Suite à l’interdiction du port illégale de la tenue militaire par l’Etat-major des armées à travers un communiqué publié le dimanche 30 avril 2023 ; nous avons pris le soin d’enquêter auprès de la population de Bamako afin de recueillir leur avis sur la question. Ainsi, plusieurs personnes adhèrent à la décision tout en témoignant des actes malsains des militaires eux-mêmes qui prêtent leurs tenues aux civiles, moyennant souvent des frais.

Si cette décision de l’Etat-major des armées vise à éviter toutes confusions entre les civils porteurs et les terroristes qui ont l’habitude d’utiliser les tenues militaires pour tromper la vigilance des forces légitimes afin de commettre des actes barbares contre les paisibles populations ; les habitants de Bamako sur le sujet, en plus de leur approbation, mettent en cause les militaires la prolifération de cette pratique.
Faisant un tour à Lafiabougou, nous nous sommes entretenus avec deux jeunes assises autour du thé.
Adama SIDIBE, professeur, est le premier intervenant, selon lui l’État-major a tardé à prendre cette décision. « Aujourd’hui, tellement que les gens portent la tenue militaire, on a l’impression que c’est déjà règlementé » s’est-il indigné ; tout en signalant que le port des tenues militaires est devenu un signe de patriotisme dans notre pays, car les manifestants civils prennent de plus en plus goût à cette parure.
A côté de lui, un réparateur moto, du nom de Ousmane DIOP, a jouté que même les engins à deux roues ayant la couleur de la tenue de militaire doivent être interdits. « Sinon, c’est le désordre » a-t-il dit.
Arrivée à Djicoroni Para non loin du marché, nous avons croisé Bah Kalle, un taximan, celui-ci s’est réjoui de l’interdiction du port de la tenue par les civiles, car, explique-t-il qu’il croise des fois des porteurs d’uniformes, qui ont tout, sauf le comportement d’un militaire.
« J’ai vu deux jeunes militaires aujourd’hui en train de boire le Vody en pleine circulation, et en tenue correcte, mais tatoués et leurs yeux étaient tout jaunes » a-t-il témoingé.
Au marché rose de Bamako, assise dernière sa table remplit d’équipement scolaire, le commerçant Dioncouda SISSOKO, a argumenté qu’au lieu d’interdire le port de la tenue aux civiles, la décision devrait d’abord se porter sur la vente des tenues de militaire dans nos marchés.
Par ailleurs, visitant une grande boutique de tenues, tissus et équipements militaires, le propriétaire qui a voulu garder l’anonymat, nous a démontré qu’il possède un agrément pour son commerce, en pointant du doigt la fiche d’agrément cadrée et collée sur le mur de sa boutique.
Ainsi, il a rassuré que ses équipements ne sont destinés uniquement qu’aux porteurs d’uniformes.
« Je ne vends en aucun cas mes équipements ni moins mes tenues à aucun client sans qu’il m’ait présenté sa carte d’identité militaire » a-t-il affirmé ; tout en ajoutant que c’est avec cette carte contenant l’immatriculation du porteur, qu’il fait ses factures.

Pour nous rassurer davantage, ce vendeur a indiqué qu’il s’est disputé avec plusieurs influenceuses à l’approche du 20 janvier.
« Quand j’ai refusé de vendre la tenue de militaire à l’une des TikTokeuses, celle-ci m’a rassuré qu’elle aura cette tenue auprès d’un militaire » s’est-il lamenté.
Pour rappel, cette tenue servait de parure pour les influenceuses qui voulaient faire un challenge à l’honneur des Forces Armées Maliennes.
Par ailleurs, en ce qui concerne la présentation de la licence par tous les vendeurs, d’ici le 15 Mai prochains, à la Direction du Commissariat des Armées qui est chargée de mettre en œuvre la politique de l’Armée en la matière, notre interviewé s’en est réjoui, car, pour lui après ce contrôle, les points légaux de vente seront identifiés et limités.

PAR AMINA SISSOKO