Ils sont officiellement 8.000.462 électeurs, appelés aux urnes pour départager un total de 24 candidats, dont une femme, prétendant au fauteuil présidentiel pour le premier tour de l’élection présidentielle ce dimanche 29 juillet 2018. En commune I du district de Bamako, les électeurs, les agents électoraux, les délégués et autres observateurs ont pris d’assaut dès 8 heures les différents centres de vote où la mobilisation était au rendez-vous en début de matinée.
Au Centre de vote de Doumanzana, en Commune I où nous étions à 8 heures, certains bureaux de vote ont ouvert à 8 heures, quand d’autres, par contre, ont accusé un léger retard, comme le cas du bureau 53 où les opérations ont démarrée à 9 heures.
Des retards
A 8 heures 5 minutes, Mme Korotoumou KONATE, un enfant au dos, attendait devant le bureau de vote N°40 où sont inscrits 500 électeurs. Pendant ce temps, le président du bureau, Bakary CAMARA, était encore en train de contrôler les mandats des délégués et une partie de son équipe était en train d’afficher les listes. «La pluie a retardé la mise en place», s’est-il justifié. «J’attends de la visite», s’impatiente la sexagénaire. 15 minutes plus tard, elle parvient enfin à voter. Entre temps, le président donne des consignes fermes : «Pas de téléphone !».
Des cartes plastifiées
Au bureau suivant, on était à 7 votants sur 500 inscrits à 8 heures 25 mn. Le président du bureau de vote, Boureima DARA, est formel : «Les opérations ont commencé à 8 heures». Mais au départ, a-t-il fait savoir, il y avait un problème de visibilité du bureau vote qu’il a vite réglé avec une affiche. Même si certains délégués de l’opposition étaient encore absents, on constatait la présence des deux accesseurs (majorité, opposition). Alassane KONE dit ‘’Drogba’’ était devant le bureau à 8 heures et n’avait toujours pu voter du fait que sa carte d’électeur était plastifiée. «On va trouver une solution», rassure le président à l’endroit de ‘’Drogba’’ qui a décidé de patienter le temps qu’on puisse enlever le scotch pour permettre qu’on puisse y apposer le cachet.
Impatience
En plus des petits retards, constaté çà et là, certains électeurs avaient du mal à retrouver leur bureau de vote à cause de l’organisation du centre lui-même. Mais le cas plus frappant était celui des électeurs qui désiraient retirer leurs cartes d’électeur pour voter. C’est le cas de Djaguiné SANGARE, qui recherche depuis deux heures l’équipe de distribution des cartes ainsi que Mariam COULIBALY qui s’impatiente et menace de renoncer au vote. Après une longue attente, c’est envions de 11H40mn que l’équipe de distribution fait son entrée dans le centre. Raison évoquées est qu’il y a que trois équipe pour couvrir toutes la commune I ; la faute au manque e véhicule.
Des cas de doublon
Mais ce qui a attiré l’attention des observateurs et autres curieux au niveau de ce centre, c’est bien la présence des doublons. Même si les autorités, en charge du document affirment que le fichier a été purgé, on a constaté qu’au niveau des bureaux N°37 et 41, une liste d’électeurs était répétée avec photos et noms identiques. La seule différence était que les numéros d’enregistrement étaient visibles au niveau du bureau 41 et masqués au niveau du bureau 37. Ainsi, sur la carte de l’un des électeurs qui sont dans ce cas de figure que nous avons rencontré sur place, nous avons remarqué que sa carte porte le numéro du bureau 41. «Mais si j’ai mon nom sur les deux listes, je ne peux voter deux fois puisqu’il n’y a qu’une seule place pour mettre le cachet pour ce scrutin», a expliqué Mahamadou MAÏGA, inscrit sur la liste des deux bureaux.
Au total, le centre de Doumanzana compte 65 bureaux de vote, avec plus de 45 000 électeurs inscrits.
Souleymanebougou en vedette
A Souleymanebougou, dans la commune rurale de Moribabougou, l’enjeu n’était pas l’affluence des électeurs, mais plus tôt l’arrivée des personnalités de la république inscrites dans ce centre de 5 bureaux de vote pour 2.180 électeurs.
Ainsi, l’ancien premier ministre Cheick Modibo DIARRA, président du RpDEM, a pu voter sans encombre dans le bureau N°2, en compagnie de son épouse, Assa TRAORE, sous les projecteurs des caméras de télévision. Auparavant, Mme Diarra avait voté dans le bureau N°4 accompagnée de son époux candidat.
Après avoir accompli son devoir civique, le candidat de la coalition CMD, Cheick Modibo DIARRA, a déclaré à la presse : «C’est toujours un plaisir renouvelé de procéder à un exercice démocratique qui est d’avoir la liberté d’aller choisir les dirigeants de notre nation. Je suis très content d’y avoir participé. Et j’espère que le plus grand nombre de mes compatriotes vont y participer. C’est en sortant en grand nombre qu’on pourra avoir un président bien élu. J’insiste sur le mot ‘’Bien’’. Parce que pour la communauté internationale, un candidat est considéré comme ‘’bien élu’’ quand il l’a été avec taux élevé. Lorsque les populations ne sortent pas pour voter massivement et qu’on ait un faible taux de participation, ça donne des difficultés à nos dirigeants. J’exhorte donc systématiquement tous mes compatriotes à sortir massivement pour aller voter. Il est difficile pour l’instant d’apprécier l’organisation a priori. En tant que candidat et président d’un parti, lorsque nous sortons pour aller voter, c’est très facile, car il y a des gens qui nous accueillent et nous disent où on peut voter. Mais je pense que cette fois-ci, il y avait le numéro du bureau de vote sur les cartes d’électeur. Ce qui devrait faciliter le vote des électeurs pour ce qui savent lire. Mais comme la plupart de nos compatriotes ne savent pas lire, je suppose que certains vont avoir des difficultés à retrouver leur bureau de vote.
Concernant la polémique, apparemment le problème n’est plus au niveau du fichier. Tout le problème reste la gestion des procurations. Hier (ndlr, samedi 28 juillet) avec le Premier Ministre, cette question a été gérée. Le seul problème reste les zones où l’administration n’existe et où les cartes ont été retirées. Alors comment peut-on savoir qu’il y a eu des élections, et s’il y a eu élection, qui a supervisé ces élections ?».
Avant le candidat de la coalition CMD et son épouse, un autre couple non moins célèbre avait voté dans le même centre. Il s’agit de l’ancien président de la république, Alpha Oumar KONARE et son épouse, Adam BAH KONARE avaient voté aux environs de 9 heures.
L’Appel du maire
A la suite de ce dernier, le maire délégué de Souleymanebougou, Dramane DAOU, présent sur les lieux a indiqué que le vote est une fête politique : «C’est notre seule manière de choisir nos maires, nos présidents de conseil de cercle, nos députés et cette fois-ci, l’élection du président de la République. J’en appelle chacun à venir sereinement. La tension qu’il y a autour de ce scrutin est un défi pour les Maliens. Nous devons le faire en toute sécurité. Et après le scrutin, nous devrons accepter le président choisi par tous les Maliens. C’est ainsi la démocratie. Par rapport au déroulement, aucun incident n’est à signaler. Il y a les délégués dans les différents bureaux, l’affluence est là, les gens sont sortis massivement pour voter. Ça veut dire que tout un chacun a pris conscience des enjeux. Par rapport à la suspicion autour du fichier, je pense qu’il peut y avoir des erreurs dans toute entreprise humaine, surtout ce qui concerne l’informatique. En ce qui concerne le fichier, je pense que tous les Maliens ont été représentés dans son élaboration. Et ceux qui sont en train de dénoncer les irrégularités sont dans leur rôle, car ayant participé à son élaboration ils peuvent déceler les erreurs et demandé des explications. Je pense que malgré cela, cette situation ne doit pas entacher le scrutin d’une quelconque irrégularité. Je pense qu’il y a des pourparlers et il y a eu des accords sur ce terrain. Nous sommes tous des Maliens, quelles que soient les difficultés, nous devons être capables de les surmonter ensemble», est convaincu le maire Dramane DAOU de Souleymanebougou.
Par Abdoulaye OUATTARA
Info-matin
