Dans cette interview, le pasteur Sagara nous parle de la différence entre prêtre et pasteur, leurs différentes fonctions au sein de l’église, entre autres.
Mali Tribune : Quelle est la différence entre pasteur et prêtre ?
Jérémie Sagara : Pasteur Paître. (Hébreu ro’eh ; grec poimên ; verbe : poimainô). Le mot français pasteur est une francisation du latin pastor, traduit ordinairement par berger. Pasteur est, selon le dictionnaire le terme poétique pour berger et le terme spécifique désignant “un ministre de la religion protestante” ou encore Jésus-Christ “le Bon Pasteur”. Le seul texte dans lequel le mot pasteur s’applique à un berger humain dans le Nouveau Testament est Ep 4:11, où il apparaît dans une liste de 4 ou 5 dons accordés à l’Église : “il a donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, les autres comme évangélistes, les autres comme pasteurs et docteurs”.
Le Nouveau Testament utilise le mot grec hiereus (prêtre) pour : Jésus-Christ ; les prêtres juifs ; tous les croyants (1P 2:9 ; Ap 1:6; 5:10; 20:6).
Jésus-Christ est, en fait, le seul prêtre de la nouvelle alliance. Après être remonté au ciel, il a envoyé son Esprit à ses disciples. Le don du Saint-Esprit a inauguré la nouvelle alliance. En même temps, il a constitué l’Église. Puisque tous les membres de son Corps ont reçu l’Esprit de Jésus-Christ, ils sont donc, eux aussi maintenant, prêtres, prophètes et rois et en dehors de Jésus-Christ grand prêtre indispensable, ils n’ont plus besoin d’un prêtre comme intermédiaire entre Dieu et eux : “Il y a un seul Dieu et un seul médiateur entre Dieu et les hommes : Jésus-Christ” (1Ti 2:5).
Au cours du 2e siècle, les activités cultuelles se concentrent sur les offices d’évêque, d’ancien ou presbytre et de diacre. Cette concentration fit ses preuves dans la lutte contre les hérésies, mais, d’un autre côté, elle réduisit progressivement les autres membres d’Église à la passivité : “Que personne ne fasse quoi que ce soit dans l’Église sans l’évêque”. Au 3e siècle, la distinction entre laïci et clerus est d’un usage général. Seul le clergé a le droit d’expliquer l’Écriture. Les Constitutions apostoliques refusent toute fonction sacerdotale aux laïcs. Le consentement de toute l’Église reste encore requis pour la nomination d’ecclésiastiques, l’élection ou la révocation des prêtres. D. Watson constate : “C’est au 3e siècle que le mot klêros devint un terme consacré pour désigner ceux qui exercent une fonction officielle dans l’Église. Au 4e siècle, la distinction entre prêtres et laïcs fut généralement acceptée”.
Mali Tribune : Les fonctions du pasteur ?
J. S. : Les fonctions détaillées des pasteurs se dégagent de l’image du berger : ils doivent : Marcher devant le troupeau comme les bergers en Orient (Jn 10:3-4), c’est-à-dire être des modèles pour les chrétiens (1P 5:3 ; 1Ti 4:12) et les diriger dans la bonne voie (1Ti 5:17).
Paître le troupeau de Dieu qui est sous leur garde (Jn 21:15-17 ; Ac 20:28 ; 1P 5:2), c’est-à-dire les nourrir spirituellement par la prédication d’édification et l’enseignement (1Ti 5:17).
Veiller sur les brebis, les protéger comme le Bon Berger le fait (Jn 10:12-13), contre les loups ravisseurs (Ac 20:27-29), les avertir (Ac 20:31 ; 1Co 4:14 ; 1Th 5:12,14) et, au besoin, exercer la discipline (2Ti 4:2 ; Tit 3:10). Les conducteurs veillent sur chacun des membres de l’Église en sachant qu’ils auront à rendre compte de leur office au Souverain Pasteur (Hé 13:17).Soigner les brebis, en particulier les plus faibles (Ac 20:35 ; Ez 34:3-6,8), ce qui implique les connaître (Jn 10:14), exhorter, consoler chacun d’eux en les conjurant de marcher d’une manière digne de Dieu (1Th 2:12) ; en un mot “prendre soin de l’Église de Dieu” (1Ti 3:5). La distinction entre le pasteur et les anciens de l’Église est une innovation datant de la Réforme. Elle est remise en question dans beaucoup d’Églises actuelles.
Mali tribune : Pourquoi dit-on évangélique et protestant ? Est-ce la même chose ?
J. S. : D’abord une précision du vocabulaire : on parle d’”évangéliques” plutôt que “d’évangélistes”, ce dernier mot désignant la fonction ou l’emploi de certaines personnes qui annoncent l’évangile. Deuxième précision : les “évangéliques” appartiennent à la famille des protestants.
Nous voulons dire probablement, parmi les protestants, demander ce qui distingue les “évangéliques”, ceux-là qui se rattachent aux Églises protestantes “historiques” que sont les Églises réformées ou luthériennes. A notre sens, la grande différence réside en ce que les Églises “historiques” insistent sur la grâce alors que les Églises “évangéliques” insistent sur la foi. Qu’est-ce que cela veut dire ? Dans le christianisme on affirme de manière centrale que Dieu nous a tout donné et que par nous-mêmes nous ne pouvons rien faire pour nous approcher de Lui, Lui faire plaisir tellement que nous nous sommes éloignés de Lui. Ce don premier de Dieu, c’est sa “grâce”. Les “évangéliques” accentuent par contre l’action de l’homme qui reçoit ce que Dieu donne. C’est ce qu’ils appellent la “foi”. Ils insistent ainsi sur le fait que, pour pouvoir bénéficier de ce que Dieu nous donne, il faut le recevoir.
Le protestantisme est l’une des principales branches du christianisme avec le catholicisme et l’orthodoxie. Entendu largement, le protestantisme est l’ensemble des groupements “issus, directement ou non, de la Réforme et qui rejettent l’autorité du Pape”. Selon cette perspective, le protestantisme englobe des mouvements variés allant des luthériens aux réformés en passant par les évangéliques, jusqu’aux quakers.
Les protestants ne reconnaissent pas l’autorité du Pape, ni celle des cardinaux. Ils ne reconnaissent que deux sacrements (le baptême et l’eucharistie ou Sainte-Cène) contre sept chez les catholiques (le baptême, l’eucharistie, la confirmation, la réconciliation, le mariage, l’ordination et l’onction des malades). Il y a des différences qui séparent protestants “évangéliques” et protestants rattachés aux Églises “historiques”. C’est souvent la différence dans la manière de lire et d’interpréter la Bible qui différencie les Églises protestantes. Ainsi, les évangéliques sont plus attachés à une lecture littérale des textes. Les protestants ont une lecture plus critique de ceux-ci. Mais souvent (mais pas toujours) les différences se marquent aussi en matière d’éthique : par exemple acceptation du remariage, euthanasie… Les évangéliques étant plus “stricts”; les protestants plus en phase avec la société actuelle. Les différences se marquent aussi dans la manière de vivre le culte : les Églises protestants sont plus attachées à une forme, à un ordre liturgique traditionnel, sobre et faisant essentiellement appelle à l’intellect. Le culte évangélique est plus improvisé et plus sentimental.
Mali tribune : Est-ce que toutes les dénominations travaillent ensemble ?
J. S. : Une dénomination chrétienne est un regroupement d’Églises chrétiennes partageant un ensemble de croyances. Selon l’Oxford English Dictionary, une dénomination est une branche autonome de l’Église chrétienne. Toute dénomination chrétienne a pour fondement Jésus et la Bible.
Depuis le début du 20e siècle, les différentes dénominations protestantes et évangéliques se sont rapprochées les unes des autres au sein du Conseil œcuménique des Eglises (C.O.E.). En 1910, une conférence internationale pour la mission eut lieu à Edimbourg (Angleterre) et d’elle sont sortis trois courants d’efforts œcuméniques : un courant d’évangélisation (mission), un courant de service (christianisme pratique : Vie et Action) et un courant doctrinal (Foi et Constitution). Cette conférence missionnaire d’Edimbourg connut d’autres rencontres par la suite et elle donna plus tard naissance, en 1948 à Amsterdam (Hollande), au C.O.E. où 147 églises étaient représentées. Ce conseil conserva les trois courants d’efforts œcuméniques. Les églises officielles ainsi que bon nombre d’églises indépendantes sont devenues membres du C.O.E. Celui-ci inclut 349 dénominations et communautés d’églises et représente quelques 550 millions de personnes dans 140 pays des six continents, le plus grand nombre d’églises se trouvant en Afrique (27 %). Les églises orthodoxes des pays de l’Est ont été membres du C.O.E. depuis qu’il a été constitué. A celles-ci se sont ajoutées l’Eglise Adventiste, les vieilles églises catholiques, les églises d’institution africaine, etc. … Les églises membres du C.O.E. sont à 28 % de tradition réformée, à 16 % de tradition luthérienne et à 11 % des méthodistes. Ce conseil s’est discrédité par sa théologie très libérale et par son engagement politique (la théologie de la libération et l’acceptation des églises reconnues officiellement dans les pays communistes et qui persécutaient les chrétiens fidèles). Ainsi le facteur d’union des églises aujourd’hui est plutôt le mouvement charismatique (la 2e vague du pentecôtisme) qui est acceptée par tous les groupes pentecôtistes (550 millions) et qui se répandent à grande vitesse dans les églises indépendantes et aussi maintenant dans les églises officielles qu’elles soient protestantes ou catholiques (alors que l’Eglise Catholique n’est pas membre du C.O.E.). De la sorte, le mouvement charismatique qui a pénétré l’Eglise Catholique semble supplanter le mouvement œcuménique pour l’unification mondiale des églises et par la suite être le ciment spirituel de la religion mondiale, Babylone la Grande, décrite dans l’Apocalypse.
SOIREE DES CHORALES: Un moment de partage d’enseignement et de détente
Plusieurs chorales de l’église protestante étaient invitées au sein de la nouvelle Eglise évangélique de Niamakoro Sokoura en chantier près du pont des 30 mètres, le vendredi 5 avril 2019, à 21h. La soirée avait pour thème : “Etant choriste qui suis-je ?”. L’objectif de cette soirée était d’enseigner et motiver les choristes pour le bon accomplissement de leur mission. Le pasteur de l’église de Niamakoro Sokoura et le comité des anciens étaient présents avec le pasteur Pierre Dacko de l’église de Bamako Coura, le parrain de la soirée était M. pascal Dembélé, la marraine, Mme Goïta Jeanne Téssougué ainsi que toutes les chorales invitées
A 20 h la chorale de Niamakoro Sokoura a commencé l’animation jusqu’à 21 h, les maîtres de cérémonie ont pris la parole pour souhaiter la bienvenue puis présenter le programme. Le vieux Jean pierre Doumbia a fait la prière d’introduction puis un chant d’ensemble a suivi.
M. Pascal Dembélé, le parrain a pris la parole en remerciant les invités présents puis a encouragé les choristes. Ensuite, les enfants de l’église de Niamakoro Sokoura ont chanté pour manifester leur joie. Le discours de la marraine a suivi. Elle a parlé sur les chants chrétiens et a montre sa joie tout en entonnant un chant puis a fait savoir aux choristes qu’elle aimait chanter.
Les prestations des chorales fut par ordre d’arrivée, toutes les chansons étaient sur le thème mais avec des mélodies différentes. 21 chorales ont fait des prestations (Banankabougou, Faladié-Séma, Sogoniko, Sénou, Faladié Sokoro, Fadiambougou, Yirimadio, Baptiste Béthel, Baptiste de Niamakoro, Sabalibougou, Djalobougou, Daoudabougou, Moussabougou, Magnambougou, Eglise Chrétienne de Daoudabougou, Kabala, Alliance de Quinzambougou, Golf-ACI, Hamdallaye-ACI, Niamakoro Secteur A). Le pasteur Pierre Dacko a exhorté les choristes à être “sel et lumière” du monde, de ne pas se comporter comme tout le monde le fait. Un panier de quêtes a circulé pour la construction de l’église. Le reste de la soirée fut animée par les choristes qui se passaient le relais pour chanter, les danseurs étaient formés en cercle. La soirée a pris fin à 5h du matin.
Dossier réalisé par
Doubahan Rachel Diarra
Mali Tribune