La crise du nord est une crise multidimensionnelle, la plus grave que le Mali indépendant ait jamais connue, peut-on dire, avec l’agression de groupes armés indépendantistes, terroristes et narcotrafiquants du septentrion. Mais ce que les gens ignorent le plus souvent c’est la dimension spirituelle du conflit du Nord. Bien sûr on a souvent mis en exergue le fanatisme religieux des hordes jihadistes qui détruisaient sur leur passage toutes les reliques, tous les symboles de l’islam modéré, pour très justement fustiger le manque d’humanisme de ces troupes barbares, toujours prêtes à commettre les pires atrocités et crimes au nom d’un Islam pur et dur dont ils seraient les dépositaires incontestables.
Cette guerre fratricide résume au-delà de la clameur des canons et de la poudre l’affrontement de deux conceptions à travers deux mondes opposés, deux idéologies antinomiques de l’Islam, la religion du prophète Mahomet, la paix et la bénédiction divine soient sur lui. L’une est agressive, exclusive, dominatrice, l’autre est tolérante, ouverte au monde, humaniste et pacifique.
La rébellion touarègue a pris le prétexte du sous développement et de la marginalisation de ses terroirs baptisés actuellement Azawad pour prendre les armes, depuis le temps de Modibo Keita, le premier président du Mali indépendant, jusqu’aux années 90 à maintenant, pour s’affranchir de la tutelle du pouvoir central de Bamako et des régimes successifs qui l’ont animé. Avec Iyad Ag Ghaly le fondamentalisme islamiste a pris le train en marche avec An Cardine et a trainé à sa suite les groupes terroristes comme AQMI et le MUJAO, faisant basculer tout le Nord dans la terreur et la barbarie sur les trois quarts du territoire national occupés.
C’est dire que l’islamisme radical est le monde de la coercition et de la violence. En tant que tel, il est et véhicule un système totalitaire qui est une négation extraordinaire des droits humains les plus fondamentaux, à commencer par la liberté d’expression et de vivre. On l’a vu dans les zones u Nord, au plus fort de l’occupation jihadiste.
Dan cette idéologie, le droit à l’intégrité physique et son extension absolue : le droit à la protection de la vie, le respect de la vie d’autrui ont été transgressés, bafoués systématiquement par les combattants islamistes qui ont violé quotidiennement des femmes, humilié. massacré des populations innocentes, mutilé des hommes qui ont commis des larcins, procédé à des flagellations publiques. Alors qu’eux-mêmes se rendaient coupables de razzias sur les biens des habitants des terrains conquis emportés comme des butins de guerre. C’était comme si, pour eux, ce qui élève, la spiritualité de l’Islam qui épanouit et transcende l’homme au-dessus de sa nature animale était inopérante, voire n’existait pas.
Dans leur instinct grégaire débridé et absolu, les terroristes jihadistes sont réellement des loups pour l’Homme, une meute assoiffée de rapines et de sang au prétexte de l’Islam et de Dieu.
On est donc à des années-lumière du vrai Islam de Mahomet, qui est soumission, adoration du Dieu Unique et amour du prochain. Le fidèle adepte de cet islam tolérant, fraternel et solidaire de toute humanité, loin des extrémismes, de la sauvagerie des « Fous de Dieu » qui ont oublié à dessein le commandement coranique selon lequel il n’y a pas d’obligation à embrasser l’islam, s’accomplit pieusement dans les prières et l’observance des préceptes de la sunna et des hadiths véridiques, dans le bien dans sa famille et envers autrui, l’amour de Dieu et du prochain qu’il s’oblige à aimer comme soi-même. C’est cette dimension hautement spirituelle et humaniste qui manque à l’islamisme jihadiste qui ne pourra jamais élever son adepte jusqu’aux hautes cimes de la gnose ésotérique musulmane, le chemin de la Connaissance au bout duquel il y a l’Extase, la Communion Ultime dans lequel il ne fait qu’Un avec Dieu, notre Créateur Sublime.
Barou de Dieu
SOURCE: Nouvelle Libération
