Sous l’impulsion des Présidents de Transition Assimi Goita et Mamadi Doumbouya, le Mali et la Guinée sont depuis quelques mois dans une dynamique de renforcement de leurs liens de coopération. Entretien avec Jean-François Marie Camara, enseignant – chercheur à la Faculté des Sciences administratives et politiques de l’USJPB sur ce rapprochement.
Comment expliquez-vous le rapprochement entre le Mali et la Guinée ?
On peut analyser ce rapprochement sous plusieurs angles. Sur un plan politique, les deux pays sont dans la même situation, une transition politique intervenue après des coups d’État. Géographiquement, ils partagent les mêmes frontières et au plan historique, ils ont la même histoire. Le Mali et la Guinée ont en outre besoin aujourd’hui de tisser des rapports qui vont faciliter le transit des marchandises maliennes par le port de Conakry, qui est plus proche de Bamako que celui de Dakar.
Une nouvelle page de l’histoire commune des deux pays est-elle en train de s’écrire ?
Je ne parlerai pas d’une nouvelle page, parce que pour moi elle a été ouverte par les pères de l’indépendance des deux pays, les Présidents Sékou Touré et Modibo Keita. Cette page est juste en train d’être réchauffée. Les autorités actuelles des deux pays sont en train de redynamiser les relations et liens historiques et de coopération très forts entre les deux pays. Si, aujourd’hui, les Colonels Assimi Goita et Mamadi Doumbouya décident de faire route ensemble, cela veut tout simplement dire qu’ils sont en train de suivre les pas tracés par leurs aînés.
Le rapprochement politique entre les deux pays pourra-t-il continuer au-delà des transitions actuelles ?
Cela pourra continuer, à condition que cela défende réellement les intérêts des peuples malien et guinéen. C’est pour cela qu’il faut que les accords établis aujourd’hui soient des accords gagnant – gagnant. Si c’est le cas, même après les transitions dans les deux pays, les présidents qui seront élus ne les remettront pas en cause.
La Guinée vient d’ouvrir une représentation du Port de Conakry à Bamako. Le Mali a également ouvert une représentation des Douanes maliennes au port de Conakry en août dernier. Quelles peuvent être les retombées pour les deux pays ?
Je pense que cela va faciliter beaucoup de choses pour les opérateurs économiques. Les deux États vont également y gagner, notamment à travers les retombées financières. Bon nombre de Maliens vivent du commerce et un important pourcentage des produits consommés au Mali est importé via les ports de la sous-région, notamment ceux du Sénégal et de la Côte d’Ivoire, alors que la Guinée est plus proche.
Source : Journal du Mali