C’est dans une atmosphère électrique que la Conférence Nationale Extraordinaire du Conseil National de la Jeunesse du Mali (CNJ-MALI) s’est déroulée, samedi dernier, à Bougouni. A l’issue des travaux, qui ont pris toute une journée, un bureau consensuel a été mis en place pour un mandat de huit mois. Il est dirigé par Habib Dakouo. Dans l’optique de résoudre durablement la crise structurelle au sein de l’organisation, le ministre de la Jeunesse et des Sports a annoncé de grandes réformes.
ission accomplie pour le ministre de la Jeunesse et des Sports, Mossa Ag Attaher ! En dépit d’essuyer des paroles blessantes, il a su rester droit dans ses bottes pour amener les différentes tendances du Conseil National de la Jeunesse du Mali (CNJ-MALI) à s’unifier. C’était à la faveur d’une Conférence Nationale Extraordinaire, tenue samedi dernier, dans la salle de spectacles du complexe Siraba Togola de Bougouni, pleine à craquer.
Aux environs de 12h00, la cérémonie d’ouverture a été amorcée par l’allocution de bienvenue du maire de la Commune urbaine de Bougouni. A l’issue de cet acte, le président sortant du CNJ-Mali, Amadou Diallo se leva pour rejoindre le pupitre afin de prononcer son discours et démissionner. Soudain, ses partisans donnent de la voix et poussent des coups de gueules à l’endroit du ministre Mossa Ag Attaher, traité de tous les noms d’oiseaux. Ils lui reprochaient notamment de forcer le président sortant et son bureau à rendre le tablier. Une tentative de sabotage et de blocage de la conférence est vite mise en gestation devant le Gouverneur de la région de Bougouni, Général Kéba Sangaré.
Ce qui entraine l’irruption des forces de l’ordre dans la salle. Sans faire usage de gaz lacrymogènes ni d’aucune autre forme de répression, elles parvinrent à contenir les manifestants. Un affrontement est évité de justesse.
» Aucun sacrifice n’est de trop «
Le calme revenu dans la salle, après plus de trois heures de cafouillage, Amadou Diallo a démissionné de son poste de président du CNJ-Mali. Dans son intervention, il a affirmé » qu’aucun sacrifice n’est de trop pour le Mali « . Avant d’inviter ses alliés à désarmer ? pour éviter un blocage. A ses dires, sa décision de démissionner est personnelle et consécutive aux nouvelles charges qui lui sont confiées, depuis quelques mois, au sein du Comité National de Transition (CNT). A rappeler qu’Amadou Diallo a été porté à la tête du CNJ-MALI lors du congrès de Koutiala, tenu les 27 et 28 novembre 2019.
Saluant cette décision de démission, le ministre de la Jeunesse et des Sports, Mossa Ag Attaher, a tenu un langage franc avec les jeunes. » Je suis le ministre de tous les jeunes du Mali et je vous donne l’assurance que, pendant mon séjour à la tête du département de la Jeunesse, aucune discrimination ni injustice ne seront tolérées de ma part. Je comprends vos colères. La beauté de la jeunesse, c’est son énergie et son désir de s’exprimer. Je suis là pour vous écouter. Et si vous voulez continuer aussi je serai là jusqu’à demain, s’il le faut « , a-t-il déclaré sous une forte ovation.
Et de poursuivre : » Je sais vos sentiments, vos frustrations et ce que vous pouvez même imaginer être des injustices. Je suis là pour vous entendre et recevoir vos colères, vos doutes et vos interrogations. Et comme rien ne se fait par hasard, je suis aussi le fruit des organisations de jeunesse. Je suis passé par le même chemin et je suis sûr que, dans un avenir très proche, c’est l’un d’entre vous qui sera là pour parler au nom de la jeunesse en tant que ministre « .
C’est donc sur ces propos rassurants du ministre Ag Attaher que les travaux ont démarré. En dépit des tractations, notamment sur le choix des candidats, un bureau consensuel a vu le jour. Habib Dakouo (l’un des Vice-présidents du bureau sortant) est désigné président par intérim, pour un mandat de huit mois. Il va donc diriger le CNJ-MALI jusqu’au prochain congrès, prévu en décembre 2021. » L’objectif visé, à savoir celui d’unir la jeunesse et dissiper l’histoire de clans au sein de la faitière de la jeunesse, a été atteint. Etre au servir de la jeunesse est un honneur pour moi. Nous allons œuvrer pour une réconciliation des cœurs et des esprits « , a déclaré le tout-nouveau patron de l’organisation.
Vers la mise en place d’une Commission de réforme
Visiblement très satisfait de la résolution de cette crise, le ministre de la Jeunesse et des Sports a engagé la Direction Nationale de la Jeunesse, en rapport avec le Conseil National de la Jeunesse, à mettre en place une Commission de réforme. A l’en croire, celle-ci aura pour mission fondamentale de relire les textes fondateurs du CNJ-MALI, de suivre l’application rigoureuse de ses dispositions lors du renouvellement des instances et de la tenue du prochain congrès. » Pour ce faire, elle mettra en place des critères d’éligibilité qui trancheront et pour toujours la problématique liée à l’âge. Le recours à l’Imagerie par Résonance Magnétique (IRM) pour identifier l’âge réel des éventuels candidats ne sera pas exclu. Cette commission a trois mois, pas plus, pour présenter les conclusions de ses travaux. Un congrès sera convoqué dans huit mois, soit en décembre 2021, pour mettre en place un bureau conformément aux nouvelles dispositions et ce, après le renouvellement des instances communales, locales et régionales », a indiqué Mossa Ag Attaher.
Sort Ibrahima COULIBALY, Envoyé spécial à Bougouni
Source: l’Indépedant