La gent féminine est minoritaire parmi les agents qui portent assistent aux populations en détresse. Pourtant, les femmes et les enfants sont majoritaires parmi les déplacés, les réfugiés et les victimes des catastrophes. D’où l’appel à accorder une plus grande place aux femmes dans le cadre de l’humanitaire
Ségou, la Cité des Balanzans, a accueilli hier les festivités de l’édition 2019 de la Journée mondiale de l’aide humanitaire. Cette cérémonie, qui a eu pour cadre la salle de conférence du gouvernorat de Ségou, était placée sous le thème : «Hommage aux femmes humanitaires». Tous étaient là : autorités administratives, politiques, notabilités, acteurs intervenant dans l’humanitaire. Il était question pour le ministre de la Solidarité et de la Lutte contre la pauvreté, Hamadoun Konaté et tout ce beau monde de rendre hommage aux acteurs intervenant dans ce domaine hautement social, notamment les femmes.
La célébration de cette journée, pour la première fois, vient d’être délocalisée dans la région de Ségou. Ce n’est pas fortuit. En effet, la 4e région administrative enregistre 22.045 personnes déplacées internes venues majoritairement de la région de Mopti et des cercles de Macina et Niono.
A ceux-ci s’ajoutent les 37.000 victimes d’inondations et de catastrophes, recensées en 2018. Aussi, de nombreux ménages sont touchés par l’insécurité alimentaire. Par ailleurs, selon les résultats du cadre harmonisé de mars 2019, plus de 55.000 personnes sont en situation d’urgence alimentaire tandis que 46.400 autres sont sous pression et pourraient être en insécurité alimentaire en cas de choc. Il faut retenir que bon nombre des déplacés vivent dans les familles d’accueil qui partagent tout avec eux. C’est dans ce contexte donc que la Cité des Balanzans a abrité cette journée commémorative.
La coordonnatrice humanitaire des Nations unies, Mme Mbaranga Gasarabwe, a expliqué que le choix de la région de Ségou est un gage de l’expression de la solidarité avec les populations dans le besoin.
Comme pour faire un rappel des faits, Mme Mbaranga Gasarabwe dira que les conflits que connaît notre pays ont entraîné des violences sans précédent affectant les civils dans la région de Mopti mais également un accès limité aux services sociaux de base et aux moyens de subsistance.
De plus, a-t-elle indiqué, ils ont causé d’importants déplacements de personnes. Au total, 47% des personnes déplacées internes vivent dans les régions de Ségou et Mopti avec actuellement 79.900 déplacés, comparativement à environ 19.850 l’année dernière à la même période, selon les données de la Commission mouvement de population. Cette situation, soulignera-t-elle, vient aggraver les besoins humanitaires préexistants dans ces deux régions et dans les autres régions du Mali notamment ceux en rapport avec l’insécurité alimentaire, la malnutrition et les inondations.
3,9 millions – L’occasion était bonne pour attirer l’attention sur les femmes humanitaires. En effet, force est de constater que malgré le rôle important que les femmes jouent sur le terrain, leur nombre reste encore faible dans les organisations humanitaires. Elles ne représentent qu’environ le tiers du personnel de ces organisations.
«Ceci doit changer d’autant plus que la majorité des personnes les plus vulnérables dans les crises sont des femmes et des enfants», a expliqué Mme Mbaranga Gasarabwe.
Il faudra aussi retenir qu’au début de l’année, le gouvernement et les partenaires humanitaires estimaient à environ 3,2 millions le nombre de personnes dans le besoin à travers le Plan de réponse humanitaire. «Ce chiffre a maintenant atteint 3,9 millions, selon les analyses effectuées lors de la révision du Plan de réponse humanitaire. Cette augmentation se justifie principalement par l’augmentation du nombre de personnes en insécurité alimentaire issue du cadre harmonisé de mars mais aussi les vulnérabilités engendrées par les conflits depuis janvier.
Dans les prochains jours, la version révisée du Plan de réponse humanitaire sera publiée et la requête connaîtra une augmentation d’environ 28 millions de dollars», a annoncé la coordinatrice humanitaire.
Mme Mbaranga Gasarabwe a ajouté qu’actuellement, la requête du Plan de réponse humanitaire pour 2019 se chiffrant à 296 millions de dollars (environ 148 milliards de Fcfa) n’est financée qu’à 30% (92 millions de dollars, environ 46 milliards de Fcfa) sont mobilisés) grâce aux contributions des donateurs. Ce qui fait que les partenaires humanitaires ne peuvent assister qu’une partie des personnes dans le besoin.
Le ministre Konaté s’est réjoui du choix cette année de rendre particulièrement hommage aux femmes humanitaires. Selon Hamadou Konaté, la présence des femmes est plus que jamais nécessaire pour renforcer la réponse humanitaire mondiale. «Et les dirigeants du monde, ainsi que les acteurs non étatiques, doivent veiller à ce que la protection qui leur est offerte par la loi internationale soit garantie à tous», a conseillé le ministre de la Solidarité et de la Lutte contre la pauvreté.
Notre pays compte plus de 285.000 déplacés à l’intérieur du pays ou dans les pays voisins à cause de l’insécurité. Plus 147.000 personnes sont des déplacées internes. Et plus de 138.000 autres sont réfugiées au Burkina Faso, en Mauritanie et au Niger. Le Mali accueille aussi quelque 2.000 personnes venues chercher refuge.
Mariam A. TRAORÉ
Amap-Ségou
Source: L’Essor-Mali