D’un coût prévisionnel évalué à un peu plus de 23 milliards de Fcfa, ce plan porte sur l’assistance alimentaire, le cash transfert, l’appui alimentaire au bétail, aux cantines scolaires, la lutte contre la malnutrition sous toutes ses formes, la reconstitution des stocks de sécurité
Gouvernement, administration centrale, collectivités, partenaires techniques et financiers, organisations de la société civile, parlementaires, secteur privé sont tous engagés pour atténuer les souffrances de nos concitoyens en matière alimentaire et nutritionnelle, notamment ceux vivant dans des zones de conflits ou exposés à l’insécurité civile. L’ensemble de ces acteurs participait vendredi à la 17è session du Conseil national de sécurité alimentaire, au titre de la campagne agricole 2020-2021.
Il ne saurait en être autrement au regard du tableau peu reluisant dressé par le Premier ministre Moctar Ouane, à l’entame de son allocution introductive. Le Système d’alerte précoce et le Cadre harmonisé dans l’espace Cilss élargi à la Cedeao évaluent à 1.307.073 le nombre de Maliens en crise alimentaire et nutritionnelle à travers le pays.
Confrontés à une insécurité alimentaire sévère, 61.504 d’entre eux ont besoin d’intervention en urgence dans les Régions de Mopti, Tombouctou, Taoudéni, Gao, Ménaka et de Kidal. 4.084.276 personnes sont en insécurité alimentaire modérée pour lesquelles un soutien en moyens d’existence est nécessaire afin de renforcer leur résilience, a alerté le chef du gouvernement. Les ménages ayant subi, dans l’ensemble du territoire national, l’impact direct de la pandémie à Covid-19 doivent également être soutenus à travers des mesures spécifiques de réponses appropriées, a ajouté le patron de l’administration publique.
Cette situation de vulnérabilité, ajoutera le locataire de la Primature, intervient à un moment où le disponible alimentaire est jugé globalement bonne à moyenne sur l’ensemble du territoire. La production céréalière est estimée à près de 10.217.286 tonnes. Elle est en baisse de 2,39 % par rapport à la saison écoulée, mais en hausse de 9,3% comparée à la moyenne des cinq dernières années. Cette chute serait due aux inondations, aux conflits sociaux entre citoyens et les autres conflits ayant limité l’accès des agriculteurs aux champs, notera le chef du gouvernement.
INCIDENCES NÉGATIVES- À titre d’exemples, l’insécurité dans le Delta central du Niger, principale zone de production halieutique, limite les flux commerciaux dans cette bande. Dans les zones de conflit des Régions de Mopti et du Nord du pays, elle perturbe les mouvements des troupeaux limitant ainsi leur accès à certains parcours. Des pertes importantes de bétail par vol sont également signalées.
«La baisse drastique de la production du coton a non seulement entraîné des incidences négatives sur l’ensemble des économies locales dans la zone CMDT, mais également sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations pastorales et agropastorales», a illustré Moctar Ouane. Pour qui la Covid-19 et les mesures restrictives qu’elle a imposées au Mali et ailleurs dans la sous-région, ont affecté les moyens d’existence des populations en divers endroits du pays, surtout dans les centres urbains et au niveau des zones liées aux transferts d’argent de la diaspora.
Ces calamités naturelles et provoquées ont exposé plus de 5.391.349 de Maliens à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle qui ont alors besoin d’une assistance diverse et multiforme. Les autorités qui ont bu à la source humaniste et humanitaire qui fondent nos valeurs sociales et culturelles ne sauraient restées indifférentes à cette situation.
Élaboré à cet effet le Plan national de réponses 2021 apportera des solutions d’atténuation aux soucis alimentaires, nutritionnels et financiers de ces compatriotes-là. Pour ce faire, ce Plan a été approuvé par le Conseil national de sécurité alimentaire dont l’un des mandats est d’adopter le planning de réponses portant sur l’assistance alimentaire, le cash transfert, l’appui alimentaire au bétail, aux cantines scolaires, la lutte contre la malnutrition sous toutes ses formes, la reconstitution des stocks de sécurité.
STOCK NATIONAL DE SÉCURITÉ- En matière d’assistance alimentaire et nutritionnelle, la Distribution alimentaire gratuite (Dag), composé de céréales (mil, maïs, sorgho, riz) et de produits transformés (pâtes alimentaires, farines et semoules), est un volet capital.
On estime à 74.500 tonnes le besoin en céréales nécessaire pour reconstituer le Stock national de sécurité (SNS), dont 43.000 tonnes pour la Dag destinées aux 1.307.073 personnes vulnérables identifiées en difficultés alimentaires selon l’évaluation de la situation définitive de mars 2021, 30.000 tonnes pour compléter le SNS à son niveau optimum de 35.000 tonnes. 1.500 tonnes de céréales sont prévues en terme d’appui humanitaire pour les personnes déplacées internes, les personnes victimes de catastrophes et autres, précise le document de PNR approuvé.
Selon ce document présenté par le Commissaire à la sécurité alimentaire, il est prévu un montant de 244.009.600 Fcfa en transferts monétaires conditionnels et non-conditionnels, au titre des soutiens financiers composés de cash, coupons alimentaires. Il est envisagé de réaliser des ventes d’intervention (mil, maïs, sorgho, et riz) de 500 tonnes dans les zones déficitaires sur recommandation du Système d’alerte précoce (Sap).
Les mesures spéciales suivantes sont envisagées : achat et distribution de 9.293 tonnes de produits alimentaires pour une valeur de 3.007.000.000 Fcfa composé de 3.000 tonnes d’aliments transformés, 793 tonnes de céréales (mil, sorgho et riz), 5.000 tonnes d’aliment bétail et 500 tonnes d’aliment poisson, précise le rapport présenté par Redouwane Ag Mohamed Ali. Dans le cadre du renforcement des moyens d’existence, le Commissariat à la sécurité alimentaire (CSA) prévoit d’appuyer les producteurs victimes d’inondation pour 240 tonnes de semences R2, dont 200 tonnes de riz, 40 tonnes de semences R2 de mil/sorgho.
Le coût prévisionnel global du Plan national de réponse 2021, financé par l’État, est estimé à 23.149.009.600 Fcfa. Des activités seront prises en charge par les contributions des partenaires. Dans le cadre du Programme de soutien aux économies locales du Delta intérieur du Niger, financé par la Coopération suisse, il est prévu un appui spécial d’un montant de 92 millions de Fcfa pour renforcer la résilience des agriculteurs, éleveurs et pêcheurs de la zone courant premier semestre 2021.
Intervenant à l’ouverture des travaux, l’ambassadeur de l’Union européenne au Mali et chef de file des PTF, Bart Ouvry, a réaffirmé leur engagement commun pour l’atteinte des Objectifs de développement durable, notamment l’objectif zéro faim.
Cheick M. TRAORÉ
Source : L’ESSOR