Réuni les 28 et 29 novembre 2016, le Comité de suivi de l’Accord de paix a exprimé sa préoccupation quant à la persistance des difficultés dans le déroulement de la période intérimaire.
«A l’exception de la session de novembre 2015 qui a dû être interrompue en raison de l’acte terroriste perpétré contre l’hôtel Radisson, toutes les sessions se sont tenues régulièrement. Elles ont continué à faire progresser la mise en œuvre de l’Accord dans ses différents volets. De sorte qu’aujourd’hui, et malgré le retard constaté çà et là concernant l’opérationnalisation des mécanismes sécuritaires et la mise en place des autorités intérimaires, la mise en œuvre de l’Accord progresse globalement de façon positive », s’est réjoui l’Algérien Ahmed Boutache au cours de la conférence de presse qui a sanctionné la 13ème session du CSA. Le président du Comité de suivi a ensuite balayé d’un revers de la main l’hypothèse du blocage concernant la mise en place des autorités intérimaires dont une date de mise en place a été maintes fois fixée et reportée. «Il n’y a pas eu de blocage. Il faut se rendre à l’évidence qu’un événement important dans la vie politique du Mali est intervenu. Il s’agit des élections municipales tenues le 20 novembre. L’Etat malien a été encouragé à faire en sorte que l’organisation de ce scrutin se fasse de manière à éviter que tout problème soit soulevé à ce sujet au niveau des autres parties maliennes. Je crois qu’aujourd’hui, il est tout à fait clair que cette opération électorale s’est déroulée dans des conditions satisfaisantes et que nous devons maintenant, très rapidement, aller vers la mise en place de ces autorités intérimaires là où il n’a pas été possible d’organiser ce scrutin», a-t-il souligné, précisant que le gouvernement a exprimé toute sa disposition à y aller le plus vite possible ‘’pour peu que tous les éléments, notamment du côté des autres parties signataires maliennes, soient rendus disponibles’’. Il s’agit notamment des représentants de la CMA et de la Plateforme au sein des autorités intérimaires.
En réponse aux agissements des mouvements armés de la CMA qui ont rejeté les élections communales, M. Boutache a été on ne peut plus ferme. « En politique, c’est de bonne guerre. Mais, les autorités qui ont été élues sont bien là. Elles seront installées et elles fonctionneront», rassure-t-il.
La CMA sommée
Le diplomate a par ailleurs affirmé qu’il n’y a aucun blocage par rapport à l’opérationnalisation du Mécanisme opérationnel de coordination (MOC). Le seul problème qu’il y a, a-t-il précisé, c’est que certains mouvements armés n’ont pas remis la liste de leurs combattants qui doivent participer au MOC. Si l’on en croit Ahmed Boutache, la 13ème réunion du Comité a demandé à la Coordination des mouvements de l’Azawad d’envoyer ses listes, accompagnées d’une lettre officielle validée par sa hiérarchie politico-militaire, au Haut représentant du Président de la République.
Il est bon de rappeler que cette 13ème session du CSA, dont les travaux se sont déroulés dans une atmosphère très tendue selon certaines indiscrétions, a, dans son communiqué final, réitéré sa préoccupation quant à la persistance des difficultés dans le déroulement de la période intérimaire. Notamment par rapport à l’opérationnalisation du MOC et des patrouilles mixtes, ainsi que l’installation des autorités intérimaires. Le comité a aussi relevé l’impatience de la communauté internationale de voir intervenir des progrès tangibles dans la mise en œuvre de l’Accord et exhorté les parties à faire preuve de bonne foi et de confiance mutuelle.
La nouvelle échéance
Partant, il a décidé de la mise en place d’un groupe de travail, sous la présidence du Haut représentant du Président de la République, afin de permettre le lancement effectif de la période intérimaire, notamment l’installation des autorités intérimaires et l’opérationnalisation des unités du MOC immédiatement à Gao et, à Kidal, le 10 décembre 2016 au plus tard.
Dans un souci d’efficacité et afin de garantir aux travaux de ce groupe de travail les meilleures chances de succès, le CSA a souhaité que la participation de la CMA et de la Plateforme soit assurée au plus haut niveau de leurs hiérarchies, tout comme le Haut représentant est habilité à inviter à ces travaux toute personnalité qu’il considère en mesure d’apporter une contribution positive.
Soulignons au passage qu’il s’agit là d’une énième échéance pour l’installation des autorités intérimaires. Initialement prévue pour démarrer le 15 juillet dernier selon les termes de l’Entente que les parties maliennes ont signée en juin 2016, la mise en place desdites autorités avait été en effet remise au 10 novembre au plus tard, avant d’être une nouvelle fois fixée au 10 décembre lors de la dernière réunion du CSA.
« Il y a plusieurs acteurs qui se sentent exclus du processus et sans lesquels on ne peut pas mettre en œuvre l’Accord. On ne peut pas prendre des décisions avec des gens qui n’ont pas la légitimité des populations. Parce qu’ils ne donneront pas les combattants », a estimé Mohamed Ousmane Ag Mohamedoun. Le Secrétaire général de la Coalition pour les peuples de l’Azawad, un mouvement de la CMA, a estimé par ailleurs que les vrais raisons du ‘’blocage’’ sont relatives à la question de l’inclusivité ainsi que la gestion équitable de la ville de Kidal.
Bakary SOGODOGO
Source : Le Prétoire