Deux semaines après ce qui a été commenté par les uns et les autres comme une tragédie suite aux affrontements à l’occasion de la visite du PM Moussa Mara, le reste des troupes maliennes revenues de Kidal se sentent « trahies ».
C’est du moins ce que nous a laissé entendre un militaire revenu du front que nous avons rencontré courant de la semaine. Une tragédie, a-t-il commenté. Il n’ya certes jamais eu de guerre sans victime, mais pour ce que les militaires maliens ont vécu à Kidal, l’humiliation a été très grande, trop grande pour le peuple malien en général, et en particulier les militaires maliens. Quand nous avons appris que notre ami militaire dont nous taisons éventuellement le nom était revenu du front, nous sommes allés nous enquérir de son état de santé. Après les salutations d’usages, curiosité de journalistes, nous n’avons pas pu résister au fait de poser des questions sur ce qui était arrivé à Kidal. Réticent dans un premier temps, ne voulant pas discuter de sujets lui rappelant surement de mauvais souvenirs, il finit par se laisser aller dans la causerie.
Selon lui, le matin du 21 quand ils ont lancé l’assaut sur le gouvernorat, les hommes ont en parfaite coordination avec Bamako, mené la bataille. Jusqu’aux environs de midi heure à laquelle ils ont pu se saisir du Gouvernorat. Et après la prise du gouvernorat, Bamako a été informé et ils ont procédé à une fouille dans les maisons où étaient supposés être cachés certains bandits armés. Après la fouille, dans les maisons, les hommes se sont regroupés dans leur position. Contents de leur victoire, certains avaient commencé à faire la fête bien-sûr, et dans un bref moment, Kidal était de nouveau sous le contrôle des FAMA. Et cela jusqu’aux environs de 15 heures, où des renforts des bandits armés sont sortis de nulle part pour contre attaquer. A cet instant, les FAMA ont opposé une résistance qui n’a pas duré un très long moment. Et la communication avec les hommes qui se fait sur GSM malheureusement a été coupée, car le réseau a été saboté par les assaillants. Les jeunes et la hiérarchie n’étaient plus en contact, et beaucoup ont commencé à paniquer. Ce qui a affaibli la défense. Quand les jeunes ont vu que les forces qui leur étaient opposées étaient plus fortes, ils se sont retranchés, pour certains dans le camp de la Minusma et d’autres sont descendus vers Anéfis. Après cette défaite où les hommes venaient de perdre les amis, leurs frères d’armes dans une guerre contre les ennemis du Mali, les autorités politiques, ont tout de suite commencé à renier leurs responsabilités quant à l’assaut mené. Selon eux, (autorités politiques), les militaires auraient agi sur un coup de tête ou un excès d’orgueil. Cet état de fait, selon notre interlocuteur, semble avoir fait plus de mal aux hommes de troupe que la défaite subie contre les rebelles. Il aurait été mieux, selon lui, comme il l’avait été quelques années précédentes, de chercher une autre manière de dire cela que de renier et jeter l’entièreté de la responsabilité sur les hommes de troupe. Selon notre ami soldat, les autorités politiques sont celles qui ont déclaré la guerre, et cela dans toutes les déclarations qui ont suivi le retour du PM Mara de Kidal. La question qu’il nous a posé et qui est restée sans réponse évidemment est : et si nous étions restés maitre de Kidal, les autorités auraient-elles blâmées ce que nous avons fait, vu qu’elles n’étaient pas au courant de notre attaque? Les hommes sont démoralisés et se sentent trahis. « Ceux parmi nous y compris moi-même) qui ont pu regagner Gao sains et saufs, sommes meurtris de voir l’attitude de nos politiques. Comme en 2012, l’armée avait été trahie par le pouvoir politique, de même en 2014, les hommes sont trahis par Bamako », a-t-il regretté. Par ailleurs, il a souligné que l’attitude du ministre de la défense a été fort apprécié, et les déclarations qui s’en sont suivies lors du forum des femmes de son parti. Que les enquêtes soient ouvertes afin de voir si réellement la hiérarchie militaire a agi seule ou pas. C’est à ce prix, à ce seul prix seulement que les hommes pourront être lavés des mensonges et de la duperie des hommes politiques, a-t-il conclu.
H.N’gatté
SOURCE: Le Pays