Les signataires du Congrès de la Soummam peuvent désormais reposer en paix car depuis le début des manifestations, le 22 février 2019, les manifestants algériens se réfèrent toujours aux conclusions dudit Congrès et réclament, avec insistance la primauté du politique sur le militaire en scandant « Dawla madania machi âskaria (État civil et non militaire) ».
Aussi, il n’est point étonnant que des milliers de citoyens algériens de différentes Wilayas algériennes aient convergé vers Alger pour participer aux manifestations du 1er novembre, 37ème rendez-vous hebdomadaire du mouvement populaire du 22 février 2019 coïncidant avec le 62ème anniversaire du déclenchement de la guerre de Libération.
A remarquer qu’un tour de chauffe au son des casseroles et des mortiers a fait vibrer le 31 octobre 2019 Alger avec l’arrivée de nombreux citoyens algériens aux stations de bus et aux gares ferroviaires où ils se sont rassemblés devant la Grande-Poste scandant « Etat civil, non militaire », « Cha3b, yourid, El istiklal (le peule demande l’indépendance) » avant d’être dispersés par les forces de sécurité qui ont procédé à l’arrestation de plusieurs personnes.
Les manifestants ont brandi des pancartes lors de ce tour de chauffe portant les inscriptions, « Appel au peuple algérien pour qu’il se prépare à sortir, à marcher et prendre d’assaut la capitale par millions et en provenance de toutes les Wilayas (Préfectures) le vendredi 1er novembre, jusqu’à faire tomber tous les bandits au pouvoir », « L’Histoire se répète. 1er novembre 1954-2019. Les 48 wilayas dans la capitale » ou « pour une nouvelle Guerre de libération ».
Quant à la marche du 1er novembre 2019, elle fut gigantesque et a fait écho au début de la guerre d’indépendance, le 1er novembre 1954. Mieux, l’appel lancé sur les réseaux sociaux pour une marche millionnaire à Alger, a reçu un écho favorable des manifestants de nombreuses Wilayas (Préfectures) du pays, telles Tizi Ouzou, Jijel, Mostaganem, Mascara, Chlef, Oran, Sétif, Annaba, Bejaia, Constantine, El Tarf et autres.
Ainsi plus d’un million de manifestants (femmes, hommes, vieilles, vieux et enfants) ont manifesté en masse à Alger scandant « Ya Ali, bladi fi danger (Ali mon pays est en danger, en référence au martyr Ali Pointe) » sans oublier les tops des slogans « Djibou Poutine, djibou marikan, maranach habsin (amenez Poutine, amenez aussi les américains, nous ne sommes pas prisonniers) » et « Reveillez-vous, Gaïd Salah a vendu le pays à Poutine », drapeau Kabyle brandi haut et fort, tout en insistant sur le caractère pacifique de la contestation.
Cette 37ème marche populaire du peuple algérien pour libérer l’Algérie du système en place à la tête du pays, dénoncer la corruption et la mascarade électorale a fait résonner la date du 1er novembre 1954 et le premier appel adressé par le Front de Libération Nationale au peuple algérien pour se soulever contre l’occupation française.
Même la diaspora algérienne a également tenu à faire de ce 37ème vendredi un jour historique de revendications avec les manifestants dans plusieurs villes françaises et dans d’autres villes européennes, avec une forte mobilisation constatée à Paris. Seul bémol insignifiant constaté fut le minuscule rassemblement à Oran, le 31 octobre 2019, de quelques chioukhs de zaouïas en soutien au Général Ahmed Gaïd Salah. Un point c’est tout !
Quant au Général Ahmed Gaïd Salah, il s’est complu, dans un discours prononcé le 30 octobre 2019 à Blida, à défendre bec et ongles ratatinés sa position quant à l’organisation de la présidentielle dans les échéances fixées préalablement par le pouvoir, soit le 12 décembre 2019, tout en s’opposant vertement à la libération des détenus.
Ce militaire étoilé et décérébré a totalement oublié que le « Hirak » s’était donné une nouvelle fois rendez-vous à Alger pour entamer la conquête d’une nouvelle indépendance et que la manifestation hebdomadaire contre le régime coïncidait avec le 65ème anniversaire du déclenchement de la guerre contre le colonisateur français. Ce Général d’Ahmed Gaïd Salah, illettré pur et dur, ne pense qu’à s’enrichir sur le dos du peuple algérien et devra rendre des comptes au peuple algérien et c’est qui lui fait affreusement peur.
Au final les manifestants algériens, de l’intérieur et de l’extérieur, ont décidés à réécrire la légende des « fils de la Toussaint » en réitérant l’immortelle formule de Benboulaid à la veille du 01 Novembre 1954 à savoir, « nous allons faire accoucher l’Histoire ». Quand une date à forte charge symbolique, dans l’histoire du pays, croise un choix politique majeur, à savoir la désignation ou pas d’un Président, l’onde de choc est porteuse de tous les dangers.
Mais, comme l’a si bien dit le Moudjahid Lakhdar Bouregaa, actuellement emprisonné, « chaque génération choisit son parcours. La génération de la Révolution a choisi de libérer la terre et les jeunes du « Hirak » ont choisi de libérer la Patrie ». La messe dite en ce jour de la Toussaint ainsi que la prière du vendredi accomplie, les Eglises, les Temples, les Synagogues et les Mosquées, en Algérie, ont entonné en coeur le chant de la liberté retrouvée.
Farid Mnebhi