Depuis l’éclatement de la crise de 2012, donnant lieu à une invasion jihadiste, de nombreux accords sécuritaires ont été signés entre le Mali et la communauté internationale. Mais cela n’a pas véritablement contribué à enrayer une insécurité inédite et multiforme, sévissant dans le pays au préjudice de l’existence même de l’Etat.
Parmi ces accords parfois jugés mafieux, figure la Force Conjointe du G5 Sahel qui, jusque-là, n’a pas mené une seule opération anti-jihadiste sans l’appui des autres troupes étrangères présentes sur le sol malien, d’où, son immense désaveu par la population malienne qui voudrait que la force conjointe s’éloigne carrément de Bamako. Depuis sa dernière attaque meurtrière, par l’organisation terroriste, Al-Qaïda, en juin 2018, dans la localité de Sévaré où était installé, jusqu’alors, son quartier général, l’Etat-major de la Force antidjihadiste du G5 Sahel, voudrait coûte que coûte, établir son quartier général à Bamako. Les explications données par l’Etat-major général à propos de cette délocalisation, sont encore loin de convaincre l’opinion publique nationale qui y voit une manœuvre lâche et sournoise.
Au cours de ces dernières années, jamais le Centre du Mali n’avait autant été enflammée par la violence. Comment donc comprendre que le G5 Sahel puisse soudainement décider de vider les lieux pendant que rien n’ait été fait pour faire reculer l’insécurité dans cette partie charnière du Mali où la force conjointe avait, elle-même, choisi d’établir son quartier général pour être plus proches des cibles terroristes ? C’est au sortir de cette légitime et pertinente interrogation que les populations de Bamako qui, jusque-là, n’avaient d’ailleurs eu aucune lisibilité dans l’institutionnalisation du G5 Sahel, se sont vaillamment mobilisées pour exprimer leur opposition à son installation dans la capitale malienne. Les dernières manifestations dirigées contre l’Etat-major de la force conjointe et le gouvernement malien, avaient pour but d’empêcher l’installation de sa base à Bamako, précisément, dans le quartier de Badalabougou. Les populations riveraines qui étaient, notamment, en première ligne de la démonstration de force, disent craindre d’être des cibles potentielles ou victimes collatérales d’attaques terroristes susceptibles de survenir suite à de récentes menaces émanant de groupes jihadistes.
Maintenant que ce plan d’installation a échoué suite à la pression de la rue, l’Etat et ses partenaires du G5 Sahel veulent changer de quartier, mais toujours dans la zone de Bamako, ne semblent jusqu’ici pas avoir frappé à la bonne porte, car, la nouvelle destination qui n’est autre que Sénou, fait encore l’objet d’une résistance populaire après Badalabougou.
Cela dénote à quel point, la force conjointe du G5 Sahel est vomie par les maliens qui y voient un autre instrument maffieux à l’image de la Minusma. Depuis 5 ans que le G5 Sahel est mis en place, l’armée dite antiterroriste, peine à avoir le financement promis par la communauté internationale et devient de plus en plus un fardeau pour ses initiateurs, notamment, la France.
Moulaye DIOP
Source: lepointdumali