Au début des années 70 les leaders locaux sont bien implantés à Dakar. Souvent fonctionnaires, ils ont assuré la stabilité politique. Mais avec la mort de Diallo et de Badiane le pouvoir perd ses soutiens en Casamance pendant une période. La crise économique à l’échelle nationale, la désillusion, la montée de l’émigration et les lobbies maraboutiques au Nord et l’apparition d’un nouveau parti politique le PDS d’Abdoulaye Wade ont contribué à l’aggravation de la crise. Le paysan casamançais se trouve de fait sans représentants. Dans ce contexte de crise sociale, un groupe de jeunes activistes développe un discours régionaliste en reprenant le nom du MFDC. Divers incidents (1979 à 1983) vont conduire, dans un contexte de répression sanglante, à la rébellion. La région se trouve prise entre réunions secrètes du MFDC au bois sacré de Diabir, non loin de Ziguinchor, choix éminemment symbolique et stratégique et la recherche par le pourvoir d’Abdou Diouf d’une nouvelle élite locale : Robert Sagna, Makhily Gassama entre autres. Les abus de la répression entrainent un durcissement du conflit.
Profitant d’une situation dégradée, refus des parachutages politiques lors des élections de 1984, le MFDC gagne des soutiens populaires et crée en 1985 une aile combattante : Atika. La répression, venue de Dakar, lui assure des soutiens dans les deux états voisins : Guinée-Bissau et Gambie. S’ouvre alors un cycle de violence qui ruine les efforts de développement régional. Les violences des séparatistes, comme de l’armée, touchent bien sûr les populations mais aussi les activités économiques. Le soutien de la population faiblissant, des dissensions amènent à une fragmentation du mouvement dans un contexte de tentatives réitérées de l’état de trouver une solution négociée. C’est ensuite la politique d’Abdoulaye Wade qui est abordée et le drame durement ressenti par la population casamançaise que fut le naufrage du Joola est évoqué. Les années 2000 semblent caractérisées par un déclin du mouvement séparatiste et par un renouveau d’un sentiment régionaliste incarné notamment par le maire de Ziguinchor Robert Sagna qui fut tenté par une candidature à la présidence de la République lors des élections de 2007.
Une conclusion n’est toujours pas trouvée à l’histoire de la Casamance tout au moins quelques éléments sur les dernières années puisque la crise n’est pas encore totalement réglée, que des coupeurs de route se réclamant de la rébellion sévissent encore même si cela n’a plus rien à voir avec la période la plus noire. Souhaitons aux Casamançais de connaître enfin la paix, sinon ils risqueraient de transformer le Sénégal en deux camps comme au Mali et en Algérie.
Abdoulaye Traoré
Doctorant en sociologie
source : Inf@sept