Selon le président nigérien Mahamadou Issoufou, la situation hors de contrôle à Kidal contribue à la propagation du terrorisme dans la région
Le président nigérien Mahamadou Issoufou s’est une nouvelle fois offusqué du fait que Kidal soit toujours entre les mains des ex-rebelles du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). Le nord du Mali serait ainsi devenu le repaire des différents groupes terroristes qui ont étendu leurs tentacules dans toute la sous-région. C’est pourquoi, estime Mahamadou Issoufou, Kidal doit passer sous l’autorité de Bamako, conformément à l’accord de paix et de réconciliation signé à Alger en mai 2015.
“L’application de l’accord est l’unique garant du retour de la paix et de la stabilité au Mali et quelque part aussi dans la sous-région. Si les mouvements signataires sont de bonne foi, ils peuvent accompagner le processus rapidement pour permettre la sécurisation de leur région comme nous l’avons fait par exemple à Menaka, où nous faisons des patrouilles mixtes avec l’armée malienne, les forces internationales et avec les autres mouvements signataires de l’accord. C’est un pas qui va permettre de faire baisser les tensions dans nos régions”, soutient Mohamed Ag Albachar, le Chargé de communication du Mouvement pour le Salut de l’Azawad.
Des erreurs
Certains analystes imputent la responsabilité de la situation qui prévaut à Kidal à des erreurs stratégiques et diplomatiques de la communauté internationale, notamment de la France. Ces erreurs auraient été commises lors des négociations qui ont abouti en mai 2015 à la signature de l’accord d’Alger. Selon Nicolas Normand, ancien ambassadeur de France au Mali, “cet accord a été négocié en position de faiblesse pour le Mali. Il y a eu une erreur diplomatique de la communauté internationale et aussi de la France à vouloir considérer que ces groupes armés séparatistes étaient des partenaires politiques fiables.”
En l’absence de l’Etat malien, ce sont les éléments du MNLA qui administrent la localité de Kidal devenue le bastion de plusieurs groupes terroristes, dont Ansar Eddine, un allié à Al-Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi). Ces groupes terroristes ont revendiqué plusieurs attentats terroristes au Mali et dans les pays de la sous-région.
Attentats au Burkina
Pendant ce temps, le péril djihadiste continue de se propager dans la région du Sahel. Une nouvelle attaque à la bombe a tué dimanche 8 septembre 29 personnes dans deux villes du nord du Burkina Faso.
Dans un communiqué, le porte-parole du gouvernement burkinabè Remis Fulgance Dandjinou évoque un bilan provisoire de 15 morts et de six blessés “évacués dans les centres de santé pour une prise en charge appropriée”. À en croire des sources sécuritaires, les victimes étaient en majorité des commerçants.
Une autre attaque a eu lieu à une cinquantaine de kilomètres de Barsalogho, “perpétrée par des terroristes contre un convoi de vivres sur l’axe Dablo-Kelbo. Bilan : 14 tués et des dégâts matériels importants”, a ajouté le porte-parole du gouvernement.
En réponse à ces séries d’attaques, “des renforts militaires ont été déployés et des opérations de ratissage sont en cours. Ce drame intervient alors que des importants efforts de sécurisation sont en cours dans cette région”, ajoute Remis Fulgance Dandjinou.
Les attaques terroristes se sont multipliées depuis début 2015 dans le Nord et l’Est, faisant plus de 570 morts.
Elles s’étendent progressivement dans plusieurs autres régions du pays, causant le déplacement de milliers de populations à la recherche d’abris.
Selon l’AFP, plusieurs centaines de personnes ont manifesté ce lundi 9 septembre dans le centre du Mali contre l’insécurité et les assassinats à Bandiagara. Cette partie du pays est en proie à des violences intercommunautaires et aux attaques djihadistes depuis quelques mois.
“Nous avons enregistré depuis la dernière visite du Premier ministre (Boubou Cissé, en août, ndrl) une cinquantaine de cas d’assassinats, s’est plaint Adama Diongo, le chef du Collectif des associations des jeunes du pays dogon (CAJPD). On ne comprend pas le mutisme du gouvernement. Est-ce que c’est pour montrer au monde entier que la situation est maitrisée, alors qu’elle ne l’est pas? Nous sommes excédés!”
Les manifestants de Bandiagara souhaiteraient “rentrer cultiver” leurs champs, selon une banderole déployée en tête de cortège.
Des témoins ont également remarqué des banderoles et des pancartes sur lesquelles l’on pouvait lire “Vive DANA”, (groupe armé dogon Dan Nan Ambassagou), qui a été officiellement dissout après le massacre d’Ogossagou le 23 mars. Au cours de ce massacre, 160 Peuls ont été tués par des chasseurs dogons présumés.
Un conflit aux racines profondes
Depuis 2015, le centre du Mali est secoué par les attaques du groupe djihadiste du prédicateur Amadou Koufa. Celui-ci recrute spécifiquement dans la communauté peule, traditionnellement éleveurs qui affrontent régulièrement les membres de la communauté bambara et dogon, pratiquant essentiellement l’agriculture. Ces deux communautés ont créé des “groupes d’autodéfense”, parmi lesquels Dan Nan Ambassagou..
Lors de la visite du Premier ministre Boubou Cissé en août, les membres de ces communautés ont signé un accord de paix, qui est resté lettre-morte comme ceux signés jusque-là.
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