« La justice malienne est malade et il appartient aux juges de la soigner, de se réveiller » a dit l’ancien garde des Sceaux lors du lancement le 26 janvier de son livre : «la Justice en Afrique, ce grand corps malade : le cas du Mali »
Mamadou Ismael Konaté n’a pas fait dans la dentelle dans son appréciation de la Justice malienne, lors du lancement le 26 janvier dernier de son livre «la Justice en Afrique, ce grand corps malade : le cas du Mali ». « La justice malienne est malade et il appartient aux juges de la soigner, de se réveiller », a-t-il lancé. Dans cet ouvrage de 164 pages, l’ancien de garde de sceau lève le voile sur les maux qui gangrènent notre système judiciaire. L’assistance venue nombreuse pour être témoin de l’évènement au Parc national de Bamako était de tous les bords, particulièrement des avocats, des juges venus de partout et des hommes de la presse nationale et internationale.
« J’avais quelque chose à dire, je ne sais pas si je l’ai suffisamment écrit, mais je l’ai dit et je suis libéré », a souligné Me Konaté. Pour lui, le combat pour soigner l’image de la justice malienne et africaine est un devoir qui incombe à tous les citoyens. En la matière, il y a des devanciers comme Me. Malick Coulibaly, ancien ministre de la Justice du Mali et Ibrahima Dieng, un magistrat sénégalais qui a rendu le tablier pour justement dénonçant ce qui n’allait pas dans la justice de son pays (le Sénégal) à l’époque.
S’adressant aux juges, l’auteur a expliqué que son passage au sein du gouvernement et le combat qu’il y a engagé n’avaient pas été bien compris par certains. « Vous avez pensé que j’étais contre vous. Pourtant j’étais là pour vous ! Il se trouve que parmi vous, il y a des déviants… Le juge n’est pas un personnage ordinaire. Soyez donc juges ! Si vous êtes juges, l’argent public ne souffrira pas », a-t-il martelé.
Tout le Mali regarde à présent les juges qui ont une place importante dans le redressement du pays. Il y a des gens qui sont en prison et qui ne méritent pas d’y être et d’autres qui méritent la prison qui sont libres de leurs mouvements. Si les juges et les gouvernants ne se réveillent pas, cette situation risque bientôt de les rattraper. « Si vous ne vous réveillez pas, la justice vous trouvera à Koulouba », a souligné Me Konaté.
Jugé par ses pairs avocats, Mamadou Ismael Konaté a tiré plein dans le mille en publiant un livre qui dénonce la corruption de la justice malienne et africaine en général. Et l’avocat Cheick Oumar Tounkara de s’interroger sur l’opportunité d’un tel challenge après le passage tumultueux de l’auteur au sein du gouvernement en tant que ministre de la Justice.
Pendant longtemps, Tounkara se demandait s’il s’agissait d’un déballage, ce qui est probable. Mais les violations dénoncées doivent être réparées, selon lui, afin d’épargner le pire aux pays africains.
Pourtant, tout n’incombe pas aux juges, remarque le juge WaïgaloMaladoBocoum. Le livre qui veut corriger la justice malienne reconnait aussi les difficultés dans lesquelles les juges travaillent. « Au-delà des idées que je désapprouve, le livre mérite d’être salué », a reconnu WaïgaloMaladoBocoum qui estime que la balle est dans le camp de l’Etat qui semble dire que les juges ne sont pas importants pour le Mali.
L’auteur dans sa verve habituelle, a répondu avec brio les interrogations soulevées par le public. Quant à la presse, il lui a conseillé de dénoncer le mauvais comportement des juges.
Seydou Diamoutene
Source: Le 22 Septembre