POLITIQUE – Sur le grill. Emmanuel Macron renoue avec la (presque) traditionnelle interview du 14 juillet après l’avoir boudée pendant son premier quinquennat, à l’exception de l’été 2020. Le chef de l’État va répondre aux questions des journalistes Caroline Roux et Anne-Claire Coudray à partir de 13h10 ce jeudi sur TF1 et France 2.
Un rendez-vous attendu, après le défilé militaire, puisqu’il s’agit du premier entretien du chef de l’État depuis sa réélection en avril. Et les dossiers chauds sont nombreux à l’heure où débute une nouvelle ère politique aussi incertaine qu’inédite.
Outre ses difficultés actuelles, entre la perte de la majorité absolue à l’Assemblée nationale, les premiers pas difficiles de son gouvernement ou les révélations autour des Uberfiles, Emmanuel Macron devrait être interrogé sur les sujets qui préoccupent les Français, du pouvoir d’achat au rebond épidémique.Le HuffPost fait un tour d’horizon des questions auxquelles le président de la République va devoir répondre.
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Le pouvoir d’achat des Français
À ce sujet, Emmanuel Macron va devoir se livrer à une sorte de service après-vente des mesures récemment annoncées par son gouvernement pour protéger le pouvoir d’achat des Français.
Après déjà plus de 25 milliards d’euros mis sur la table depuis l’automne 2021, pour atténuer en particulier la hausse des prix de l’énergie, l’exécutif a présenté dans deux textes (un projet de budget rectificatif et une loi pouvoir d’achat) une nouvelle salve d’aides, chiffrée à “une vingtaine de milliards d’euros” selon le ministre de l’Économie Bruno Le Maire. De nouvelles enveloppes – un chèque alimentaire de 100 euros ou les revalorisations anticipées de 4% des pensions de retraite et des prestations sociales – censées contrer les effets de l’inflation sur les ménages.
Le locataire de l’Élysée va ainsi s’attacher à défendre les contours de ce texte phare dont l’examen a déjà commencé en commission. Une opération pédagogie bienvenue avant les débats dans l’hémicycle le 18 juillet, tant l’issue apparaît incertaine, surtout après le camouflet subi par la majorité sur sa loi sanitaire. Peut-être en profitera-t-il aussi pour glisser de nouvelles annonces?
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Le rebond épidémique
Le premier texte de la mandature porte effectivement sur la crise du Covid-19, à l’heure où la France connaît sa septième vague épidémique. “Il semblerait que nous atteignions très probablement le pic” des contaminations, a expliqué le ministre de la Santé François Braun mercredi sur RTL. La veille, la Direction générale de la Santé recensait 182.006 nouveaux cas par jours, contre 206.554 une semaine plus tôt.
Emmanuel Macron fera sans doute le point lui aussi sur la situation, même si le retour des restrictions, comme le port du masque dans les transports, n’est pas sur la table. Il devrait également être interrogé sur le projet de loi de son gouvernement dit de “sécurité sanitaire”, adopté mercredi à l’Assemblée nationale, mais amputé d’un article clé sur un possible retour du pass sanitaire aux frontières, auquel se sont opposés le RN, LFI et LR.
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La vague de chaleur
Alors que la France est plongée dans une deuxième vague de chaleur en à peine un mois, avec son corollaire, des feux de forêt dans le sud du pays, Emmanuel Macron ne manquera pas de s’attarder sur l’une de ses priorités affichées: la lutte contre le dérèglement climatique.
“L’été sera chaud. Qu’avez-vous prévu?”, a lancé l’écologiste Sandrine Rousseau au nouveau ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, mardi lors des premières questions au gouvernement. De quoi donner le ton, mettre la pression sur l’exécutif. Et inspirer le chef de l’État ou les journalistes qui vont l’interroger?
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Le blocage à l’Assemblée nationale
D’autres questions vont se poser à Emmanuel Macron. Par exemple: Comment compte-t-il gouverner et faire voter ses textes avec une majorité relative à l’Assemblée nationale?
Le président de la République aura, pour la première fois, l’occasion d’expliciter la stratégie du compromis esquissée par Élisabeth Borne lors de son discours de politique générale. Avec Olivier Véran, le porte-parole du gouvernement, ils plaident, depuis le remaniement pour des majorités de projet au cas par cas en comptant sur la bonne volonté des forces politiques de “l’arc républicain”.
Reste que les premières heures dans l’hémicycle montrent toute l’étendue de la difficulté pour les marcheurs et leurs alliés à manœuvrer au Palais Bourbon face à une opposition coalisée. Le locataire de l’Élysée, qui parlait, fin juin, d’une situation “affreusement banale” pour qualifier le nouveau rapport de force à l’Assemblée, est attendu sur la question et sa capacité à agir.
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Les Uberfiles
On peut imaginer qu’Emmanuel Macron sera interrogé sur la polémique du début de semaine: les “Uber FIles”, une enquête reposant sur des milliers de documents internes à l’entreprise Uber. Le Monde, qui participe aux investigations, a conclu à l’existence d’un “deal” secret entre Uber et l’actuel président de la République quand il était ministre de l’Économie sous François Hollande. Le quotidien montre aussi que l’ancien lobbyiste en Europe de l’entreprise, à l’époque “conseiller senior du conseil d’administration”, avait contribué en 2016 à lever des fonds pour sa future campagne.
Aux dernières nouvelles, il “assume à fond” et est “hyper-fier”. Emmanuel Macron a vertement répliqué mardi aux critiques de l’opposition sur ses échanges privilégiés avec la firme américaine, insistant sur “les milliers d’emplois” créés.
Il aura l’occasion de s’épancher sur la question ce jeudi, près avoir expliqué aux journalistes que la polémique ne l’atteint pas en invoquant une phrase attribuée à Jacques Chirac: “Cela m’en touche une sans faire bouger l’autre.” Il lui reste encore le mot “abracadabrantesque” s’il souhaite continuer à puiser dans le registre de son prédécesseur.
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La guerre en Ukraine et ses conséquences
Le traditionnel défilé militaire à Paris va mettre à l’honneur les pays d’Europe de l’Est et les troupes françaises qui y sont déployées dans le cadre de l’Otan. Le chef de l’État sera, lui, immanquablement interrogé sur le contexte international éruptif, la guerre en Ukraine et ses conséquences.
Compte tenu de l’offensive russe, mais aussi de l’inflation, Emmanuel Macron a déjà annoncé une “réévaluation” de la loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025 pour “ajuster les moyens aux menaces”. Il aura sans doute l’occasion d’en dire davantage sur sa vision des enjeux alors que le budget des Armées va encore croître en 2022 avant de franchir une marche de 3 milliards en 2023, pour atteindre 44 milliards d’euros.
Cinq mois après le début du conflit en Ukraine, le locataire de l’Élysée va également redire son plein soutien à son homologue Volodymir Zelensky, lequel ne cesse de demander aux Européens et aux États-Unis l’envoi d’armement. Question conséquences, le chef de l’État est également attendu sur les perspectives moroses de l’économie française et européenne, avec, entre autres, le spectre d’un arrêt des approvisionnements de gaz russe.
SOURCE: huffingtonpost