À l’occasion du 27è anniversaire du PMU Mali, le président du conseil d’administration (PCA) évoque, dans cette interview, ses meilleurs souvenirs, les clés du succès de son entreprise, son rôle et sa place dans l’économie nationale
L’Essor : Monsieur le président du conseil d’administration, le PMU Mali a beaucoup évolué en 27 années d’existence. Du simple tiercé en hippisme au départ au Pari foot de nos jours, votre société offre de nombreuses possibilités aux parieurs et dégage une masse importante d’épargne. Comment expliquez-vous cette fulgurante croissance ?
Kafogo Coulibaly : Effectivement de la création du PMU Mali à nos jours, il y a 27 ans, nous avons très vite progressé. Ce qui peut s’expliquer d’abord par le fait qu’il y avait un grand besoin car beaucoup de nos compatriotes connaissaient déjà ce jeu au Burkina, au Sénégal, en Côte d’Ivoire et dans d’autres pays voisins. Ils connaissaient déjà les avantages du Pari mutuel. C’est ainsi que quand la société a vu le jour au Mali, les Maliens étaient prêts à recevoir ce produit. Les conditions optimales pour pouvoir bien lancerle produit étaient réunies, car l’État était derrière la société comme principal actionnaire. Il n’y avait pas trop de craintes.
Le CAPES avait réalisé une étude, avant le lancement, qui estimait à trois millions de Fcfa de chiffres d’affaires par course. Mais, le premier jeu a rapporté 13,750 millions de Fcfa. Les rapports étaient assez alléchants avec une masse à partager de plus de 9 millions dont 570.000 Fcfa pour l’ordre et 113.500 Fcfa pour le désordre. Ce qui a créé un véritable engouement chez les parieurs.
Puis, nous avions eu une très bonne communication qui a permis de galvaniser les potentiels clients. Tout le monde commençait à avoir confiance. Mieux, les hautes autorités ont continué d’accompagner le PMU, et l’ensemble des acteurs, y compris les travailleurs eux-mêmes, étaient dédiés à la réussite du Pari, malgré des conditions rudimentaires. Il faut reconnaître qu’à l’époque, il y avait beaucoup de chômeurs qui y ont trouvé leur compte, en vendant les billets, en créant des pronostics, en prenant le temps «d’étudier les programmes» pour espérer débusquer les numéros gagnants.
On s’est battu pour que la chose marche. Sans se jeter de fleurs, la chose a marché, jusqu’à présent, c’est le cas. Ce succès n’est pas le fruit d’un travail d’une seule personne, mais de l’ensemble des acteurs. Tous ces facteurs aidant : les autorités, le personnel, les revendeurs, les agents de traitement, actuellement les guichetiers, les autres partenaires comme la presse, ont tous contribué au succès de la chose, qui est finalement le fruit du travail de tous.
Il y a eu des créations d’emploi, de façon directe ou indirecte. Quand on regarde bien aux alentours de nos agences, y compris à l’intérieur du pays, on se rend compte qu’il y a beaucoup de personnes qui vivent du PMU. Aujourd’hui, le PMU dépasse le cadre simple d’une entreprise, c’est un facteur de stabilisation du climat social dans le pays. En plus de cela, il faut signaler un facteur important. C’est le retour aux parieurs qui importe, c’est-à-dire la masse à partager, plus elle diminue plus le parieur est démotivé.
L’Essor : Vous faites partie des «pionniers» de cette société, quels sont vos meilleurs souvenirs ?
Kafogo Coulibaly : La première course était déjà un bon souvenir, car elle a très bien marché. Car la prévision était déjà dépassée de loin, on était galvanisés. Les chiffres continuaient à augmenter. Ensuite la première fois où nous avions fait 100 millions de recettes pour une course, nous étions très contents. Puis nous avons fait un autre jour 200 millions, puis 300 millions et quand nous avons atteint 400 millions, nous étions très contents, car nous partions de 13 millions à la base et c’était un cap important que nous venions de franchir.
Nous étions encore dans le système de tri manuel qui a bien sûr ses limites. Nous avons décidé d’aller à l’informatisation. Pour ce faire, il nous fallait sensibiliser les employés qui craignaient d’être licenciés. Personnellement, j’ai même reçu des menaces, car pour certains, l’informatisation signifiait le retour au chômage pour eux.
Nous avons dû sensibiliser sur le fait qu’il y avait un plan bien conçu qui permettait ce changement sans mettre une seule personne à la porte. Et effectivement, nous avons informatisé le PMU Mali en 2017 sans licencier un seul employé. C’était très chaud, car j’assurais l’intérim du directeur général. Et finalement cela a été un succès et l’ensemble du personnel a fini par y adhérer. L’informatisation, qui a été une phase d’évolution très importante, est donc venue à point nommé et a été même salutaire.
Un autre souvenir très important, la certification. Le PMU Mali a été certifié Iso 27001 en 2017. Au niveau international, le PMU Mali est reconnu comme une marque d’ excellence.
Autre souvenir intéressant, en termes de paiement des gains, c’était lorsque nous avons payé 60 millions de Fcfa à un seul parieur lors d’une course. Tout cela fait partie de ces meilleurs souvenirs.
L’Essor : Pensez-vous qu’il faut aller à la digitalisation maintenant ?
Kafogo Coulibaly : Ce qui est sûr, c’est que personne ne peut arrêter le progrès. Et pour moi, il faut être préparé pour éviter d’être pris au dépourvu. Au départ, le public ne comprendra peut-être pas et sera peut-être frileux, toutefois il faudra finir par le faire.
L’Essor : Quelle est la place qu’occupe votre société dans le concert des PMU d’Afrique francophone ?
Kafogo Coulibaly : Àl’heure actuelle, le PMU Mali occupe une place importante en matière de jeux hippiques en Afrique francophone.
Propos recueillis par
Youssouf DOUMBIA
Source : L’ESSOR