Lors de la dernière session de la Cour d’assises de Bamako, tenue le lundi 18 novembre, au siège de la Cour d’Appel de Bamako, Moussa Ag Ibrahim a été condamné à cinq ans de réclusion criminelle et au paiement d’une amende de deux millions de franc CFA pour » détention d’arme de guerre et faux, usage de faux
Selon les informations qui ressortent des enquêtes, les 6 et 7 novembre 2016, à la suite de patrouilles de la force barkhane contre les groupes armés terroristes à Kidal et à Talhandak, les nommés Moussa Ag Ibrahim et Alhasan Ag Rachid ont été interpellés pour terrorisme. Interrogés tant devant les enquêteurs que devant les magistrats instructeurs, les mis en cause ont vivement rejeté les accusations portées contre eux, en clamant leur innocence. Le premier, Moussa Ag Ibrahim, a reconnu être un membre du HCUA, tout en précisant que ce groupe en tant que signataire de l’Accord d’Alger, n’est pas un groupe hostile. Quant au second, Alhasan Ag Rachid, il a déclaré ne pas être un membre d’un quelconque mouvement armé, encore moins un terroriste. Il a indiqué que son arrestation est intervenue alors qu’il était sur une dune de sable à la recherche de » réseau » téléphonique. Cependant, il ressort des citations des éléments de preuves attestant qu’ils étaient en entente avec des terroristes. Ainsi, ces individus détenaient par devers eux un arsenal de guerre, une fausse carte d’identité algérienne et des vidéos de propagande de Daech appelant au djihad. Rappelons qu’Alhasan Ag Rachid aurait été libérépour des raisons qui ne figurent pas dans l’arrêt d’inculpation et ne s’est pas présenté au procès.
Devant la Cour, Moussa Ag Ibrahim, âgé de 47 ans, manœuvre, a affirmé être un membre du HCUA, cela grâce à son tuteur qui lui a fait la carte et a intégré ce mouvement qui est sous la direction de la CMA. Il a aussi souligné que l’arme qu’il détenait est une dotation de son mouvement, même s’il affirme ne l’avoir jamais utilisée. Pour lui, il s’agit d’une dotation de la CMA pour assurer leur sécurité, celle de leur famille et de leurs biens, en l’absence de l’autorité souveraine de l’Etat. En ce qui concerne la fausse carte d’identité, Moussa Ag Ibrahim reconnait qu’il l’utilisait pour entrer en territoire algérien sans problème. Par contre, il a catégoriquement nié son appartenance à un quelconque groupe terroriste et la possession d’explosif citée dans les chefs d’accusation. Le Parquet évoque, quant à lui, avec lucidité, » que si l’inculpé est un simple manœuvre, a-t-il besoin de se protéger contre qui et pourquoi ? « . Avant d’indiquer que le fait de garder tout cet arsenal de guerre, pour juste sa propre sécurité, était plus que douteux et que cela subodore des actes préparatoires avec un mouvement terroriste contre la République.
De ce fait, il a requis une peine de 20 ans d’emprisonnement ferme. La défense a insisté, pour sa part, sur le fait que l’accusé nie le fait d’appartenir à un quelconque groupement terroriste, tout en précisant que le jury a besoin de faits et de preuves cohérentes, non d’accusations infondées. Avant de préciser que l’accusé est marié et père de 5 enfants, citoyen ayant une bonne réputation, qui a choisi de demeurer manœuvre sans s’adonner à des pratiques malsaines comme le font bon nombre de jeunes dans sa communauté. S’agissant de l’arme, il a été précisé que tous les membres du HCUA en détiennent pour assurer leur sécurité. La défense a aussi exprimé son incompréhension quant à la position du ministère public de condamner son client alors que celui-ci a été arrêté lors de patouilles, avant d’être relâché sans cause citée dans le dossier. C’est ainsi qu’elle demande à la Cour d’accorder à Moussa Ag Ibrahim des circonstances atténuantes. La Cour a condamné Moussa Ag Ibrahim à 5 ans de réclusion criminelle et une amende de 2 millions de Franc CFA. Quant à Alhassan Ag Rachid, il a été condamné, par contumace, à la réclusion criminelle à vie et au paiement de 10 millions d’amende.
Ababacar Diouf-Stagiaire
Source: l’Indépendant