Le Mujao vient de revendiquer l’enlèvement, samedi, des cinq humanitaires du CICR entre Kidal et Gao. Au-delà de la désillusion qu’elle crée quand nous pensions que les rapts et promenades impunies des terroristes dans le septentrion malien relevaient désormais du mauvais souvenir, la nouvelle autorise quelques constats alarmants. D’abord, celui que le narco-jihadisme est décidé à ne plus faire de quartier. Non seulement les humanitaires peuvent passer à la casserole eux qui avaient été épargnés même par le cruel feu Abuzeid, lequel avait autorisé le couloir humanitaire aux premières heures de l’occupation de Tombouctou.
Mais les occidentaux ne sont plus les seules cibles, s’ils restent les privilégiés des mercuriales du rapt. Les locaux peuvent eux aussi être pris en otage. La preuve est que les nouveaux prisonniers du Mujao sont des Touareg, autochtones de la région. Il est vrai que le Mujao avait, auparavant, enlevé à Gao, des diplomates algériens. La seule différence avec cette époque est que maintenant, cohabitent dans le Nord, l’armée malienne, les troupes onusienne et les soldats français. On a beau être en guerre asymétrique, on ne peut éviter de se demander pourquoi le Mujao peut autant prospérer. Car n’oublions pas que le massacre d’une trentaine de Touareg, le 6 février dans le Cercle de Gao, lui est aussi imputé, à travers le contingent Peulh de la nébuleuse. Ce n’est sans doute pas le mot de nébuleuse qu’il faut. Puisque les narrations venant du Nord leur prêtent d’avoir pignon sur rue, pourvu que l’on quitte les capitales régionales. Que s’est t-il donc passé et que se passe t-il ? Le Mujao a limité les casses là où Aqmi a payé le prix fort ? Comment ce mouvement reprend t-il du poil de la bête ? D’une manière générale, le mouvement jihadiste tente t-il, avec quelque succès, de récupérer ses positions dans le Sahel malien ? Y a-t-il entre Djebock à Gao et Oubari en Libye des vases communicants ? Que des questions. Mais que de questions appelant des réponses urgentes. Pour le stabilité du Nord, la sincérité de la lutte contre le terrorisme, l’efficacité et la crédibilité des troupes présentes.
Adam Thiam
Source: Lerepublicainmali