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Intégration des ex-combattants: le Général Poudiougou explique tout

Recrutement ; étapes de progression dans les Forces armées ; critères applicables à tous, spécificité de chaque corps ; dérogation, le Général Gabriel POUDIOUGOU, président de la Commission intégration, parle à cœur ouvert. Interview exclusive.

Info-Matin : Général, quel commentaire faites-vous, après la séance de validation du Projet de décret portant intégration des ex-combattants dans les corps constitués de l’État, y compris dans les Forces de défense et de sécurité ?

Général POUDIOUGOU : merci de me donner l’opportunité de parler de ce projet de décret portant intégration des ex-combattants dans les corps constitués de l’État, y compris dans les Forces de défense et de sécurité. Ce décret, c’est la concrétisation de la longue marche que nous avons eue à faire avec la partie gouvernementale, les différents mouvements, la CMA, la Plateforme et les autres mouvements dans le cadre de l’inclusivité. Il a fallu, quand la Commission a été créée et les membres désignées, nous réunir, en début 2017, pour pouvoir nous approprier le texte de création et l’Accord. Au terme de cet Accord, nous avons passé en revue les critères pour intégrer la Fonction publique malienne.

I.M. : quels sont les critères arrêtés et les étapes de progression dans les Forces armées ?

G.P. : les critères, nous le savons, sont le Statut général des fonctionnaires d’État. Il a fallu leur parler de cela. Il a fallu également leur parler du Statut général des militaires et également le Statut particulier de certaines corporations.

Une fois que nous avons eu à leur expliquer cet ensemble, alors nous avons dit : ‘’la norme c’est cela’’. Il y a le parcours professionnel également. Quand on vient dans un corps, tel que l’Armée, il faut passer par la formation commune de base et après la formation commune de base, il faut que les différentes étapes de progression dans les Forces armées soient suivies. Le premier gradé, c’est le caporal. Là, il faut faire le Certificat d’aptitude technique N° 1 (CAT1) qui a un contenu, un savoir-faire, un savoir-être. Pour être sous-officier, il faut avoir le Certificat d’aptitude technique N° 2 (CAT2). Pour être officier, il faut avoir le Brevet de chef de section. Pour être commandant de compagnie, il faut faire un stage pour pouvoir gérer une unité, aussi bien en temps de paix, qu’en temps de guerre. Au-delà de ça, il faut savoir travailler dans un état-major de régiment. Pour cela, il faut des niveaux, des stages, des brevets et après cela, le temps de commandement. À chaque étape, nous avons ce que nous appelons l’adéquation grade/emploi. Vous étudiez dans un domaine, au niveau supérieur, une fois que vous assimilez la théorie, vous partez appliquer ça sur le terrain. À l’issue de cette pratique sur le terrain, si vous êtes aptes à exercer d’autres responsabilités plus grandes, alors on vous donne ce commandement. Mais, après avoir fait la formation théorique. C’est comme ça jusqu’au niveau du commandant en chef des Forces armées.

I.M : le parcours professionnel est-il nécessaire ?

G.P. : L’Armée est hiérarchisée et pour cela, il y a une charpente, c’est le savoir-faire, le savoir-être qui accompagnent. Nous avons fait comprendre aux Mouvements armés qu’il faut obligatoirement ce parcours professionnel pour pouvoir accéder aux différentes étapes. Dans l’Armée, c’est officier, sous-officier et homme du rang ; mais dans la Fonction publique malienne, il faut être de catégorie A, pour les cadres supérieurs ; de catégorie B, pour les cadres moyens ; de catégorie C, pour les cadres subalternes. Vous voyez la correspondance entre l’Armée et la Fonction publique. L’Armée, c’est une Fonction publique aussi.

Il y a aussi les corps paramilitaires. Il s’agit des éléments qui doivent avoir une formation militaire de base pour être sur le terrain dans des conditions difficiles telles que nous les connaissons. Qu’il s’agisse des Douaniers, de la Protection civile, les Surveillants de prison, il faut avoir une base de formation physique pour pouvoir tenir à ces postes.

Pour la Fonction publique, ce sont les diplômes certifiés qui disent que votre diplôme est valable et avec cela, vous pouvez aller travailler dans la Fonction publique malienne. On ne peut pas, par exemple, donner à un brancardier le poste de docteur. Je caricature un peu, mais c’est valable pour toutes les branches de la Fonction publique malienne. Il fallait que les gens comprennent cela. Ainsi, nous sommes arrivés à fixer des critères. D’une manière générale, il faut être de nationalité malienne ; il faut jouir de tous ses droits de citoyen. Il y a les critères d’âge. Dans la Fonction publique malienne, il faut être majeur. 18 ans, c’est l’âge minimum pour pouvoir travailler dans la Fonction publique.

Mais, pour les Forces armées, c’est 18 à 22 ans. Pourquoi cette tranche d’âge ? Parce que, pour avoir à la pension d’ancienneté dans la Fonction publique, il faut travailler au moins 25 ans. En venant dans l’Armée à 18 ans, 18 plus 25, là ça tient encore. La limite d’âge, c’est 22 ans. Si vous avez 22 ans, vous venez comme soldat dans l’Armée, si vous n’avez aucun niveau et que vous ne pouvez pas progresser pour pouvoir faire un Certificat, alors votre limite d’âge sera 47 ans. Vous ne pouvez pas dépasser cela. Voilà pourquoi on dit que pour être soldat, il faut 22 ans maximum. Pour les sous-officiers, 18 ans, c’est le minimum et le maximum, c’est également 22 ans pour ceux qui vont à l’école, parce qu’à l’école des sous-officiers, il faut avoir le BAC. Pour pouvoir accéder à l’école des officiers, il faut avoir 24 ans, parce que là, on suppose que vous avez la Licence. Avant, c’était le DEUG, maintenant, c’est la Licence. Si vous voyez la scolarité au Mali, pour avoir la Licence, il faut aller dans les 22-23 ans. Le maximum quand même, c’est 24 ans, parce que l’officier doit partir à la retraite à 60 ans. Là également, pour la limite d’âge, c’est 24 ans, au plus 25 ans. C’est sur cela que nous avons dit ce qu’il faut respecter pour tout le monde. Chaque corps nous a envoyé les critères qui lui sont propres.

I.M. : les critères ont-ils été scrupuleusement appliqués ?

G.P. : il a fallu faire des dérogations. Comme vient de le dire, le ministre (NDLR : Lassine BOUARE, à l’ouverture de la séance du Conseil national pour la réforme du secteur de la sécurité), ailleurs, le ministre de la Justice, l’Accord d’Alger est un engagement de l’Etat pour pouvoir arriver à la paix. C’est pour sauver une situation. Alors, pour le salut d’un peuple, le salut d’un pays, il n’y a pas de prix. Si c’est un texte de loi qui fixe les normes pour la Fonction publique de l’État, exceptionnellement, pour sauver le pays, le Mali a signé l’Accord d’Alger et cet Accord, c’est pour la paix et la réconciliation au Mali. C’est pour cela que nous avons fait des dérogations. Au lieu de 22 ans maximum, nous sommes allés jusqu’à 35 ans. Pour les cadres supérieurs qui étaient de 30-35 ans, nous sommes partis à 40 ans. Tout ça, c’est pour faire face à une situation. Nous espérons qu’en appliquant cela, si tout le monde est d’accord, nous avancerons.

Propos recueillis par BERTIN DAKOUO

Info-matin

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