Depuis que la justice s’est lancée aux trousses des ministres et certains hauts dignitaires du pays, le débat sur la Haute cour de justice fait polémique. Cette cour qui n’a jamais jugé un haut responsable du pays est accusé d’être la source des malheurs du pays. On pense qu’elle protège plutôt les ministres et les chefs d’Etat fossoyeurs du pays dont les fonds publics disparaissent sans poursuite. Un doigt accusateur est porté sur la Constitution de mars 1991 par certains.
Cette accusation infondée a fait sortir de ses gondes l’ancien Premier ministre Soumana Sako qui a produit un texte de rappel. Selon l’ancien Premier ministre de la transition de 1991, les différentes Constitutions du pays prévoyaient déjà la Haute cour de justice. De l’indépendance à la révolution de mars 1991, les différents textes fondamentaux du Mali ont prévu la Haute cour de justice.
Aujourd’hui, il y a un intense débat sur l’utilité de la cour. « La création de la Haute cour de justice a servi quoi dans la lutte contre la corruption, les crimes et les délits des ministres et autres dont les noms ont été cités dans les rapports officiels de corruption et de délinquance financière ? Aboubacar Sidiki Fomba, membre du Conseil national de transition(CNT), se demande avec quel argument peut-on défendre cette institution non permanente et budgétivore qui protège impunément les autorités dirigeantes.
Le membre du CNT de poursuivre : qu’est-ce que la haute cour de justice a eu à apporter concrètement à la démocratie malienne ? En attendant de trouver des réponses à ces questions, tous les regards sont tournés vers les ministres soupçonnés de corruption. Le gouvernement actuel doit convaincre la population qui ne fait plus confiance aux autorités du pays et même à la justice. Pour Fomba, la méthode d’organisation des élections au Mali, le mode de financement des députés et le mode de choix des ministres sont en cause : « Par quel miracle la Haute cour de justice peut mettre en accusation les mêmes ministres, députés et présidents appartenant à la même majorité politique ou à la même race politique sinon des camarades de luttes?»
Beaucoup pensent que la création de la cour de justice constitue une contradiction de la Constitution dans son article 2 qui stipule que les citoyens sont égaux en droit et en devoirs. Ils pensent que c’est le moment de se débarrasser d’une institution inefficace, budgétivore et qui sert de couverture pour les grands voleurs de la République. La haute cour de justice au Mali est une institution qui fait la promotion de la corruption, de l’impunité, des crimes et délits et non une institution de justice dans le vrai sens du mot.
Dougoufana Kéita
Source : La Sirène