Jugé à la Cour pénale internationale dans l’affaire de destruction de mausolées à Tombouctou, l’avocate de Al Hassan Ag Abdoul Aziz Ag Mohamed Ag Mahmoud dit Al Hassan a déclaré, hier lundi, que les événements de l’année 2012 sont le fruit de la corruption et de la négligence des colonisateurs français. Le jihadiste Al Hassan Ag Abdoul Aziz Ag Mohamed Ag Mahmoud dit Al Hassan est jugé pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité devant la Cour pénale internationale (CPI).
Sous le joug jihadiste, une vague de destructions s’est abattue en 2012 et 2013 sur la ville de Tombouctou, fondée entre le Ve et le XIIe siècle par les tribus touareg et surnommée «la ville des 333 saints» pour le nombre de sages musulmans qui y sont enterrés.
Entre juin et juillet 2012, durant l’occupation du nord de notre pays par des groupes armés, plusieurs mausolées ainsi que la porte sacrée de la mosquée Sidi Yahia avaient été anéantis, suscitant l’émotion de la communauté internationale
Après le jugement d’Ahmad Al Faqi Al Mahdi pour sa responsabilité dans la destruction de plusieurs biens culturels de Tombouctou, c’est au tour de Al Hassan de répondre de ses actes devant la CPI. Lors de son procès, hier lundi, son avocate, Melinda Taylor a déclaré que ‘’les événements de l’année 2012 sont le fruit de la corruption et de la négligence des colonisateurs français».
Al Hassan, 44 ans, ressortissant malien et père de cinq enfants, est jugé pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité devant la CPI, qui siège à La Haye.
Il est accusé de torture, viols et esclavage sexuel commis dans le contexte de mariages forcés, et de destruction de mausolées à Tombouctou, surnommée «la Perle du désert».
«L’État du Mali était une fiction créée par les colonisateurs français qui a existé sur le papier, mais jamais en réalité», a poursuivi Mme Taylor.
Les Français ont «laissé le nord du pays se débrouiller tout seul» et ce conformément aux pratiques tribales et religieuses, a-t-elle ajouté.
Al Hassan, dont le procès s’est ouvert en 2020, était une figure-clé de la police islamique et du système judiciaire instaurés par les jihadistes dans le nord du Mali en 2012, selon l’accusation.
«La question ne consiste pas à savoir si ces crimes ont été commis à Tombouctou, mais si cette personne assise devant vous doit porter la responsabilité de ces crimes», a déclaré l’avocate d’Al Hassan.
«Al Hassan ne devrait pas être condamné parce qu’il se trouve qu’il a vécu au mauvais endroit au mauvais moment et du fait de son appartenance ethnique», a soulevé Melinda Taylor.
Il était «religieux, mais ce n’était pas un extrémiste», il allait à des concerts à Tombouctou et «flirtait avec des filles», a-t-elle précisé.
Al Hassan est le deuxième jihadiste malien jugé par la CPI pour la destruction des sanctuaires de Tombouctou, un site inscrit par l’UNESCO au Patrimoine mondial de l’humanité. La Cour a condamné en 2016 Ahmad Al Faqi Al Mahdi à neuf ans de prison.
PAR MODIBO KONÉ
Source : Info-Matin