La justice est aux trousses des présumés auteurs de détournements de fonds publics. Epinglés par les rapports du Bureau du Vérificateur général, et par les autres structures de contrôle de l’Etat, ils tentent – par tous les moyens – de quitter le pays. Un « chauve-qui-peut ! » général à nos frontières.
Ils sont ex-ministres, ex-directeurs généraux ou ex-présidents – directeurs généraux, officiers supérieurs, ex – députés, ou hauts fonctionnaires…Ils sont tous dans le viseur de la justice pour avoir considéré le dénier public comme le « champ de gombo » de leur grand-mère.
« L’Etat a perdu 1.266 milliards de Francs CFA, qui pouvaient permettre de construire 264 hôpitaux comme l’hôpital du Mali », déplore Moumouni Guindo, président de l’Office Central de Lutte contre l’Enrichissement Illicite (OCLEI). C’était, début août, à la faveur de la présentation de son livre intitulé « Le contrôle des finances publiques au Mali : d’indispensables réformes ».
Chauve-qui-peut !
Du coup, c’est la débandade à nos frontières. A dos d’âne, de cheval ou en taxi, chacun tente de quitter le pays. Avant que ses « cairotes » ne soient cuites. Rien que mardi dernier, au soir, deux opérateurs économiques, impliqués dans les scandales des marchés publics, auraient tenté de quitter le Mali en taxi. Avant qu’ils ne soient stoppés dans leur fuite, à Kourémalé, par les services de sécurité, rapportent nos sources, généralement, bien informées.
Depuis deux semaines, ajoutent ces mêmes sources, le président de la Transition, aurait instruit au nouveau ministre de la Justice, « Garde des Sots », de sortir des tiroirs tous les dossiers liés à la corruption et à la délinquance financière.
Dossiers concernés
Au rang de ces dossiers, aujourd’hui, sur le bureau du procureur, en charge du Pôle Economique et financier, on peut citer, entre autres, celui de l’INPS, du marché de l’engrais frelaté qui a éclaboussé Dr Bocari Tréta, des équipements militaires, des ambassades du Mali en Côte-d’Ivoire, au Burkina Faso, au Cameroun, en Italie…
Autres dossiers concernés : celui de la direction nationale de la Santé où, 77,4 millions de Francs CFA d’achats de carburant restent injustifiés ; les Aéroports du Mali où plus de 2 milliards CFA se sont volatilisés, le marché de gré à gré de l’Office du Niger.
A l’origine de cette décision des autorités de la Transition, la colère des partenaires techniques et financiers. Lesquels décident de suspendre leurs aides à l’Etat malien, du moins tant que la lutte contre la corruption et la délinquance financière restent un vœu pieux.
Un exemple : face au scandale des 741 milliards CFA, liés aux salaires des militaires maliens, l’Union européenne avait décidé de suspendre ses aides à l’armée malienne. Du moins, jusqu’à ce que les salaires des militaires soient bancarisés.
Plusieurs arrestations annoncées
Après le lancement d’un mandat d’arrêt international contre Karim Keïta, cité dans l’affaire dite « Birama Touré » et le scandale des équipements militaires, et l’arrestation du général Moussa Diawara, ex-patron des services secrets maliens, plusieurs autres personnalités politiques et militaires sont dans le collimateur de la justice.
Si, Adama Sangaré, maire du District de Bamako, celui de Safo et le maire-adjoint de Kati sont sous mandat de dépôt, celui d’un quartier périphérique de notre capitale a réussi à prendre la poudre d’escampette. Il se la coule douce, à Paris, dans les restos fréquentés par la diaspora malienne.
Plusieurs autres arrestations, et non des moindres, sont annoncées, les jours, voire les semaines à venir.
Oumar Babi
Source: Canard déchaine