Le président américain Barack Obama est arrivé vendredi soir auKenya pour une visite sous haute sécurité dans le pays de son père, durement frappé ces dernières années par les insurgés islamistes somaliens shebab.
Barack Obama, qui doit participer au sommet mondial de l’entrepreneuriat dans la capitale Nairobi, effectue sa première visite dans le pays depuis qu’il a accédé à la Maison Blanche en 2009.
Le président américain, qui a descendu seul la passerelle de l’avion présidentiel, a d’abord reçu un bouquet de fleurs offert par une petite fille avant de serrer la main et de donner une brève accolade à son homologue Uhuru Kenyatta. Sur sa page Facebook, le chef de l’Etat kényan lui a souhaité la “bienvenue”.
M. Obama a ensuite salué un parterre de responsables kényans, avec lesquels se trouvait sa demi-soeur Auma, puis s’est assis derrière un bureau installé sur le tarmac pour signer un livre d’or et est monté à bord de sa limousine pour quitter l’aéroport.
Une partie de Nairobi sera complètement verrouillée jusqu’à dimanche soir et le départ de M. Obama vers l’Ethiopie et le siège de l’Union africaine. Vendredi après-midi, le moment habituellement le plus embouteillé de la semaine, les voitures avaient déjà déserté les rues.
Le président américain doit prononcer samedi un discours lors du sommet sur l’entrepreneuriat et s’entretiendra avec Uhuru Kenyatta des questions économiques, sécuritaires et de respect des droits de l’Homme.
“L’Afrique est un lieu de dynamisme incroyable, où se trouvent certains des marchés les plus en croissance au monde, des gens extraordinaires, d’une résilience extraordinaire”, a-t-il déclaré avant de partir de Washington.
Sur le plan sécuritaire, les shebab, affiliés à Al-Qaïda, constituent la principale source d’inquiétude: ils ont mené au Kenya des attaques de grande ampleur, comme la tuerie du centre commercial Westgate à Nairobi en 2013 (67 morts), et le massacre à l’université de Garissa (nord-est) qui a coûté la vie à 148 personnes en avril.
Le commandant de la police de Nairobi, Benson Kibue, a annoncé que 10.000 policiers, un quart des effectifs nationaux, avaient été déployés dans la ville.
– L’ombre de la CPI –
L’excitation monte depuis plusieurs semaines au Kenya autour de cette visite.
Uhuru Kenyatta espère lui-même qu’elle aidera le pays, première économie régionale, à redorer une image ternie ces dernières années par les problèmes sécuritaires et à s’affirmer comme une plaque tournante sur le continent.
Vendredi les deux principaux journaux du pays ont partagé la même “Une”: “Karibu Obama” (“Bienvenue”, en swahili).
Le quotidien The Standard a promis une “spectaculaire réception pour l’enfant du pays”, tandis que le président Kenyatta a évoqué “les liens d’amitié mais aussi de famille” qui unissent Obama et le Kenya, dans une tribune dans le Daily Nation.
Les autorités de Nairobi ont lancé une grande campagne d’embellissement à l’approche de la visite : les nids-de-poule ont été rebouchés, les rues balayées, le marquage des routes repeint et de nouveaux trottoirs construits ces dernières semaines.
La visite du président Obama au Kenya a longtemps été empêchée par l’inculpation du président Kenyatta par la Cour pénale internationale (CPI) pour son rôle présumé dans des violences postélectorales fin 2007-début 2008.
Ces poursuites ont été abandonnées en décembre, à cause de l’obstruction du gouvernement kényan, selon la procureure de la CPI.
M. Kenyatta a affirmé que son vice-président, William Ruto, lui-même toujours poursuivi par la CPI pour crimes contre l’humanité et ouvertement homophobe, serait présent lors des réunions du gouvernement avec Barack Obama. Le vice-président n’était cependant pas à l’aéroport vendredi pour accueillir le président américain.
– ‘Cible de premier plan’ –
Les droits des homosexuels devraient être abordés pendant la visite, bien que le président kényan ait affirmé que la question n’était pas officiellement “au programme”.
“Le combat contre le terrorisme sera le thème central. Nous avons travaillé en étroite coopération avec les services américains”, a-t-il précisé.
La lutte contre le “terrorisme” devrait en effet être au centre des discussions. Nairobi avait été en 1998 le théâtre d’un attentat meurtrier d’Al-Qaïda contre l’ambassade américaine, faisant 224 morts.
“Le président américain est une cible de premier plan, donc un attentat, ou même une tentative, permettrait aux shebab d’être sur le devant de la scène”, a averti Richard Tutah, expert en sécurité basé à Nairobi.
Plusieurs centaines d’agents du Secret Service, l’agence chargée de la sécurité du chef d’Etat américain, sont arrivés au Kenya ces dernières semaines.