Depuis une semaine et la prestation de serment de l’opposant Raïla Odinga, qui s’est autoproclamé président du peuple, le pouvoir kényan serre la vis, les autorités s’en prennent à sa coalition Nasa. Mais les juges kényans ne l’entendent pas de cette oreille.
Les juges prouvent depuis une semaine qu’ils constituent un véritable contre-pouvoir au Kenya. Les magistrats ont fait relâcher sous caution les opposants Tom Joseph Kajwang et George Aladwa. Quant au cas du troisième interpellé, Miguna Miguna, le pouvoir a montré un visage inquiétant. A trois reprises, la Haute Cour de Milimani, à Nairobi, a ordonné sa libération sous caution. Mais les autorités ont refusé de coopérer. Miguna Miguna a même été présenté en catimini à un tribunal de banlieue.
Bien décidé à faire respecter la loi, le juge Luka Kimaru de Nairobi a alors ordonné qu’on lui présente l’opposant. Il a aussi convoqué les chefs de la police et de la direction criminelle. Mais les deux hommes ne sont pas venus. Sous prétexte d’une réunion de sécurité, ils ont envoyé des officiers à leur place.
Ces actes de défiance envers la justice ont ulcéré Isaac Okero, président du barreau du Kenya. L’avocat a accusé le gouvernement de violer les droits, la Constitution, de désobéir sciemment aux magistrats. « Le pouvoir montre les caractéristiques d’une dictature. Nous sommes tous en grand danger », a t-il déclaré.
L’opposition accuse également les autorités d’avoir suspendu les ports d’armes et les passeports de certains leaders.
Le gouvernement se garde pour l’instant de ne pas franchir la ligne rouge, comme en s’en prenant directement à Raïla Odinga. Mais il joue à un jeu dangereux. Hier des affrontements avec la police ont éclaté à Kisumu, Ahero ou encore Migori.
RFI