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Justice, agents de l’Etat, Marchés publics : Les tares – vedettes de l’Administration publique malienne

Encore et encore. Elles sont là, telle une voie impénétrable et indéboulonnable. La justice, la gestion des carrières des agents de l’Etat et la moralisation des marchés publics sont, entre autres griefs vedettes, non nouvelles, qui se sont encore illustrées dans le Rapport 2022 du Médiateur de la République, remis au Chef de l’Etat le 14 aout 2023.

Longtemps diagnostiqués, pourtant les maux qui minent la société peinent à guérir.  Ainsi pourrait s’interpréter le dernier Rapport du Médiateur de la République, remis par Mme Sanogo Aminata Mallé au président de la Transition, Colonel Assimi Goïta.

Institué depuis 27 ans pour consolider la démocratie plurielle et améliorer la gouvernance, si le Bureau du Médiateur de la République a le mérite d’écouter le malien abusé dans les coins les plus reculés du pays, il y a loin de la coupe aux lèvres pour ce qui est de la prise en compte effective de ses recommandations et suggestions.

Les «maux» d’hier sont les «mots» d’aujourd’hui.

En examinant les deux rapports antérieurs sur les griefs de l’Administration publique, on se rend à la cruelle évidence qu’entre 2021 et 2022, les années se ressemblent et le passé reste plus présent que jamais.

En effet, lors de la 26è édition de l’Espace d’interpellation démocratique en 2021, l’Administration a été interpellée sur «l’inexécution des décisions de justice, la problématique du paiement des salaires et des cotisations sociales, la moralisation des procédures de passation et d’exécution des marchés publics». Ces tares – vedettes sont les mêmes en 2022. Car les constats portent également sur la mauvaise exécution des contrats et les marchés publics, la gestion des carrières des agents de l’Etat, la protection sociale et l’éducation, sans citer la doyenne de la liste : «le foncier». Le passé reste présent à jamais. Justice, foncier, agents de l’Etat et marché public, les «maux» d’hier sont les «mots» du rapport de 2022.

D’année en année, le Bureau chargé d’intercéder entre l’Administration et les usagers et de mettre de l’huile dans les rouages, met en exergue les mêmes préoccupations. Mais on n’en a rien à foutre. On agit toujours sans moralité. On piétine allègrement la justice.

La crapulerie foncière a le vent en poupe. Tandis que les mêmes Maliens continuent de chanter leur désespoir !

Le Bureau du Médiateur a écouté 3.567 usagers en 2021, 5.230 en 2022. Un grand nombre croissant de victimes d’abus réclamant justice, semble remarquer Colonel Assimi Goïta, « les analyses du présent rapport révèlent les dysfonctionnements de notre Administration dans la gestion quotidienne et sonnent l’alerte, afin d’en corriger les insuffisances et les dérives». Aussi rassure-t-il : « les observations et les recommandations pertinentes qui sont énoncées seront prises en charge».

Cirque

Il reste à espérer l’alerte est cette fois-ci bien entendue, car la justice sociale reste le pilier d’un pays et le Mali ne fait pas exception à la règle. Les recommandations ne doivent plus dormir dans les tiroirs à la grande désillusion des usagers, au grand dam des efforts budgétaires et humains consentis chaque année à cet exercice. Qui n’est plus loin d’un cirque.

Ousmane Tangara

Le Challenger

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