La situation sécuritaire dans la région de Mopti se dégrade quotidiennement. L’Etat n’y exerce quasiment plus son autorité dans plus de la moitié de ce territoire, laissant le champ libre aux bandits, aux rebelles et surtout aux groupes djihadistes de Hamadoun Kouffa d’appliquer leur loi… Conséquence : les populations sont abandonnées à leurs tristes sorts et ne savent plus à quel saint se vouer.
En effet, pour les populations de la région de Mopti, les jours passent et ressemblent. Et pour cause : chaque jour apporte son cortège de mort, d’attaques, d’enlèvement… Bref, l’insécurité est totale. Ainsi, depuis quelque temps, des djihadistes envahissent plusieurs localités de la région de Mopti pour recruter des jeunes, dont beaucoup d’enfants. Aussi, des séances de sensibilisation sont organisées dans les mosquées et sur les places publiques pour inviter les jeunes à rejoindre le mouvement.
En l’absence de l’Etat, ces localités sont aujourd’hui devenues des « endroits conquis » par les djihadistes qui agissent en toute impunité.
Mardi 31 octobre 2017, de retour à Bamako après une visité dans son fief électoral, le convoi du président de la Haute cour de justice et député de Ténenkou est tombé dans une embuscade entre Dia et Diafarabé dans le cercle de Ténenkou (région de Mopti). Le Président est sorti indemne de l’attaque, mais son chauffeur a trouvé la mort. Aussi, 5 militaires ont également été tués dans l’explosion de leur véhicule par une mine. Selon des sources locales, cette zone n’est pas à sa première attaque. En effet, beaucoup de militaires maliens ont perdu la vie dans cette localité très dangereuse. Mais jusqu’ici, aucune disposition n’avait été prise pour sécuriser cette localité.
Le samedi 11 novembre 2017, des militaires maliens, au cours d’une opération de déminage, ont été la cible d’hommes armés soupçonnés d’être des proches d’Amadou Koufa. Les assaillants ont ouvert le feu sur les militaires, blessant l’un d’entre eux. Les faits se sont déroulés sur la route reliant Djenné à Kouakourou.
Egalement, l’ancien conseiller communal de Djougani, Oumar Barry, a été assassiné, à son domicile à Koro, par deux hommes armés qui étaient sur une moto. Aussi, dans certaines localités de cette région, la campagne de vaccination a été interrompue à cause de la pression des djihadistes. Ceux-ci sont allés jusqu’à enlever le président d’une Assaco et d’un superviseur de l’opération de vaccination.
Jeudi 16 nombre 2017 dernier, le Général Ismaël Cissé a échappé à une tentative d’enlèvement à Konza, situé à 9 kilomètres de Konna. Il y était pour la vaccination de ses troupeaux. Des hommes armés (à moto) ont fait irruption à Konza. Apparemment, ils étaient là dans l’intention de mettre la main sur le Général Cissé.
Dimanche 19 novembre 2017 dernier, à Hombori (Mopti), le guide de la Brigade Anti-braconnage, Attaher Younoussa a été assassiné par des hommes armés non identifiés à son domicile.
Les écoles fermées…
Face à la pression des groupes armés affiliés à Amadou Koufa, toutes les écoles de Sévaré à Korianzé (Région de Mopti) ont été fermées. Alors que les enseignants et les administrateurs ont abandonné plusieurs localités de cette zone, des milliers d’enfants sont dans la rue.
Les djihadistes livrent une chasse contre les écoles dites classiques. Profitant souvent de l’absence des forces armées, les groupes armés brulent les écoles, menacent le personnel enseignant, diffusent (dans les mosquées) des messages de propagande et réclament « la fermeture des « écoles classiques » au profit des écoles coraniques (Medersa).
De nos jours, plus de 142 écoles sont fermées, avec des centaines d’enseignants et élèves affectés en raison des menaces et de la psychose qui règnent dans ces localités.
A Bamako, le silence des autorités face à ces dramatiques situations est tout simplement incompréhensible.
Mohamed Sylla
L’Aube