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J’attends le héros qui débarrassera le Mali de son ennemi public n°1

Il n’y a encore pas si longtemps, le Mali était un pays qui rayonnait sur le plan international. Un pays touristique, connu et reconnu pour sa diversité, son patrimoine, sa musique, son ouverture et le chaleureux accueil de ses habitants. Un pays et un peuple jeune, en devenir, qui ne demandait qu’à s’épanouir, à se développer économiquement et à montrer toute sa richesse culturelle au monde entier. Mais certains en ont décidé autrement. Certains ont pensé que leur égo et l’argent du crime était plus important que tout, au point de faire sombrer le pays qui les a vu naître dans la violence et le sang. Certains, et surtout Iyad ag Ghali, devenu l’ennemi public n°1 du Mali.

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L’histoire de ce personnage est édifiante. Issu de la tribu des Ifoghas, il quitte tôt le pays pour chercher la réussite à l’étranger. Il rejoint finalement la légion islamique libyenne, auprès de laquelle il se forme au combat et à la haine des occidentaux. C’est une fois qu’il perd son emploi qu’il décide de revenir au Mali, à la fin des années 80. Il y revient pour y appliquer à l’encontre de ses compatriotes la seule chose qu’il a apprise dans les camps d’entraînement libyens : l’opportunisme, le combat et le mépris de l’autre.

 

A peine revenu, il s’autoproclame chef de la rébellion touarègue et organise des attentats. Son attaque à l’encontre des forces de sécurité de Ménaka, dès 1990, est restée dans les mémoires, car avec le recul, c’était un des signes des prémices de la barbarie qu’il n’a cessé de se répandre les années suivantes, jusqu’à voir le Mali sombrer dans le chaos. Mais Iyad ag Ghali n’est pas simplement belliqueux, il est stratège.

 

Dès l’année suivante, celui qui se prétendait chef touareg retourne sa veste sans scrupules, abandonne les revendications de l’Azawad et court se mettre au service de l’Etat malien et de l’Algérie. Sous le statut de négociateur, il termine la rébellion et signe l’accord de paix au détriment des siens qu’il disait défendre. Rejeté par les touaregs, qui s’estiment trahis, il fonde un nouveau groupe, le Mouvement national de l’Azawad. Et il brandit une nouvelle bannière, celle d’un fondamentalisme religieux inspiré par des prédicateurs radicaux venus du Pakistan, introduit au Mali à la fin des années 90. Mais il prétend encore à ce moment refuser le terrorisme et la charia, conscient que la population s’y opposera de toute façon. Tout au long de son parcours Iyad ag Ghali aura le besoin de se revendiquer leader d’un groupe et porteur d’une cause, quelle qu’elle soit, et tant que ça rapporte gros. Malgré sa prétendue révélation spirituelle, cela ne l’empêchera pas de continuer à tremper dans les trafics de toutes sortes, de drogue en particulier. Hypocrite et malsain personnage…

 

Dans les années 2000, il vire donc à nouveau de bord et se reconverti dans le juteux business des otages, au service d’Alger et de Bamako, pour lesquels il fait le lien avec le GSPC. Du lion, il ne possède en réalité que la sauvagerie, c’est le flair du canidé qui le caractérise le mieux. L’animal a bien senti le profit rapide et facile à tirer et c’est grâce aux commissions qu’il touche qu’il se constituera la richesse qu’on lui a connue, sur le dos du malheur d’autres. Quelques années plus tard, la rébellion touarègue se ravive et Iyad ag Ghali change une nouvelle fois de posture, fonde l’Alliance démocratique pour le changement et se retourne contre ses anciens amis du GSPC, qui bientôt deviendra AQMI.

 

A partir de 2006, coup à coup, il se replace au service de l’Etat malien et des Algériens et signe l’accord de paix au détriment du nord, mais qu’importe pour lui. Il se tourne vers les services américains, à qui il vend ses anciens amis d’AQMI, puis il se fait nommer ambassadeur à Djeddah. En Arabie Saoudite, il se rapproche là aussi de mouvances religieuses extrêmes, ce qui lui vaut de se faire expulser d’un pays pourtant connu pour son fondamentalisme. Et de retour au Mali, il décide cette fois de s’associer à AQMI, qu’il s’attachait à dénoncer encore peu de temps avant, et pour le compte de qui il reprend son macabre business des otages.

 

En 2011, lorsque les tensions reprennent dans le nord sous l’impulsion d’Ibrahim ag Bahanga, il tente de s’imposer comme chef, sans succès. Il réclame alors d’être chef des Ifoghas, mais c’est un autre, Alghabass ag Intallah qui sera désigné, car les touaregs se rappellent encore ses stratagèmes qui ont conduit auparavant à faire taire leurs revendications. Qu’à cela ne tienne, il forme donc un énième mouvement avec l’aide d’AQMI : Ansar-Dine… Il s’appuie sur la misère, tel un marchand d’esclave capitaliste, pour recruter ses candidats au jihad : pour lui, l’être humain est une denrée consommable et périssable… Dès lors, les combats montent en puissance au Mali, les attaques terroristes se multiplient et les jihadistes se répandent sur le territoire, laissant une trainée de sang derrière eux. Un an après le coup d’Etat de Sanogo, en 2012, Iyad ag Ghali se joint aux combattants d’AQMI, du MUJAO qui visent désormais la capitale. Mais au lancement de Serval, il court se réfugier au Burkina Faso, où il est surpris à passer du bon temps dans un hôtel de luxe de la capitale voisine, pendant que le Mali tout entier souffre au grand jour.

 

Un peu plus de deux ans après le début de l’intervention française au Mali, dans son délire funeste et obsessionnel, c’est tout le pays qu’Iyad ag Ghali voudrait. Mais Ansar-Dine, comme les autres mouvements terroristes au Mali plus généralement, s’effritent progressivement notamment par manque de ressources financières. Aussi parce que le Mali veut la paix : du nord au sud en passant par le centre. Bien que des attaques ponctuelles subsistent, il ne faut par nier cela, elles ne sont que des soubresauts de groupes narco-jihadistes moribonds, dont les adeptes ne connaissent rien d’autre que la violence et l’appât du gain, et qui sont sans relâche traqués et mis à mal par les forces de sécurité nationales et internationales.

 

Pour autant, Iyad ag Ghali reste introuvable. Et pour cause, celui qui a été également qualifié de caméléon, cet animal capable de changer de couleur pour mieux se protéger, est lâchement planqué en Algérie, où il possède des biens, avec son épouse et les quelques fidèles qui lui restent. Désormais, l’animal revendique de sa niche les attaques menées par les jihadistes qui ont proliféré par sa faute au Mali.

 

Dangereusement présenté par ceux de sa bande comme un personnage de roman charismatique, Iyad ag Ghali n’est rien de tout cela. Il n’est rien d’autre qu’un lâche terroriste, un serpent rampant assoiffé de sang et manipulateur. Le seul héros de cette triste histoire, sera celui qui lèvera la tête et aura le courage de nous en débarrasser définitivement de l’ennemi public n°1 du Mali. Contrairement aux assassins djihadiste qui meurent dans l’oubli de tous, le nom de cet héros national rentrera dans les livres d’histoire nationaux et il est certain que sa vie entière il sera mis à l’honneur et récompensé.

 

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