Christian Rouyer, ex-ambassadeur de France au Mali
S’il est venu deux ans avant le crépitement des armes, c’est presque dans un pays en guerre que Christian Rouyer a été posté. Il prendra la mesure des défis ses valises à peine posées. Elles ne seront d’ailleurs jamais posées. Car s’il dit tout haut ce que bien d’autres diplomates et même des citoyens lambda pensent tout bas concernant l’espèce de déni ou de dédramatisation hypocrite des périls du Nord malien, il montre aussi qu’il porte notre pays dans le cœur. Ségou, Sikasso, Mopti, Kayes, Tombouctou, les débats, les soirées culturelles : il ne s’accorde aucun répit. Sans complaisance sur notre gouvernance dont il craignait l’effet-boomerang.
Mais sans discourtoisie. C’est la mort dans l’âme qu’il voit au fil des mois la moitié de ce beau pays passer à l’alerte rouge. C’est aussi la mort dans l’âme que nous voyons partir ce semeur presqu’à l’heure de la moisson. Christian quitte ses fonctions d’ambassadeur du Mali demain. Mais rares sont ceux qui se seront autant battus pour mériter leur statut de « Malien ».
A notre atypique « compatriote » donc, nous disons janjo pour ses efforts personnels pour son « pays » le Mali, avant et pendant la crise. Hier et aujourd’hui. Les nuits à l’aéroport pour sauver des vies ; le bistouri là où il fait mal mais pour tenter de crever l’abcès. Janjo à une heure historique de la nouvelle relation France-Afrique. Janjo parce qu’il mérite cet hymne à la bravoure. Janjo parce que ce pays aime toujours ceux qui l’aiment. Comme Christian qui, nous en avons le pressentiment, reviendra bientôt partager avec de paisibles chameliers un verre de thé et un morceau de datte dans nos oasis libérées.
Adam Thiam