« Le tabac nuit gravement à la sante ». C’est un message qui s’inscrit dans le cadre de la lutte antitabac. Instituée depuis 1987 et célébrée chaque 31 mai, la journée mondiale sans tabac consiste à faire connaître davantage les effets néfastes du tabagisme pour que nous ayons de moins en moins de fumeurs.
« Le tabac tue plus de 8 millions de personnes chaque année. Plus de 7 millions d’entre elles sont des consommateurs ou d’anciens consommateurs et environ 1,2 million sont des non-fumeurs exposés à la fumée », a déclaré l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en 2019. Elle estime le nombre de fumeurs dans le monde à plus d’un milliard dont environ 80% vivant dans des pays à revenu faible.
Ainsi, en 2003, les membres de l’OMS ont adopté à l’unanimité une convention-cadre pour la nécessité des politiques de réduction de la demande de tabac au même titre que celle de son offre. Le Mali fait partie des premiers pays qui l’ont ratifiée en 2005. En juillet 2010, le président d’alors, Amadou Toumani Toure, a promulgué une loi relative à la commercialisation et à la consommation du tabac et des produits du tabac, portant restriction sur la publicité et l’usage du tabac. Il s’agit d’une loi visant à réglementer « en République du Mali, l’importation, la distribution, la vente, la publicité et la consommation et autres produits du tabac. » Mais, elle semble confrontée à certains problèmes dans son application.
Phénomène répandu
Selon une étude rendue publique en 2010 par l’Association de lutte contre le tabac, l’alcool et les stupéfiants au Mali (ALUTAS Mali), trois facteurs favorisent le tabagisme dans notre pays : la culture du tabac, sa production, son importation ainsi que sa transformation et sa commercialisation.
C’est la Société nationale de tabacs et allumettes du Mali (SONATAM), créée en 1965, qui assure principalement l’importation et l’exportation des produits industriels du tabac. Sa part du marché national est estimée à 75% pour un montant qui s’élèverait, selon le rapport d’ALUTAS, à « 10 milliards de FCFA par an au titre des impôts et taxes, y compris les frais de douane sans compter une masse salariale de 1 milliard.»
Aussi, d’après la même enquête, de 2006 à 2009, les coûts des importations du tabac sont-ils passés de 12 milliards de FCFA à 16 milliards, soit un taux de croissance de 33% alors que ceux des produits alimentaires n’ont augmenté durant cette période que de 21%. Encore mieux, dans sa thèse soutenue en 2013 à la Faculté de médecine du Mali, Rolyff Adjatin indique que de 2009 à 2011 les chiffres concernant l’importation de cigarettes contenant du tabac ont grimpé de 13 milliards à 20 milliards de francs CFA, soit une hausse de 67%. Cela démontre combien le phénomène du tabagisme est répandu au Mali.
Risque énorme
Il est à signaler que les jeunes en sont les plus gros consommateurs. Et cela même dans les milieux scolaire et estudiantin. « Les fumeurs se tuent à petit feu. Mais le pire, dans tout cela, ce sont ceux pour qui la cigarette a même remplacé la nourriture, des étudiants ou élèves majoritairement », constate Aly Maïga, un ami d’enfance qui affirme avoir commencé à fumer en 2014, lorsqu’il était encore à l’université.
Les fumeurs passifs sont également très en danger. C’est la raison pour laquelle il est conseillé de ne pas fumer auprès d’eux, surtout ceux qui souffrent d’asthme. Fumer est mauvais pour la santé des fumeurs, mais aussi pour celle des gens qui les entourent. « Je ne peux être dans le même endroit qu’un fumeur, puisque je ne supporte pas la fumée vu mon état de santé », m’a confié une amie.
En cette période de Covid-19, le risque est davantage énorme. « Le tabagisme est connu pour être un facteur de risque de nombreuses infections respiratoires et il aggrave les maladies respiratoires. Les fumeurs risquent davantage de contracter une forme sévère de la Covid-19», lit-on sur le site de l’OMS.
Source : Benbere