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Interpellation sur le supposé accord de réadmission: le gouvernement rassure les élus

L’Assemblée nationale a interpellé, hier mardi, le gouvernement pour éclairer la lanterne des concitoyens sur la signature d’un supposé accord de réadmission entre notre pays et l’Union européenne. Fait inédit: les députés de l’Opposition n’ont pas voulu réagir, histoire d’attendre les débats de la plénière d’aujourd’hui, consacrée à sa motion de censure contre le gouvernement qu’elle accuse d’avoir signé ledit accord avec l’Union européenne.

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Les travaux étaient dirigés par le président de l’hémicycle, l’honorable Issiaka SIDIBE, en présence de plusieurs honorables députés.
En face pour apporter les éclaircissements aux différentes préoccupations des élus de la nation, il y avait trois ministres: Abdoulaye DIOP, des Affaires étrangères, de la coopération internationale et de l’intégration africaine ; Abdramane SYLLA, des Maliens de l’extérieur et Me Mountaga TALL, de l’Economie numérique et de la communication, Porte-parole du gouvernement. C’était également en présence d’autres membres du gouvernement.
Tout au long des débats, les ministres cités ont été catégoriques en soutenant que ‘’le gouvernement n’a pas signé et ne signera pas un accord de réadmission avec l’Union européenne’’.
Toutefois, il faut souligner que les députés de l’Opposition n’ont pas voulu réagir, histoire d’attendre les débats pour la plénière d’aujourd’hui consacrée à sa motion de censure contre le gouvernement qu’elle accuse d’avoir signé ledit accord avec l’Union européenne.

Les motifs de l’interpellation:
Dans sa note introductive, la présidente de la Commission affaires étrangères de l’Assemblée nationale, DIALLO Assitan TOURE, a souligné que le Mali est un pays à forte tradition migratoire dont des compatriotes vont et souvent en grande masse dans des zones à forte prospérité, ou réputées comme telles.
Aussi, a-t-elle soutenu, les Maliens de l’extérieur et leurs familles sont dans la panique totale à cause de la rumeur de la signature par le gouvernement du Mali avec l’Union européenne d’un accord de réadmission des Maliens sans papier.
Pour elle, la situation actuelle est inquiétante dans la mesure où la tension sociale est exacerbée avec les populations en colère, dans l’incompréhension et tout simplement désorientées.
«En colère parce qu’elles ont l’impression d’être trahies et bafouées. Dans l’incompréhension parce qu’elles ne voient pas et ne comprennent pas les motivations profondes et les impacts d’une telle décision sur leurs vies. Déstabilisées parce que les autorités ont toujours clamé haut et fort toute la considération, toute l’importance de l’apport de la diaspora dans la vie économique et même sociale du pays », a affirmé DIALLO Assitan TOURE.
Quel document a été signé ? ; Quelle est la valeur juridique dudit document ? Et quel est le contenu exact du document en question ? Telles sont les questions posées par la présidente de la Commission affaires étrangères aux membres du gouvernement.
Pour elle, ces questions méritent des éclaircissements, nonobstant que les élus de la nation aient pris connaissance des communiqués de démenti à travers les annonces du ministre des Maliens de l’extérieur ; celui des Affaires étrangères, ainsi que la note verbale de l’Ambassade des Pays-Bas, en date du 15 décembre 2016.
Ces questions, précise-t-elle, parce que l’Assemblée nationale veut tout simplement lever toute équivoque et toute ambiguïté sur une situation explosive.

Les préoccupations des députés :
Les députés de la majorité présidentielle (RPM, APM et ADEMA-PASJ) ont tour à tour soulevé des questionnements pour avoir plus d’éclairages sur les rumeurs qui enflent à propos de la signature d’un accord de réadmission avec l’Union européenne. Par contre, leurs collègues de la VRD et de l’ADP-Maliba ont jugé nécessaire de faire économie de leur intervention en attendant la séance d’aujourd’hui, mercredi 21 décembre, consacrée à la motion de censure contre le gouvernement sur le même sujet.
Les différents intervenants ont tous salué l’apport combien important des Maliens de l’extérieur dans l’économie de notre pays. Par exemple, en 2012, la contribution des Maliens de la diaspora s’élevait à plus de 341 milliards de FCFA. Une somme qui dépasse de loin les différentes aides publiques au développement destinées à notre pays.
Ils ont également tous apprécié cette interpellation du gouvernement qui permettra d’éclairer la lanterne des Maliens de l’intérieur et de l’extérieur sur cette situation qui est en train de ternir l’image de nos autorités.
Les grandes interrogations soulevées par les députés sont entre autres :
Quelle est la valeur juridique du communiqué conjoint ?
Qu’est-ce que le fonds fiduciaire de l’Union européenne pour le Mali ; le montant s’élève à combien ?
Quels sont les grands axes de la politique de migration avec l’Union européenne ? Explications sur le Plan pour la relance économique du Mali qui parle de transfert de migrants avec des facilités et des actions d’accompagnement.
Qu’est ce qui a été fait à ce jour pour la mise en œuvre de ce Plan de relance.
Quelles peuvent être les conséquences pour le Mali en refusant de signer l’accord de réadmission?
Quels peuvent être les avantages en signant cet accord ?
Quel est l’état de mise en œuvre de la Politique nationale de la migration que le Mali a adopté ?
Comment se fait le retour des Maliens de l’extérieur en situation d’irrégularité ?
Quel est le nombre de Maliens se trouvant à l’extérieur ?
Quelles sont les mesures entreprises par le Mali pour humaniser le rapatriement de nos compatriotes ?
Quelles sont les mesures prises pour la visibilité et l’efficacité des programmes de réinsertion des migrants de retour au bercail ?
Quelles sont les réserves du gouvernement sur le document qui a sanctionné le sommet de la Valette sur la migration ?
Y a-t-il des projets pour faciliter le retour des migrants ?
Quelles ont été les positions du Mali lors des discussions avec les différentes délégations de l’Union européenne sur la migration ?
Qu’est ce qui explique le mutisme de l’Ambassade des Pays Bas ?
Les explications des membres du gouvernement n’ont-ils pas entretenues plus de confusion au lieu d’apporter la précision ?
À quoi servent les 120 milliards de la Politique nationale de migration adoptée par le Mali ?
Quelles sont les conditions pour que les partenaires mobilisent cet argent ?
Depuis le début de cette affaire qu’est-ce que le Premier ministre a fait ?…

Les éclairages des membres du gouvernement :
En réaction à la note introductive de la présidente de la Commission affaires étrangères de l’Assemblée nationale, et aux questions posées par les députés, le ministre Abdoulaye DIOP a rappelé que la mission du gouvernement, sous la houlette du Président Ibrahim Boubacar KEITA, consiste à œuvrer à la protection et à l’amélioration des conditions de vie des Maliens où qu’ils se trouvent dans le pays ou à l’extérieur.
«Les Maliens de l’extérieur sont au cœur du Programme de développement du Président de la République et que le gouvernement ne saurait engager un comportement qui va au contrecourant de cette volonté présidentielle », a-t-il noté.
Le ministre DIOP a informé qu’avec le printemps arabe couplé à beaucoup d’autres catastrophes humains à travers le monde, les immigrés se sont retrouvés dans des situations très difficiles. Ce qui, selon lui, a amené les chefs d’Etats à conjuguer leurs efforts pour trouver des solutions efficaces à la question de la migration en s’attaquant aux causes profondes.
A l’issue du Sommet de la Valette, a fait savoir le ministre DIOP, notre pays a décidé d’engager un dialogue politique de haut niveau avec l’Union européenne qui, selon les explications du ministre DIOP, s’est poursuivi le 11 décembre lors de la visite de son homologue Néerlandais des Affaires étrangères, Bert KOENDERS, à Bamako. Cette visite de M. KOENDERS au Mali a été sanctionnée par un communiqué conjoint dans lequel le Mali défend les intérêts de ses compatriotes de l’extérieur.
Mieux, précise le chef de la diplomatie malienne, ledit communiqué signé n’a aucune valeur juridique et n’est contraignant pour aucune partie.
« Aucun accord de réadmission n’a été signé avec l’Union européenne. C’est simplement une manipulation, une intoxication, une désinformation entretenue par certains qui ont d’autres intentions. Le gouvernement n’a pas le pouvoir de signer cet accord sans passer par l’Assemblée nationale. La partie Néerlandaise est revenue sur sa déclaration en précisant que les deux pays sont tombés d’accord sur un communiqué conjoint qui ne constitue pas un accord dans le sens du droit international. Un accord de réadmission ne peut pas être signé de façon désinvolte à travers un communiqué. La réadmission figure dans le communiqué simplement parce que nous avons fait référence aux conclusions du Sommet de la Valette », a expliqué le ministre Abdoulaye DIOP.
Par ailleurs, le ministre des Affaires étrangères a saisi l’occasion pour dresser le bilan du dialogue avec les partenaires du Mali comme suit: 22 milliards de FCFA à mobiliser pour créer des emplois dans les régions de départ en vue d’éviter la perte du capital humain dans la méditerranée et dans le désert ; 4 milliards de FCFA pour appuyer les compatriotes en France et en Espagne; 16 milliards de FCFA pour renforcer l’état civil ; 10 milliards de FCFA pour aider les migrants coincés en Libye et en Italie ; 13 milliards de FCFA pour renforcer la résilience des communautés locales ; 6 milliards FCFA pour la relance économique des collectivités ; 27 milliards de FCFA pour assurer la sécurité dans le Nord du pays…
Pour témoigner l’engagement du régime actuel en faveur des Maliens de l’extérieur, le ministre DIOP dira : «En trois ans d’exercice du pouvoir, les liens de coopération ont été renforcés avec les partenaires du Mali à travers le monde. On ne peut pas dire qu’IBK est en train de monnayer la dignité du pays contre le sort des migrants. Il s’agit d’un partenariat qui respecte la dignité des Maliens. Il n’a jamais été question d’une approche mercantile dans ce partenariat ».
Pour sa part, le ministre des Maliens de l’extérieur, Abdramane SYLLA, a ajouté que le contenu du communiqué conjoint a été mal interprété pour des desseins inavoués. Pour lui, le communiqué qui a sanctionné la rencontre est une pratique démocratique très courante dans les relations diplomatiques. Tout en rappelant que c’est la énième fois qu’une délégation de l’Union européenne vienne au Mali pour discuter de la question de la migration dans le cadre d’un dialogue de haut niveau établi au lendemain du sommet de la Valette.
Pour le ministre SYLLA, la question de la migration n’est pas l’apanage d’une seule communauté au Mali. Il a déclaré que c’est de la pure manipulation qui se trouve autour de cette question et que la volonté du gouvernement ne sera jamais de prendre des décisions contre les Maliens de la diaspora dont l’apport au pays est estimé à plus de 471 milliards de FCFA.
Il a par ailleurs expliqué les grandes lignes de la politique nationale de la migration, les causes qui poussent les jeunes à partir à l’exode et les solutions qui sont en cours pour minimiser le phénomène.
Quant au ministre de l’Economie numérique, de la communication, Porte-parole du gouvernement, Me Mountaga TALL, il dira que c’est un faux débat de croire que le Mali a signé un accord de réadmission avec l’Union européenne. Il a témoigné sur l’importance que le Président de la république accorde aux Maliens de l’extérieur et qui ne manque jamais l’occasion pour s’imprégner de leurs conditions dans chaque pays où il se rend.
« C’est un faux débat car on demande pourquoi le gouvernement a signé un accord qu’il n’a pas signé. Le gouvernement ne rentrera pas dans les débats de caniveaux. Si quelqu’un a un document qui prouve que l’accord de réadmission a été signé qu’il arrête de faire la diversion en le montrant…», a ajouté le ministre TALL.

AR MODIBO KONE

 

Source: info-matin

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