A l’instar des autres pays du monde, le Mali a célébré la Journée mondiale de la liberté de la Presse le 3 mai dernier dans un contexte difficile marqué par des disparitions et des enlèvements extrajudiciaires de journalistes. C’était sous le thème : « Façonner un avenir de droit : la liberté d’expression comme moteur de tous les autres droits de l’Homme ».
En effet, ce thème d’une importance capitale résume le rôle fondamental des médias dans un monde en reconstruction, un monde qui cherche ses repères, un monde de tous les possibles, un monde d’incertitude mais un monde d’espoir.
Ainsi, la célébration du 3 mai est l’occasion, pour les Hommes de médias, de rappeler aux gouvernements la nécessité de respecter leurs engagements en faveur de la liberté de la Presse. Elle constitue également une journée de réflexion pour les professionnels des médias sur les questions relatives à la liberté de la Presse et à l’éthique professionnelle.
« L’année qui s’est écoulée a été une année particulièrement difficile pour la Presse malienne. Aux conséquences catastrophiques de la maladie à Coronavirus, aux chantages, menaces, injures et intimidations se sont ajoutées des interpellations sinon des enlèvements extrajudiciaires », déplore le Président de la Maison de la Presse, M. Bandjougou Danté.
Il a dénoncé le fait que depuis près de dix ans, les enquêtes sur la disparition de Birama Toure sont interminables. En septembre 2020, Hammadoun Niailibouly, de son retour d’un atelier de formation de journaliste a été descendu du véhicule à Mandjo près de Somadougou, non loin de Mopti et amené à une destination inconnue.
En plus, ajoute-t-il, le 18 avril 2021, Moussa Bana Dicko directeur des programmes de radio Hairé de Boni dans le cercle de Douentza, a été enlevé chez lui et reste introuvable. Le 26 janvier 2023, Sory Koné, directeur des programmes de la radio Danaya de Souba, dans la région de Ségou, cercle de Farako a été enlevé chez lui et reste lui aussi, encore introuvable.
« Nous réitérons nos demandes aux autorités de la Transition, comme nous l’avons toujours fait chaque fois que l’occasion se présente, de tout mettre en œuvre pour rechercher et retrouver nos confrères », sollicité le président de la Maison de la Presse.
Un autre plan sur lequel les autorités nationales sont fortement interpellées est celui de l’environnement des médias. Car, dans ce domaine, l’on constate avec amertume, l’immobilisme des pouvoirs publics et l’espoir de refondation suscité par de durs et couteux labeurs d’élaboration des projets de lois et des projets de décrets sont menacés.
C’est pourquoi, au-delà de la journée mondiale de la Liberté de la Presse, la Maison de la Presse a respecté la tradition en organisant la Semaine Nationale de la Liberté de Presse. Elle se poursuivra jusqu’au 10 mai 2023.
« Pendant cette semaine nous devons être à mesure de discuter de nos contradictions internes, de nous regarder en face, de nous expliquer et de nous dire des vérités.
L’objectif recherché est qu’au sortir de la semaine, nous ayons des recommandations et des stratégies pour un plaidoyer- lobbying pour l’adoption de nos textes par les pouvoirs publics et jeter les bases d’une véritable une instance d’autorégulation en vue d’une Co régulation efficace et efficiente », explique M. Danté.
Adama DAO
Source : Tjikan