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Kits de lavage des mains : Nos artisans font parler leur génie créateur

Les crises comme celle que nous vivons, mettent à rude épreuve les structures économiques, sociales, culturelles établies et acquises durant des années. Elles sont aussi l’occasion pour les grandes nations d’étaler au grand jour leur résilience, grâce à la capacité d’adaptation, d’innovation et de créativité de leur peuple. La preuve par les artisans maliens qui, après les masques grand public de fabrication locale, viennent de sortir de leurs ateliers des kits sanitaires améliorés

 

l’efficacité des anciens modèles de kits de lavage des mains, installés généralement à l’entrée des services et autres lieux publics, est de plus en plus remise en cause. Pour s’en servir, l’usager est obligé d’ouvrir le robinet à l’aide des mains, avant de les refermer de la même manière, après s’être lavé les mains. Or, il est aujourd’hui établi que la durée de vie du virus porteur de la maladie à coronavirus varie entre 3 à 4 heures et même au-delà. Tout serait, selon les experts, fonction des milieux extérieurs où vit l’agent pathogène. Alors, quelqu’un qui aura par exemple touché le bout du robinet du kit après un porteur du germe, risquerait d’attraper cette maladie hautement contagieuse.
C’est ce que craint le président de l’Assemblée permanente des chambres de métiers du Mali (APCMM). « Si tout le monde devait toucher les mêmes têtes de robinet avec les mains, peut-être il y aurait des mains contaminées parmi elles. Donc, le risque de contamination n’est pas écarté. Quand il y a eu Ebola, on avait fait un lave-mains qui répondait à la situation, doté de tête de robinet et le savon déposé à côté. Pour cette maladie très contagieuse, ce type de dispositif de lavage est inadapté », constate Mamadou Minkoro Traoré.
Un constat face auquel les artisans se devaient, selon lui, de réagir afin de prouver leur capacité d’innovation et de créativité. C’est ainsi que le président des artisans a invité ses pairs à se mettre ensemble pour construire un dispositif de lavage des mains amélioré. Le but étant d’offrir aux Maliens un modèle de kit adapté à la situation nouvelle.
En réponse à cet appel, nos artisans sont entrés en laboratoire. Ils ont ramolli le fer. Ils ont pensé diverses formes de cuves et poussé l’imagination très loin. Résultat ? Ils sont sortis des ateliers avec des modèles de kits de lavage des mains adaptés au contexte de la pandémie de Covid-19. « Nous avons fouillé parmi les modèles, mis les bonnes pratiques ensemble pour aboutir à un kit conventionnel accepté par tout le monde : appelé lave-main mobile », précise le patron des artisans.
Ce modèle créé et certifié fonctionne avec les deux pieds. Il a même été présenté au ministre de la Santé et des Affaires sociales. Dans une vidéo publiée sur le site Internet de ce département, un des innovateurs explique, en langue nationale bambara, que le nouveau matériel est doté de deux pédales. Devant l’assistance, il marche vers le dispositif, appuie le pied gauche sur la pédale de gauche pour mettre du savon sur ses mains. Après, il pose le pied droit sur la pédale droite. L’eau jaillit du bout du robinet. Il se lave les mains.
Le test réussi, l’innovateur dit vouloir en produire en très grand nombre, afin de ravitailler tout le pays. Pour ce faire, il dit manquer de moyens pour acheter les matières premières nécessaires à cet effet. C’est pourquoi, il demande un appui des autorités pour pouvoir contribuer à sa manière à préserver des vies, en réduisant le risque de propagation de la maladie dans notre pays.

100 KITS SANITAIRES PAR JOUR- En attendant, la production à grande échelle a déjà commencé. Installés en face du fleuve Niger, à Golonina Namassadanga, ces artisans qui « ont accepté de faire partie d’un échantillon d’ouvriers formés pour fabriquer un modèle labélisé par l’APCMM », produisent plus de 100 kits sanitaires par jour. Et dont les cuves, de fabrication locale, peuvent contenir entre 10 à 100 litres. Leurs prix varient entre 30 et 60.000 Fcfa. «Nous avons déjà fabriqués plus de 8.000 kits labélisés qui ont été livrés », révèle Mamadou Minkoro Traoré. Les chambres régionales sont en train de prendre le relais afin de répondre aux besoins des régionaux, assure-t-il.
Pour en avoir le cœur net, nous nous sommes rendus au siège de l’APCMM. Dans la cour, plusieurs modèles de lave-main sont exposés. Ces équipements sanitaires sont fabriqués par les artisans inscrits à la Chambre, confirme Oumar Hanne, un artisan résidant en Commune I du District de Bamako. Le fabriquant de lave-mains mobile était venu présenter un échantillon de kit qu’il forge à son atelier. « Nous fabriquons plusieurs modèles. Aujourd’hui, je suis venu présenter un échantillon de 33 litres. Ce modèle, nous le cédons à la Chambre à 25.000 Fcfa », explique le fabriquant, avant de déplorer la cherté des matériaux utilisés dans la fabrication de ces kits sanitaires.
Qu’à cela ne tienne ! Le business semble commencer à nourrir son homme, à en croire Oumou Diarra. La chargée de la vente de ces kits à l’APCMM venait d’ordonner à des jeunes de charger 50 lave-mains mobiles à destination de Mopti. « Ici, nous avons plusieurs modèles. Les prix commencent à partir de 30.000 Fcfa. Nous en vendons beaucoup par jour. La plupart de nos clients sont les ONG, les structures sanitaires. Quelques fois, des particuliers viennent acheter », confie la gérante.
Rencontré sur place, Antoine Akplogan est le directeur exécutif du Groupe de recherche action droit de l’enfant Mali (Gradem). Il venait d’acheter un lave-mains mobile. « Nous saluons vraiment cette initiative des artisans maliens. Ces kits sont adaptés au contexte. On se lave les mains sans toucher ni le savon, ni le robinet », confirme le responsable du projet.
UNE COMMANDE DE 160 KITS- Outre ces artisans travaillant sous le label de l’APCMM, d’autres ouvriers évoluant en solo comme Broulaye Keïta, en confectionnent aussi. Formé sur le tas auprès de Molobaly Keïta qui a fait sa formation en plomberie en Italie, le trentenaire a ouvert son atelier après plusieurs années d’apprentissage. Il s’est installé devant la quincaillerie Komota Distribution, non loin de la Pharmacie populaire. Comment s’est-il retrouvé dans ce business ? « Je suis plombier, mais je ne fabriquais pas ce genre de matériel de lavage des mains. L’idée m’est venue avec la propagation de cette maladie », révèle le plombier. Très sollicité ces temps-ci, l’ouvrier produit sur commande. Il vend aussi en détail des modèles de lave-mains différents de ceux labélisés par l’APCMM. Par jour, Broulaye Keïta confectionne plus de 50 kits. « Je ne fais pas ce travail par plaisir, c’est le contexte actuel qui m’y oblige. L’objectif est de contribuer à ma façon à la lutte contre cette pandémie. Actuellement, je suis sur une commande de la Croix-Rouge malienne qui a besoin de 160 kits dont la moitié a été déjà livrée », ajoute Broulaye Keïta.
Par ailleurs, la quantité importante de kits sanitaires demandée à Broulaye Keïta est destinée aux personnes vulnérables touchées par la crise, les effets du réchauffement climatique, aux structures de santé que le CICR soutient, notamment les hôpitaux régionaux de Gao et de Mopti, et le CSREF de Kidal. Les maisons d’arrêt seront aussi dotées de ces kits sanitaires, précise Sidi Diarra.

Babba B. COULIBALY

Source : L’ESSOR

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