Nos autorités en sont conscientes : le développement économique de tout pays est basé sur le dynamisme de son secteur industriel, et en particulier de sa branche de la manufacture. D’où les efforts multiformes engagés dans ce secteur qui, depuis cinq ans, s’épanouit au rythme de vigoureuses actions engagées sous l’impulsion du président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta.
Cependant, le chemin à parcourir reste long et les embûches multiples. Le secteur souffre de l’insuffisance des infrastructures, du manque de mains-d’œuvre qualifiées et d’énergie, de problèmes de financement et de la concurrence déloyale… Telle une Antienne, ces difficultés sont revenues constamment à la bouche de tous les intervenants qui se sont succédé au pupitre, hier, au Parc des expositions de Bamako (FBAK), lors du lancement de l’édition 2018 de la Journée de l’Industrialisation de l’Afrique (JIA). L’événement, qui se poursuivra jusqu’au 2 décembre prochain, offre l’opportunité d’instaurer un dialogue productif entre l’Administration, les industriels, la société civile, les PTF en vue de procéder à un diagnostic approfondi du secteur, d’analyser les enjeux et les défis du développement industriel du continent, en général, et du Mali en particulier, afin d’opérer les ajustements nécessaires.
La cérémonie de lancement officiel a mobilisé autour du Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga, plusieurs membres de son gouvernement, dont le ministre en charge du Développement industriel et de la Promotion des Investissements, Moulaye Ahmed Boubacar. Il y avait également les présidents des Chambres consulaires (CCIM, CNPM), et celui de l’Organisation patronale des industriels du Mali (OPI), Cyrille Achkar.
Faut-il le rappeler, cette Journée est célébrée le 20 novembre de chaque année. Instituée depuis 1989 à l’issue de la 44è session de l’Assemblée générale des Nations Unies, la JIA a pour objectif d’intégrer la problématique du développement industriel dans les priorités des politiques et stratégies nationales de développement socio-économique des pays africains. Ainsi, cette journée a notamment pour but d’inciter les pays africains à s’engager davantage dans le processus de développement industriel. Cette journée est célébrée au plan international sous le thème : ‘’Promouvoir les chaînes de valeur régionales en Afrique : un moyen pour accélérer la transformation structurelle de l’Afrique, l’industrialisation et la production pharmaceutique’’.
En plus du thème international, un thème national propre à notre contexte et aux enjeux de l’heure a été retenu. Il s’agit du ‘’Made in Mali’’.
Pour le patron de l’OPI, la JIA permet de s’interroger sur les solutions à concrétiser pour lancer la campagne industrielle des pays en voie de développement et rattraper le fossé qui « nous sépare des pays développés ». A ce propos, il a remercié le président de la République pour sa décision de positionner l’industrie au rang des priorités de son second mandat. Cyrille Achkar a mis l’occasion à profit pour faire le point sur le traitement du Livre blanc qui a été adopté depuis 2014 et qui, pour la relance du secteur de l’industrie, propose 24 solutions. « Ces solutions sont une réponse intuitive aux maux de l’industrie actuelle, à savoir le déficit d’infrastructures, les facteurs de productions insuffisants, la mauvaise application des textes communautaires, un arbitrage budgétaire défavorable à l’industrie… », a-t-il expliqué. Et de citer quelques acquis engrangés ces dernières années, dont l’adoption du décret portant sur les mesures d’orientations de la commande publique vers les PMI et la production nationale, la systématisation de la procédure de consignation des droits et taxes de douanes des produits importés sur six filières tests… Il a exhorté le gouvernement à accélérer les réformes pour permettre au secteur industriel de jouer pleinement son rôle moteur dans la croissance et dans l’atteinte des objectifs d’un PIB de la manufacture que les industriels souhaitent à hauteur de 20%. Pour y arriver, l’OPI préconise notamment la mise en œuvre d’un fonds souverain d’investissement pour améliorer le financement des projets. Pour sa part, le ministre Moulaye Ahmed Boubacar a indiqué que notre secteur industriel restait caractérisé par sa faible densité (le recensement industriel réalisé en 2015 dénombre 829 entreprises industrielles dont 765 en activité). Et pourtant, a-t-il plaidé, « nous devons relever le défi de l’industrialisation pour tirer le meilleur profit de la transformation de nos matières premières notamment agricoles, sur place, mais aussi pour retenir et offrir des opportunités à la population majoritairement jeune, dont une partie est victime du drame de l’immigration clandestine ».
Il a rappelé que des jalons importants du développement industriel de notre pays ont été posés, à travers notamment, la création en juillet 2016, d’un département ministériel dédié exclusivement au développement Industriel, qui a été renforcé en 2018 par la Promotion des Investissements. Parlant du thème, le ministre a expliqué que l’objectif visé est de promouvoir « la production industrielle locale » et de mettre en exergue l’admirable génie industriel malien qu’il importe d’encourager et de soutenir par le biais d’une consommation locale accrue et plus soutenue. Aujourd’hui, dit-il, les efforts doivent être fortement orientés vers la promotion de la consommation des productions industrielles nationales : le ‘’Made in Mali’’.
S’adressant aux industriels, il a souligné la lourde tâche qu’est la leur de faire valoir le « Made in Mali » face à la rude concurrence sous régionale et mondiale. « La satisfaction de cet impératif requiert que vous releviez les défis liés notamment à la compétitivité, à la technologie, aux habitudes de consommation et à la qualité du produit », a déclaré le ministre. Il a rassuré que le gouvernement, pour sa part, s’attèlera à créer les conditions optimales pour une industrialisation forte de notre pays. Pour conforter la dynamique déjà enclenchée, le ministre a un agenda bien fourni. Les activités en cours de réalisation ou en perspectives, portent, entre autres, sur le développement des infrastructures industrielles à travers l’aménagement de nouvelles zones industrielles, l’adoption des textes relatifs aux zones économiques spéciales, l’opérationnalisation de la Marque Nationale de Conformité aux Normes Maliennes (MALINORM) et la mise en place d’une commission technique de suivi de la mise en œuvre de certaines mesures contenues dans le Livre Blanc de l’OPI .
Après avoir visité les stands, le chef du gouvernement a confié que la JIA correspondait à l’ambition du gouvernement, à savoir favoriser la compétitivité de notre production nationale. « C’est pourquoi, nous avons pris le vecteur sur la commande publique de manière à ce qu’une partie significative de cette commande publique soit adossée à la production nationale », a-t-dit. Il s’est engagé à faire en sorte que les textes pris sur la commande publique s’imposent à tout le monde, en 2019. Par ailleurs, Soumeylou Boubèye Maïga a annoncé que le point sera fait sur toutes les réformes convenues avec les industriels. Aussi, « nous allons voir comment relever un certain nombre de défis, en particulier celui lié à la qualité des ressources humaines », a-t-il conclu.
Issa DEMBÉLÉ
Source: Essor