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Intox et désintox: 26 mars, les tares assassines

En perte de vitesse certes, la commémoration du 26 Mars, cette année, était l’occasion de jeter un regard critique sur 25 ans de pluralisme démocratique dans notre pays. Les témoignages des acteurs du Mouvement démocratique ont, de ce fait, occupé la manchette des canards, cette semaine. Leur dénominateur commun, est que les fruits n’ont pas tenu la promesse des fleurs, nonobstant les avancées significatives enregistrées, en termes de satisfaction de la demande sociale, politique et économique. Face au foisonnement de l’INTOX, nous faisons la DÉSINTOX.

Ali Nouhoun diallo president dialogue intergenerationnel

Le rétro pédalage
Intox
Le Pr Ali Nouhoun DIALLO, acteur majeur du Mouvement démocratique, actuel N° 2 de l’ADEMA Association, dans les colonnes du confrère ‘’L’Essor’’, déclare : « Je suis heureux de dire que des hommes et des femmes ont vite compris qu’il faut réactiver, ressusciter les associations qui ont contribué à l’avènement du 26 Mars 91 ».

Désintox
Désolé, mais ce n’est pas un problème d’associations, de dénomination ; mais bien un problème de personnes, de faux prophètes. Si compréhension rime avec retour à l’instrumentalisation de jeunes sans perspectives d’avenir, en quête de lendemains meilleurs, alors vos hommes et femmes n’ont rien compris. Enfin ! Ils n’ont pas compris que les Maliens ont compris qu’ils ont été des moutons de Panurge et qu’ils entendent changer de statut, passer de manipulés en décideurs responsables qui prennent en main leur propre destinée. La prévarication de ces associations, leur scissiparité sont arrivées à bout de leur crédibilité pour songer à les ramener d’entre les morts, eux dont les fantômes troublent toujours le quotidien des Maliens. On disait qu’il y avait une frontière entre les vivants et les morts. Alors que chacun reste dans son monde.
Le Professeur a ajouté : « Il y a aujourd’hui des associations qui se sont constituées comme des sentinelles de la démocratie, comme des objecteurs de conscience, comme des forces d’interpellation ».
Qu’elles objectent d’abord leur propre conscience, ces associations qui, telles des sangsues, vivent du sang des pauvres populations devenues un fonds de commerce extrêmement juteux. Qui veut-on berner ? La quasi-totalité ne fait que du militantisme alimentaire servant de faire valoir à tous les régimes qu’elles applaudissent à tout rompre, à tous les coups.
Ayant encore une dent longue contre la bande à SANOGO, il dénonce : « Aussi, les auteurs du coup d’État du 22 mars 2012 ont voulu tuer le Mouvement démocratique, mais ils ont échoué ».
C’est le Mouvement démocratique qui s’est tué en trahissant l’idéal du 26 Mars et les naïfs militaires, comme dirait l’autre, « les soudards » de Kati ont commis : l’erreur monumentale de transporter le cercueil, croyant apporter une sépulture digne à un corps abominé. Du reste, il est facile de jeter la pierre à ces militaires. Sinon, que dire du Général en chef des troupes scolaires et estudiantines, appelées peu avant le renversement de GMT « armée rouge » ? Oumar MARIKO, El Diablo, c’est de lui qu’il s’agit. Il n’a pas fait que pactiser, il s’est battu bec et ongle pour devenir Premier ministre par la grâce de putschistes fratricides, négateurs du serment de défendre la Patrie (c’est sous leur scandaleux règne qu’en 3 jours, les ¾ du territoire sont tombés entre les mains de la coalition djihado-terroristes et rebelles). Pis, MARIKO, « démocrate convaincu et patriote sincère » n’était certainement pas le seul à se rendre nuitamment à Kati. Vous assez assassiné votre bébé ; ressuscitez-le ou enterrez-le dignement.
Le Pr DIALLO reste malgré tout optimiste : « mais nous avons dit que personne ne réussira à tuer le Mouvement démocratique ».
Cela est exact Professeur. Il fallait juste préciser (la précision est le propre des chirurgiens) « personne d’autre que nous. Parce que qui mieux que les fabricants du monstre pour l’annihiler. Bravo, après avoir bouffé ceux avec qui vous avez revêtu la peau du tigre, pour évincer GMT du pouvoir, le monstre peut à présent mourir de sa belle mort après de bons et loyaux services rendus à la démocratie, pardon à ceux qui en ont fait la courte échelle d’une ascension sociale fulgurante. La vérité rougit les yeux, elle ne les crève pas. Si beaucoup de démocrates qui constituent aujourd’hui une bourgeoisie compradore latifundiaire, l’idéal était bien ailleurs et il l’est aujourd’hui encore plus.

Les impératifs du moment
Intox
Abdoulaye DEMBELE, président de l’Association pour la défense des victimes de la répression (ADVR), dans une courte interview accordée au confrère ‘’Le Pouce’’, rappelle : « Parce que l’année dernière, des propos contradictoires ont été tenus lors de la conférence-débat ».

Désintox
Les démocrates ne peuvent plus parler le même langage, conjuguer le même verbe, aux mêmes temps. La raison ? Chacun défend désormais son propre beefsteak. Aujourd’hui, démocrates et restaurateurs se donnent la main pour une gestion harmonieuse et alternée du pouvoir, au nom d’une prétendue réconciliation nationale, qui ne peut logiquement pas faire de place aux grincheux de l’ADVR. C’est à croire que ce sont les marginaux désespérés qui s’accrochent encore à un 26 Mars qui n’est plus qu’une coquille vide. 25 ans après la Révolution, les victimes sont encore victimes de… l’oubli, du mépris.

L’arbre qui cache la forêt
Intox
Tiébilé DRAME, fait remarquer : « Comparez les 25 années avant Mars aux 25 années après Mars : le nombre de salles de classe, de lycées, de centres de santé, de forages, de puits creusés, de kilomètres de route, de logements construits, le nombre de Maliens ayant accédé à l’électricité, à l’eau potable, au téléphone, à la radio, à la télévision et à la presse imprimée ».

Désintox
Pour une fois que le Bélier en chef sort de son nihilisme confortable d’opposant. Les attentes sont nombreuses et touchent tous les segments de la société. Pour autant, l’on ne peut nier que de gros efforts ont été déployés par les régimes successifs pour améliorer les conditions de vie des Maliens. Ce chapelet de progrès réalisés, égrenés par le plus teigneux des opposants, lui-même, ne peut passer pour perte et profit. Par contre, la persistance des attentes reste un défi permanent pour les autorités en place. Parce que l’on ne peut s’abriter derrière des acquis pour ne pas résoudre les problèmes qui se posent avec acuité. Ceci dit, il ne faut quand même pas s’attendre à ce que se réalise ‘’le tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles’’. Ce serait la béatitude qui n’est pas de ce monde. Restons bien en phase avec la réalité. Chaque jour est un combat qu’il faut gagner, en tout cas se battre pour le gagner.
Le Bélier en chef poursuit : « Mars 1991 était une étape de la longue quête de liberté et de justice du peuple ». Bien dit. Sauf que l’étape est devenue la destination de certains, de ces nombreuses personnes qui ont bravé les belles et les gaz lacrymogènes et le tremplin pour d’autres qui savourent les délices d’une ascension sociale à toute épreuve. Dans tous les cas, Mars 91 a consacré la séparation des routes. Il y a, d’une part, ceux qui ont une soif inaltérable de liberté et de justice ; d’autre part, il y a ceux qui sont repus. 25 ans après Mars 91, des gens sont embastillés pour une sordide affaire de ‘’Maîtresse du président’’ ; 25 après, il y a les enfants qui peuvent étudier dans les universités les plus prestigieuses, à travers le monde, il y a aussi ceux qui doivent endurer des années scolaires tronquées et différées avec des programmes qui n’offrent que peu de perspective d’emploi. Sans verser dans un pessimisme noir, il serait plus exact de dire que la quête de liberté et de justice du peuple s’est muée en mirage. Il y a ceux qui poursuivent encore et toujours un rêve et il y a ceux qui l’ont réalisé. C’est hélas cela, le visage hideux de la Révolution de Mars 91.
Nostalgique ou illusionniste ? Tiébilé DRAME rappelle : « L’esprit de Mars 91, c’est le refus, la résistance; l’esprit de Mars 91, c’est la lutte ». Point besoin de dire que cet esprit est mort de sa belle mort. Désormais quand on lutte, c’est pour des strapontins, des prébendes, le confort personnel ; rarement, sinon jamais, pour l’intérêt général. Pour cette course effrénée au bonheur personnel, la morale est envoyée en congé pour tout accepter et ne résister à aucune tentation désirée de toutes les forces. Tout s’achète et tout le monde est achetable. Tout se vend et tout est vendable. 25 ans après la Révolution, une introspection s’impose. Quel genre de Maliens sommes-nous devenus ? Moussa a-t-il été balayé pour lui substituer un système de rapine plus sophistiqué ? Ces questions interpellent toutes les consciences.

L’espoir assassiné
Intox
Oumar MARIKO, leader estudiantin devenu homme politique, fait un diagnostic sans appel du Mouvement démocratique : « Le Mouvement démocratique est mort au pouvoir en termes d’idéal à attendre, vaincu par les vices qu’il a voulu combattre. Mais le peuple malien invaincu continue son combat ».

Désintox
C’est juste cette confession que les Maliens voudraient obtenir, même si ce n’est qu’un secret de polichinelle. Elle pourrait peut-être donner la force de surmonter les immenses déceptions et désillusions de l’après 26 Mars. Pour une analyse aussi sincère, sans fioritures, venant de surcroît d’un acteur de premier ordre du Mouvement démocratique, chapeau MARIKO.

Un idéal perverti
Intox
Cheick Oumar SISSOKO, acteur du Mouvement démocratique et président du parti SADI jusqu’en 2014, abonde naturellement dans le même sens « que reste-t-il de l’esprit du 26 Mars 1991 ? Si cette question était un sujet d’examen, j’aurais répondu en un mot, un seul : RIEN ! »

Désintox
Prions pour qu’on ne s’avise pas de donner un tel sujet à des élèves. Ce serait les enterrer vivants et l’avenir du Mali avec eux, tant cet esprit du 26 Mars a été perverti. En effet, si l’esprit du 26 Mars c’est remplacer une classe sociale par une autre, une pratique moins affinée qu’une autre plus pernicieuse, il vaut vraiment mieux qu’il n’en reste rien.

La substitution de modèles
Intox
Selon le Pr Issa N’DIAYE « Le parti unique constitutionnel, tant décrié en raison de son fonctionnement non démocratique, a cédé la place à une multitude de partis uniques reposants sur le même modèle, faisant trop de place au leader qui a fini par vite s’en approprier ».

Désintox
Comme dirait l’autre, les démocrates d’hier ne sont pas si démocrates qu’ils ont voulu le faire croire. Le multipartisme intégral, réclamé à cor et à cri, a fini par révéler le vrai visage de nombre de ses défenseurs. Des autocrates qui ne tolèrent aucune voix discordante au sein du parti qui est géré de façon patrimoniale. Du choc des idées jaillit la lumière ? Diantre ! Nos démocrates convaincus et patriotes sincères n’en ont que dalle. Dans tous les cas, la seule lumière est celle qui provient d’eux qui sont haut perchés. Tout le reste rime avec subversion, travail fractionnel, indiscipline et tutti quanti. Des expressions qui permettent de garder la troupe très docile, alors que le chef s’arroge tous les droits et privilèges. Voici qui fragilise nos démocrates. Quand on n’a pas la notion de redevabilité à l’intérieur de son parti ; il est difficile de l’exiger des autorités.

Une menace réelle
Intox
Le Pr Issa N’DIAYE prévient : « (…) les frustrations d’une jeunesse aux abois et l’absence de perspectives constituent une menace réelle pour le pays ».

Désintox
Une menace réelle pour le pays. Oui, en ce sens que son développement harmonieux est hypothéqué. Mais aussi, une menace pour ceux dont la faillite personnelle et collective a obstrué l’horizon. En 1991, les jeunes s’étaient soulevés parce que l’horizon était bouché. 25 ans après ce soulèvement populaire, l’horizon semble plus que jamais bouché, pour les Maliens d’en bas. Et Dieu sait qu’ils sont légion.

L’opportunisme rampant
Intox
Issa N’DIAYE qui ne fait pas dans la dentelle fustige : « La ruée vers les avantages liés à l’exercice du pouvoir a conduit à des alliances opportunistes ».

Désintox
Exact ! Les alliances ne sont plus qu’opportunes ; elles sont également et surtout opportunistes sous nos cieux démocratiques et républicains. Ce qu’on a appelé naïvement alliances contre nature, comme si la nuit tous les chats n’étaient pas gris. Pour rendre ces alliances plus digestes, l’on a eu recours à des théoriciens qui ont savamment distillé les concepts de consensus, d’unanimismes, de compromis (ou compromission) présentés, à grand renfort de matraquage psychologique, comme une originalité malienne garantissant la paix sociale et la stabilité. Que nenni ! En réalité, il s’agit de justifier l’injustifiable, au regard de la morale bien comprise ; de se donner bonne conscience, tout en fricotant, même avec le diable. Et la masse silencieuse des électeurs dans tout cela ? Elle est flouée, victime d’une escroquerie intellectuelle de la part d’une poignée de démocrates qui la fait tourner en girouette au gré de ses intérêts alimentaires personnels du moment. Ces pauvres hères, stoïques, mais non sans cœur, comme quelqu’un le prétendait, il y a 25 ans, dont le regard accusateur devrait filer comme une sagaie qui transperce tout cœur sensible. Hélas, la jouissance du pouvoir ne s’accommode guère des sensibilités béates.

Œuvre inachevée
Intox
Parmi les choses importantes qui restent de l’esprit du 26 Mars, Mme SY Kadiatou SOW cite : « la conquête du pouvoir se fait désormais par les urnes. Cela est très important ».

Désintox
Ce qu’il est surtout important de souligner à ce niveau est que la conquête du pouvoir se fait très souvent à coup d’urnes bourrées, d’achat de conscience, de trafic d’influence. Au finish, nous avons des gens légalement élus, mais ne justifiant d’aucune espèce de légitimité, surtout lorsqu’il n’y a que 10 % de la population qui se donne la peine d’accomplir son devoir civique d’aller voter. L’effet boomerang de cette désaffection des urnes est que les populations ne demandent aucun compte aux élus et ces derniers non plus ne se sentent tenus par l’obligation de redevabilité. Ces élus sont intronisés pour faire le laisse-guidon durant les 5 ans de leur mandat, pendant que la population souffre son martyre. Une situation atypique qui n’honore aucune démocratie sérieuse. Là, il y a certainement une œuvre inachevée. De part et d’autre (candidats et électeurs), l’on devrait se remettre en cause pour que l’idéal soit un objectif réalisable. Parce que, Octave Mirbeau disait dans la ‘’La Grève des électeurs’’ : « surtout, souviens-toi que l’homme qui sollicite tes suffrages est, de ce fait, un malhonnête homme, parce qu’en échange de la situation et de la fortune où tu le pousses, il te promet un tas de choses merveilleuses qu’il ne te donnera pas et qui n’est pas d’ailleurs, en son pouvoir de te donner. L’homme que tu élèves ne représente ni ta misère, ni tes aspirations, ni rien de toi ; il ne représente que ses propres passions et ses propres intérêts, lesquels sont contraires aux tiens. » Et que Henry Louis Mencken, soutenait : « chaque élection est une sorte de vente aux enchères par avance de biens à voler. »

Adieu la vertu
Intox
La dame de fer, comme on l’appelle, n’a pas que des motifs de satisfaction par rapport aux progrès réalisés depuis Mars 91. Elle ne le cache pas : « je regrette aussi qu’il y ait un laisser-aller comme s’il y avait une sorte de consensus autour de la pagaille ; chacun pense qu’il faut avoir sa part ».

Désintox
L’expression exacte est une culture de l’impunité développée et entretenue de la famille aux plus hautes sphères de l’État et vice-versa. Quand dans la famille, l’enfant prend les rênes du pouvoir, impose et en impose à ses parents, cela se déteint sur la société. L’État, en tant que pouvoir, chargé de faire régner l’ordre et la discipline n’est guère mieux loti que les familles qui ne sont plus que l’ombre d’elles-mêmes, toute proportion gardée. Ainsi, en fait de consensus, la pagaille est devenue l’ordre normal des choses. Le marginal, dans le Mali démocratique, est celui qui est à cheval sur les principes. Il est celui qui dérange et qu’il faut impérativement abattre pour avoir libre accès au gain facile. Cela est normal, parce qu’il est une inversion de l’échelle des valeurs. La défense de l’intérêt général et la probité sont devenues des concepts obsolètes auxquels très peu de personnes font désormais référence. Seule compte la puissance financière qui bouscule tous les ordres de préséance. Mais pour sortir des regrets qui peuvent miner de l’intérieur, les révolutionnaires de Mars 91 pourraient intégrer ce que disait Jeffrey Tucker : « les gens entrent en politique pour changer le monde. C’est une mauvaise idée. La seule bonne raison d’entrer en politique est de balayer le pouvoir pour permettre au monde de se changer lui-même. » Un tel changement nécessite un réel ancrage de la démocratie. Ce qui n’est pas encore le cas dans notre pays, pourtant longtemps présenté comme un modèle de réussite en Afrique. Comme quoi, l’alternance pacifique au pouvoir ne devrait pas trop prendre le pas sur les autres critères en matière de démocratie sous nos tropiques.
Mme SY qui n’est pas au bout de ses regrets ajoute à sa liste d’échecs : « des partis qui deviennent des GIE (ndlr : Groupement d’intérêt économique). Ça, c’est un regret ». On ne pouvait pas mieux trouver pour qualifier ces partis politiques qui ont poussé comme une génération spontanée à la faveur de l’ouverture démocratique et du pluralisme politique. En réalité, l’affairisme outrancier est une autre corde à l’arc des politiques autocratiques et monarchiques. Pouvait-il en être autrement ? La preuve a été donnée que la politique est le plus court chemin pour gravir les échelons. L’appartenance politique suffit à sauter de nombreux verrous, pour une promotion sociale fulgurante. Autant s’engouffrer dans toutes brèches. Ce, avec pour conséquence de fouler au pied la culture du mérite qui est la seule à pouvoir sortir véritablement notre pays de son énorme retard de développement. Paradoxalement, ceux qui professent, la main sur le cœur, leur amour débordant pour le Mali, sont les plus actifs dans le négoce politique pour la satisfaction d’intérêts purement personnels.
La première femme Gouverneur du district de Bamako, fait remarquer au passage : « même ceux qui se sont battus contre l’avènement de la démocratie profitent aujourd’hui de la situation actuelle ». Oui, Madame SY, c’est cela l’ironie de l’histoire. Hier comme aujourd’hui, ils défendent leur beefsteak bien emballé dans le bras séculier des forces de l’ordre ou dans un alléchant projet de société. Donc, leur état d’âme est dicté par les intérêts du moment à défendre. Au demeurant, Robert Heinlein ne disait-il pas : « Les étiquettes politiques – royaliste, communiste, populiste, fasciste, socialiste – ne sont pas pertinentes. Le genre humain se divise politiquement entre ceux qui veulent contrôler la vie des autres, et ceux qui n’éprouvent pas ce besoin ? » Les irréductibles défenseurs du parti unique constitutionnel se sont mués dans la peau de démocrates. Et manifestement, ils tirent bien leur épingle du jeu. C’est l’air du temps.

L’obstination politique
Intox
S’il y a un mérite à reconnaître au Pr Oumar KANOUTE, c’est sa constance idéologique et sa fidélité au parti unique constitutionnel. Il défend, en effet :
« Aujourd’hui avec le recul, il apparaît que l’UDPM n’était pas arc-bouté dans une position de refus systématique du pluralisme ».

Désintox
25 ans après la chute du régime de GMT, le Pr KANOUTE garde sa ligne de défense : l’UDPM n’était pas opposé à l’instauration du pluralisme, mais axait plutôt le débat sur le quand et le comment de cette instauration. Cette défense n’a pas marché à l’époque, elle marchera encore moins aujourd’hui. Cette présentation apologétique du parti unique a d’autant moins de chance de prospérer qu’à la même époque, dans les mêmes circonstances d’autres ont reculé pour faire place à la volonté populaire. Ils n’étaient certes pas nombreux, mais l’on peut citer le cas du Bénin où Le Président KEREKOU après la conférence nationale a rendu le pouvoir aux démocrates, pour revenir quelques années plus tard sous le même manteau de démocrate. Image d’Épinal du parti unique a été sérieusement entamée par son jusqu’au-boutisme. Il a considéré une demande populaire comme une défiance. Il s’est lancé dans une logique périlleuse de ‘’à la guerre comme à la guerre’’, jusqu’à atteindre le point nodal de cette nuit du 25 au 26 Mars où les militaires se sont résolus à prendre le pouvoir. Comme les putschistes à la conférence nationale, les défenseurs du parti unique seraient mieux inspirés de faire amende honorable, au lieu de concocter et de servir une histoire bancale. Parce qu’il faut être dans la lune pour expliquer une aussi affreuse erreur de jugement de l’histoire.

Le mono partisan, recyclé en démocrate, n’y va pas de main morte avec certains acteurs du Mouvement démocratique présentés comme de vils opportunistes. Il soutient : « pour les tenants de ce groupe, le 26 Mars a été un moyen d’accéder au pouvoir et aux richesses ». Cela est un jugement de valeur. Et cause, le combat des manifestants était concentré sur l’ouverture politique, le pluralisme intégral, l’amélioration des conditions de vie et de travail. Il n’est de ce fait pas abusif de soutenir que c’est au détour d’un accident de l’histoire que ces démocrates se sont retrouvés au pouvoir. 25 ans après la Révolution, beaucoup d’acteurs reconnaissent qu’ils ont été placés devant une situation à laquelle ils n’étaient pas nécessairement préparés. Il fallait s’assumer et ils l’ont fait comme ils le pouvaient. Ceci dit, comme beaucoup d’acteurs le reconnaissent également, certains en ont profité. Mais cela est dans la nature de ce genre de mouvements populaires où certains croient tenir leur chance. Quel qu’en soit ce dont ils peuvent être accablés, ils ne sont pas plus opportunistes, eux qui ont opté pour le changement de certaines pratiques en cours, que ceux qui ont combattu, à visage découvert, l’avènement de la démocratie et qui en profitent aujourd’hui pleinement. Cela aussi, il faut le dire, même si la Constitution dispose en son article 2 : ‘’Tous les Maliens naissent et demeurent libres et égaux en droits et en devoirs. Toute discrimination fondée sur l’origine sociale, la couleur, la langue, la race, le sexe, la religion et l’opinion politique est prohibée’’.
C’est vraiment un humour au vitriol de la part des anciens dignitaires de l’Union démocratique du peuple malien (UDPM) que de montrer la crête sur la tête du voisin et d’ignorer la sienne.
Enfonçant le clou de la dénonciation et de l’accusation, le secrétaire général de l’avatar de l’UDPM, rappelle : « à l’euphorie des journées chaudes va cependant très vite succéder le temps du désenchantement ». Tout le monde reconnaît également que quand on est euphorique, on est plus au contact de la réalité. L’euphorie par essence est faite pour retomber pour que la réalité ait de nouveau droit de cité. C’est peut-être exact qu’il a été promis monts et merveilles aux manifestants pour les galvaniser. Mais ne saurait honnêtement non plus nier que nombre des objectifs ont été atteints. Mme SY a parlé, à cet effet, de l’appartenance désormais de la souveraineté au peuple ; la réalisation de l’aspiration de gens qui voulaient participer à la gestion de leurs affaires au niveau national comme au niveau local ; l’existence d’un formidable essor de la vie associative. À cela, l’opposant Tiébilé DRAME ajoute en termes de progrès réalisés : le nombre de salles de classe, de lycées, de centres de santé, de forages, de puits creusés, de kilomètres de route, de logements construits, le nombre de Maliens ayant accédé à l’électricité, à l’eau potable, au téléphone, à la radio, à la télévision et à la presse imprimée. S’il y a eu désenchantement, c’est par rapport à d’autres objectifs, tels la corruption, le clientélisme, le népotisme, le délitement de l’éducation… Au demeurant, fait remarquer l’ancien Premier ministre, Soumana SAKO : « Nous savons aussi que, à travers l’histoire et sur tous les continents, à la phase d’euphorie générée par la chute d’une dictature, suit toujours une phase de déception, car les problèmes structurels ne peuvent pas se résoudre sur une courte période comme par un coup de baguette magique ».

Un nombrilisme exacerbé
Intox
« (…) nous avons conçu et mis en œuvre, en consultation avec l’UNTM et contre l’avis du FMI qui s’opposait à toute augmentation de la masse salariale, une solution alternative consistant à accorder une plus grande augmentation aux bas salariés »

Désintox
C’est le même discours invariable qui finit par être lancinant et mélancolique chez cet homme. « J’ai fait » ; « nous avons fait », et tutti quanti. C’est la rengaine qu’il a servie tout au long de sa très moyenne campagne présidentielle que Zou remet au goût du jour. C’est à croire que c’est le seul disque qu’il dispose et qui est joué en toute circonstance et en tout lieu. Il est important de savoir que certains Maliens ont agi avant les acteurs de la Transition, et que d’autres agiront après, dans l’intérêt supérieur du Mali. Le travers d’un nombrilisme exacerbé commence à lasser les Maliens qui, faut-il le souligner n’ont pas l’intention de vivre dans le passé de certains nostalgiques, mais d’espoir et d’avenir plus radieux.

 

Source: info-matin

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