La société a licencié des agents qu’elle accuse de fraude. Une décision que d’autres gérants jugent inacceptable
Le torchon brûle entre la société CEI-ED-CETELUM .SARL et certains de ses agents. Motif : la société, un sous-traitait de Orange money, vient de licencier des agents pour fait de fraude.
Un gérant de kiosque qui a tenu à garder l’anonymat, assure que CEI-ED-CETELUM .SARL a licencié 200 de ses collègues au profit de 300 jeunes de l’APEJ. La raison avancée, d’après lui, est que certains kiosques ne fonctionnent pas. « Si les kiosques ne marchent pas ce n’est pas la faute des gérants, mais à cause de la concurrence. Avant, les kiosques étaient moins nombreux et ça rapportait beaucoup d’argent. Maintenant il y a assez de kiosques, en plus d’un autre concurrent sur le marché. Et la société continue à recruter d’autres agents », souligne notre interlocuteur. « Avant, nous étions payés à un salaire fixe de 50 000 Fcfa maintenant la société CEI-ED-CETELUM .SARL veut recruter plus de 300 jeunes de l’APEJ que nous avons formés et les payer à moins de 20 000 Fcfa », assure-t-il. « La société a donc licencié 200 gérants pour des motifs bidon. Le problème est que la société est sur le point de signer un nouveau contrat dans lequel il est dit que les gérants ne doivent pas être munis d’un téléphone dans les kiosques. Elle nous traite des voleurs alors que tout le monde ne peut pas être des voyous. Les noms des agents que la société a pris en fraude sont affichés à la CEI-ED-CETELUM. Lorsqu’elle veut chasser les agents, elle donne comme argument que les kiosques ne marchent plus. Rentrez à la maison après on va vous faire appel. Nous avons tous signé un contrat temporaire avec CEI-ED-CETELUM. Certains parmi nous ont passé 9 mois ou plus dans la société. Je parle au nom de tous mes collègues qui ont été chassés sans motif, sinon moi je garde mon poste pour le moment, mais du jour au lendemain je peux le perdre », précise notre informateur.
Rokia Traoré, étudiante à la Flash, gère actuellement le kiosque BAK 1. Elle reconnaît indirectement (et involontairement ?) la réalité des malversations et estimant que si la société veut que ces gestionnaires ne touchent plus à ses bénéfices, elle doit les mettre dans toutes les conditions. « Certains parmi nous viennent de loin pour venir au travail. Moi par exemple, je quitte Kati pour venir ici au Quartier du fleuve pour travailler. Je paie 1000 Fcfa pour le carburant alors que je touche 2000 Fcfa par jour. Comment la société veut-elle que ses gestionnaires ne soient pas des voleurs ? Et nous venons tous le matins à 8 heures pour descendre à 17 heures 30 mn », se plaint-elle.
Réagissant à ces commentaires, l’administrateur général de la société CEI-ED CEI-ED-CETELUM .SARL, Habib Drabo, plante d’abord le décor. Sa société, explique-t-il, est fonctionnelle depuis mai 2013 et a signé un partenariat avec Orange/Mali pour la distribution d’Orange money. « Notre société a signé son premier contrat de partenariat avec Orange/Mali pour la mise en place, à partir de mai 2013, de 500 kiosques à travers le territoire. Ce contrat était prévu pour 6 mois. De mai 2013 à janvier plus de 508 guichets ont été installés dont 400 à Bamako et 108, repartis dans les régions de Ségou et Sikasso. Chaque kiosque est géré par un agent. Ces derniers ont signé un contrat de prestation temporaire avec la société.
La période de mai à janvier, correspond à la mise place du projet. Pendant cette période, la société apprend aux agents à devenir pleinement opérationnels. C’est en février que les responsables de la société ont constaté la mise en place par les gestionnaires des kiosques d’un vaste réseau de fraude qui présente la particularité de ne pas toucher la qualité des prestations à la clientèle. Les clients satisfaits, aucune plainte ne remontait du terrain. Les fraudeurs avaient, en effet, eu l’habileté de ne pas toucher aux envois des clients mais de détourner à leur profit le coût des prestations revenant à leur employeur. Comment ? En contournant la procédure.
Comme l’explique Habib Drabo, la société donne un téléphone aux gestionnaires des kiosques pour les opérations de retrait, de dépôt et de transfert. Et le gestionnaire ne doit utiliser que le téléphone fourni par la société car c’est la mémoire de l’appareil qui permet de vérifier les transactions.
Mais au cours d’un contrôle sur le terrain, poursuit l’administrateur général, « nous avons découvert que la majorité de nos gestionnaires utilisent leur propre téléphone pour effectuer les opérations. Ce qui entraîne un manque à gagner pour la société. Cet acte illicite nous a amené à mettre fin au contrat de 20 gestionnaires des kiosques. Ceux-ci vont répondre de leurs actes ».
« De sa création à nos jours, CEI-ED-CETELUM .SARL a employé et rétribué des centaines de jeunes à Bamako et dans les régions de Sikasso et de Ségou. Nous sommes des Maliens et pensions aider des jeunes de notre pays qui sont au chômage. Mais l’expérience se révèle décevante et la société a perdu des millions à cause de ces gestionnaires peu scrupuleux », regrette Habib Drabo.
A. TOURE