La crise sécuritaire que l’ancien Soudan français connait depuis 2012 continue de provoquer d’importants déplacements de populations tant à l’intérieur du territoire que vers les pays limitrophes. Sur 192 communes évaluées, la Matrice de Suivi des Déplacements révèle dans son nouveau rapport, dont la rédaction de votre Quotidien LE COMBAT possède une copie, que 187 139 personnes déplacées internes (pour 33 933 ménages) ont été enregistrées soit une augmentation de 15 702 individus par rapport au précédent constat.
Les enfants de moins de 18 ans représentent 53% des individus des ménages contre 47% d’adultes. Et la population enregistrée est constituée de 54% de femmes et 46% d’hommes. Ce rapport d’une quarantaine de pages est une autre affirmation de la montée grandissante de l’insécurité alimentaire et physique dans les régions du Nord et du Centre du pays. Une situation qui a généré des déplacements massifs de populations, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, avec d’importantes répercussions sur les pays voisins, notamment le Burkina Faso, le Niger et la Mauritanie. Depuis 2018, un nouveau cycle de violence a aggravé la situation et provoque des déplacements forcés qui, pris au niveau régional, dépassent les seuils observés durant les années 2013 – 2015. Les opérations de collecte et de mise à jour des données menées dans le cadre du programme DTM montrent une augmentation du nombre de personnes déplacées au Mali entre juin et septembre 2019. Le nombre est en effet passé de 171 437 personnes (rapport CMP d’août 2019) à 187 139 en septembre 2019 soit une augmentation de 15 702 individus. Cette augmentation est due ,selon le rapport, à des violences variées dans les Régions de Mopti, Ségou, Tombouctou, Gao et Ménaka et la bande frontalière Mali-Burkina Faso. Selon toujours le document, l’année 2018 et les neuf premiers mois de 2019 ont été marqués par la recrudescence des violences dans les régions du Centre. Ainsi du 1er mars au 30 septembre 2019, une augmentation de 102 854 personnes déplacées internes a été constatée, suite à la dégradation de la situation sécuritaire au centre et au nord du pays. 38% des chefs de ménage déplacés internes sont des femmes, contre 62% d’hommes. L’âge moyen des femmes chefs de ménage est de 34 ans contre un âge moyen de 44 ans pour les hommes-chefs de famille. La majorité de la population est âgée de moins de 18 ans (53%) tandis que les personnes âgées (60 ans et plus) représentent 4% de la population mobile. Alors que la majorité de ces déplacés le sont pour des raisons d’insécurité liée au conflit, les raisons précises de déplacement varient pour chaque ménage déplacé. Aux dires des rapporteurs, les entretiens avec les personnes déplacées effectués dans le cadre des enquêtes ménages ont permis d’identifier les motifs principaux de déplacement suivants : la fuite suite aux attaques sur la localité d’origine des ménages , ou suite à une attaque dans un village voisin, l’impact économique relatif au conflit ou par simple crainte .
Sur le plan scolaire, la note souligne que les enfants de personnes déplacées sont de 6 à 15 ans qui fréquentent l’école sur leur lieu de déplacement représentaient 18% de l’ensemble des enfants dans cette tranche d’âge, contre 82% qui ne vont pas à l’école. Les raisons évoquées sont entre autres, le manque de moyen, l’éloignement de l’école, l’absence d’enseignants et le manque d’intérêt pour la scolarisation des enfants. Pour remédier à cette situation, l’organisation recommande le recrutement d’enseignants, une campagne de sensibilisation à l’école et une assistance matérielle afin d’améliorer le taux net de scolarisation des enfants PDIS. Dans les endroits où les écoles sont plus ou moins éloignées des lieux des résidences des écoliers, la politique de cantines scolaires pourrait augmenter significativement le taux de fréquentation.
Seydou Konaté
LE COMBAT