Depuis le début de l’invasion en Ukraine, la Biélorussie sert de plate-forme logistique à son allié russe. Le 24 février, les troupes de Moscou étaient parties de son territoire pour tenter – sans succès – de conquérir la capitale, Kiev. Le 10 octobre, une partie du déluge de missiles qui se sont abattus sur toute l’Ukraine venait aussi du territoire biélorusse. Une semaine plus tard, c’est encore de la Biélorussie que les « drones kamikazes » qui ont touché Kiev, lundi 17 octobre, ont été lancés, ont affirmé les autorités ukrainiennes.

Jusqu’ici, l’armée biélorusse n’a pas participé aux combats sur le territoire ukrainien, mais la crainte de son implication directe dans le conflit et de l’ouverture d’un nouveau front au nord du pays a encore augmenté depuis que le dictateur biélorusse, Alexandre Loukachenko, a annoncé, le 10 octobre, la création d’un groupement militaire conjoint avec la Russie.

Officiellement, cette force sera uniquement défensive et vise à sécuriser la frontière biélorusse face aux attaques « terroristes » que prépareraient l’Ukraine, la Pologne et la Lituanie, selon le dirigeant. « Nous n’avons tué personne [en Ukraine] et ne prévoyons pas de le faire. Personne ne nous a demandé de participer à cette opération », a-t-il assuré, le 14 octobre, sur la chaîne américaine NBC.

Complicité formalisée

Interrogé sur la taille de cette nouvelle force, M. Loukachenko a affirmé que l’armée biélorusse serait la « base » du groupement, sans préciser combien de soldats russes en feraient partie. « Il n’est pas nécessaire de demander maintenant 10 000 ou 15 000 personnes à la Russie, parce qu’il y a d’autres problèmes là-bas, ceux que vous savez », a ajouté le dirigeant biélorusse. Les premiers soldats russes de cette force conjointe sont déjà arrivés, a annoncé samedi le ministère biélorusse de la défense, images à l’appui.

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a accusé Moscou de vouloir « entraîner la Biélorussie dans la guerre » et a réclamé auprès du G7 une mission d’observation internationale à la frontière entre l’Ukraine et la Biélorussie. « On sait de quoi sont capables les Russes depuis 2014 [date du début de la guerre dans le Donbass], mais nous n’aurions jamais imaginé que la Biélorussie se soumettrait de façon aussi lâche à Moscou », soupire une source diplomatique ukrainienne. A ses yeux, la formation de ce groupement militaire conjoint ne constitue pas un tournant, mais « la formalisation de la complicité » de Minsk avec le pouvoir russe.