En marge du 8 mars, la présidente du mouvement « an t’an sen boala », Kadidia Fofana, a fait le tour d’horizon de l’actualité malienne. Entretien.
Mali-Tribune : Les autorités de la Transition ont suspendu RFI et France 24 pour déstabilisation. Que pensez-vous de cette suspension ?
Kadidia Fofana : Je ne maîtrise pas les tenants et aboutissants de cette affaire. Au-delà de cette suspension, les autorités doivent porter plainte pour diffamation. Parce que ce sont des accusations très graves dont les autorités ont été victimes. Donc, il faut que le Mali porte plainte pour l’image de nos militaires qui se battent au front pour sécuriser notre pays.
Mali-Tribune : Est-ce que cette suspension est considérée comme une atteinte à la liberté d’expression ?
K F. : C’est vrai qu’il y a une inquiétude qui est là. Parce que la liberté d’expression et de la presse ont été acquise au prix du sang. Mais ce qui est grave, ce sont les accusations portées contre nos autorités de la Transition par ces médias.
Mali-Tribune : Les discussions sont en cours entre le médiateur de la Cédéao et le gouvernement malien pour trouver un délai. Est-ce que cette fois sera la bonne ?
K F. : J’espère qu’elle sera la bonne. Parce que ce sont les citoyens maliens qui souffrent avec la hausse des prix du carburant, mais aussi des denrées alimentaires. Comme je l’ai toujours dit, aucun pays ne peut vivre en autarcie. Nous avons besoin de nos voisins comme eux aussi ont besoin de nous. Avec l’arrivée du mois de ramadan, il faut anticiper. gouverner, c’est prévoir.
Mali-Tribune : Il y a une lutte sous-jacente entre les membres du M5-RFP et le Premier ministre. Est-ce qu’on peut dire que le M5 veut désavouer son leader
F. K: Je ne suis pas dans le secret des dieux. Mais ce qui saute à l’œil, le Premier ministre est désavoué par ses camarades du M5-RFP. J’ai écouté une interview d’un membre du M5, mais aussi les partisans du Premier ministre. Ce qu’ils demandent n’est pas la mer à boire. Ils demandent seulement au Premier ministre de se concentrer sur les obligations auxquelles il fait face actuellement, c’est-à-dire les charges d’un Premier ministre dans un pays en crise et en guerre. C’est une manière de l’aider selon moi. Choguel Maïga n’est pas le Premier ministre d’un mouvement, d’un parti politique, mais le Premier ministre de tout le Mali. Qu’il ait des défaillances au sein du M5 vaut mieux qu’il ait des défaillances dans le Mali tout entier.
Mali-Tribune : La femme malienne a célébré le 8 mars sous le thème « le rôle de la femme dans la refondation de l’Etat ». Est-ce que la refondation peut se faire sans les femmes ?
K F. : Les femmes jouent un rôle prépondérant dans la refondation du Mali. Les femmes représentent 51 % de la population malienne. Donc c’est une couche à ne pas négliger. Tout pays qui aspire à un développement durable ne peut pas mettre de côté une couche aussi importante. La refondation ne peut pas se faire sans les femmes. Aujourd’hui, nous sommes confrontés à un problème de citoyenneté et les femmes ont un grand rôle à jouer dans ce domaine. Vous voulez un nouveau type de malien, vous voulez un malien meilleur ? Le premier rôle revient aux femmes. Parce que ce sont elles qui éduquent les enfants, qui donnent naissance aux enfants. La refondation doit se faire forcément avec les femmes. Les femmes doivent s’imposer, s’affirmer et comprendre que sans elles le pays ne peut pas se développer.
Propos recueillis par
O. Mahamane
Source: Mali Tribune