Au Burkina Faso, la République populaire de Chine a procédé à l’inauguration de son ambassade jeudi 12 juillet à Ouagadougou, un peu plus d’un mois après le rétablissement des relations diplomatiques entre les deux pays. Une ère nouvelle s’ouvre, veulent croire les dirigeants des deux pays.
Plusieurs spécialistes chinois évoluant dans les domaines de la santé, de l’agriculture, de la formation professionnelle, de l’énergie et des infrastructures sont déjà sur place à Ouagadougou. Le pays attend encore beaucoup plus de cette coopération dans le cadre de la mise en oeuvre de la feuille de route du gouvernement jusqu’en 2020.
Même si la République populaire de Chine a pris à son compte de nombreux projets entamés par Taïwan, les autorités burkinabè attendent encore beaucoup de cette reprise des relations diplomatiques et de coopération. Des attentes dans plusieurs domaines, comme contenu dans le plan national pour le développement économique et social, la feuille de route du gouvernement jusqu’en 2020 : « Dynamiser le secteur porteur pour l’économie nationale en brisant au préalable toutes les contraintes majeures au développement de notre économie nationale qui se retrouve au niveau des insuffisances dans le domaine de l’énergie, des infrastructures et des technologies de l’information et de la communication. C’est dire donc que de nombreux chantiers sont en cours de réalisation, et je me réjouis des énormes opportunités qui s’ouvrent à notre pays », développe Paul Kaba Thieba, Premier ministre burkinabè.
Le chef du gouvernement burkinabè souhaite que le rétablissement de cette relation diplomatique offre encore plus d’opportunités d’affaires. « L’ouverture ce jour de l’ambassade populaire de Chine et celle très prochainement du Burkina Faso en Chine permettront au plan économique et commercial de prospecter toutes les opportunités économiques pour une coopération fructueuse », a poursuivi le chef du gouvernement burkinabè.
Côté chinois, le vice-Premier ministre promet l’engagement de son pays à accompagner le Burkina Faso et à offrir plus d’opportunités pour le développement.
Fin mai, le président Roch Marc Christian Kaboré annonçait la fin des relations diplomatiques avec Taïwan. Jusque-là, le Burkina faisait partie des deux derniers pays d’Afrique, avec le Swaziland, à reconnaître Taïpeï aux dépens de la Chine continentale. Cette décision marque le début d’une relation économique approfondie avec Pékin, plus intéressante pour le Burkina Faso, comme l’explique Pierre Jacquemot, chercheur associé à l’Institut des relations internationales et stratégiques (Iris).
Ce rétablissement des liens obéit d’abord à des objectifs économiques : Pékin promet des dépenses importantes en matière de santé – on parle d’un grand hôpital à Bobo-Dioulasso, deuxième ville du pays – dans le domaine de l’éducation. Cela devenait indispensable pour certains investissements régionaux. Je pense au chemin de fer. La Chine se refusait d’envisager d’intervenir dans ce secteur puisque le chemin de fer concernait l’un des pays qui ne reconnaissait pas encore Pékin. Ces raisons sont très prosaïques, mais la diplomatie est parfois un peu cynique et obéit à des intérêts stratégiques et économiques avant d’autres considérations.
RFI