militaire. Choguel Kokalla Maïga, président du Mouvement patriotique pour le renouveau (MPR), juge ainsi que les responsabilités sont à chercher « au niveau de la hiérarchie militaire ». « Je ne comprends pas qu’une opération puisse être déclenchée et que, deux heures après, cela se conclut par ce que vous appelez une débâcle », s’interroge-t-il. Alors que le procès en incompétence de l’armée malienne monte dans l’opinion, la mouvance présidentielle appelle ses partisans à serrer les rangs derrière l’exécutif. Une marche est programmée ce samedi.
Par RFI