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Ingérence dans les affaires intérieures du Mali : Encore le Niger et toujours le Niger

Le Niger vient une fois de plus de susciter la colère de Bamako à travers les propos de son ministre des Affaires Etrangères qualifiés d’ingérence dans les affaires intérieures du Mali, créant ainsi un froid dans les relations entre les deux  pays pourtant liés par beaucoup de choses.

 

Déjà, lors de son investiture, le président nigérien Mohamed Bazoum avait tenu des propos qui avaient fâché à Bamako. En effet, le 2 avril dernier à Niamey, devant la délégation malienne, Mohamed Bazoum avait cité l’État islamique au grand Sahara (EIGS) et Boko Haram comme étant les principaux acteurs des violences qui endeuillent le Niger, déstabilisent son économie et contribuent à grossir les rangs des personnes déplacées et  des réfugiés. Selon lui, dirigé par des ressortissants des pays du Maghreb, l’EIGS  a ses principales bases en territoire malien, dans les régions de Ménaka et de Gao. Le président nigérien avait alors déclaré que  la situation actuelle au Mali a un impact direct sur la sécurité intérieure de son pays. C’est pourquoi, son agenda diplomatique sera centré sur le Mali, dans le cadre d’une coordination étroite avec les pays du G5 Sahel, l’Algérie, la France, les États-Unis et les autres membres permanents du Conseil de sécurité. « Nous devons aider nos frères maliens à s’entendre, à mettre en œuvre l’Accord, à le dépasser même, à reconstituer leur État en vue de lutter efficacement contre le terrorisme », avait préconisé Mohamed Bazoum. À Bamako, ses propos avaient en son temps provoqué l’indignation de certains dont  le Front du refus de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation qui a dénoncé dans un communiqué « des propos qui portent atteinte à la souveraineté du Mali et mettent en cause son impartialité dans la gestion de l’Accord pour la paix et la réconciliation ». Alors que cette situation était encore présente dans les esprits à Bamako, le chef d’Etat nigérien a de nouveau suscité la colère de Bamako au cours d’une visite à Paris le 10 juillet dernier.

« Il ne faut pas permettre que les militaires prennent le pouvoir parce qu’ils ont des déboires sur le front où ils devraient être et que les colonels deviennent des ministres ou des chefs d’État », avait déclaré Mohamed Bazoum, lors d’une conférence de presse avec son homologue français Emmanuel Macron à Paris. « Qui va faire la guerre à leur place ? Ce serait facile si chaque fois qu’une armée de nos pays a un échec sur le terrain, elle vient prendre le pouvoir. C’est ce qui s’est passé par deux fois au Mali. Ce ne sont pas des choses acceptables », avait ajouté Mohamed Bazoum.

Après ces déclarations, le gouvernement du Mali avait vivement protesté, soulignant que les propos de Bazoum allaient à l’encontre des relations d’amitié et de fraternité entre les deux pays.

Selon un communiqué du Ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale, le chef de la diplomatie malienne a convoqué l’ambassadeur du Niger au Mali pour lui faire part des vives protestations des autorités maliennes.

Les propos de trop

A l’issue du sommet extraordinaire de la Cedeao qui s’est tenue à Accra le 16 septembre dernier sur la situation politique en Guinée et au Mali, le Niger vient une fois plus de s’illustrer de la pire manière. Son ministre des Affaires Etrangères Hassoumi Massaoudou a fait une sortie médiatique hasardeuse qui a provoqué une fois de plus l’indignation de Bamako.

« Si les militaires maliens ne rendent pas le pouvoir en février prochain, les sanctions internationales contre Bamako seront sévères », a indiqué le ministre au cours d’une interview. Le chef de la diplomatie nigérienne a aussi dénoncé avec force tout projet de faire venir des mercenaires russes au Mali.

« En février 2022, les élections doivent avoir lieu, sinon nous allons associer l’ensemble de la communauté internationale aux sanctions contre les militaires maliens. Donc, nous exigeons une feuille de route claire pour qu’on aille aux élections. Deuxièmement, nous n’acceptons pas que, dans notre sous-région, des mercenaires viennent s’impliquer, dégrader davantage encore la situation sécuritaire… », a ajouté le ministre Hassoumi Massaoudou. Concernant les assises nationales de la refondation que le gouvernement compte organiser, il dira que la Cedeao refuse tout autre agenda qui ne soit pas l’organisation des élections pour fin février 2022, dénonçant un acte de diversion pour détourner les objectifs assignés à cette transition.

Après ces propos « belliqueux » du chef de la diplomatie nigérienne, la réaction de son homologue malien ne s’est pas fait attendre. Dans un communiqué publié dimanche, le Ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale s’est interrogé sur les motivations réelles de cette sortie médiatique tout comme celle du président Mohamed Bazoum en juillet dernier.

« Dans la mesure où le Niger n’assume pas la présidence en exercice de la Cedeao, le gouvernement de la République du Mali s’interroge à quel titre son ministre s’érige en porte-parole de l’Organisation dont les décisions et recommandations sont clairement énoncées dans le communiqué final du sommet », indique le communiqué, selon lequel, le gouvernement du Mali condamne et rejette « ces propos inacceptables, inamicaux et condescendants  de la part d’un responsable dont le pays a toujours entretenu d’excellentes relations avec le Mali et qui dispose de canaux bilatéraux pour aborder l’ensemble des questions d’intérêt commun dans un esprit constructif ». Concernant la volonté prêtée aux autorités maliennes d’engager des « mercenaires », le gouvernement dira qu’il ne permettra à aucun Etat de faire des choix à sa place et encore moins, de décider quels partenaires il doit solliciter ou pas.

Amadou Diallo

 Source : La Nouvelle Voie du Mali

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