Le pouvoir démocratique est renversé et les militaires sont devenus les hommes du Mali aujourd’hui. Avant, il était question de comment sortir le pays de l’ornière face à la crise sociopolitique qui a complètement fait plonger le pays. Au lendemain du départ du président IBK, la tension est retombée, l’euphorie fait désormais place aux interrogations. Quel avenir pour le Mali après ce coup d’état ?
Le coup d’état, quel qu’il soit, n’est jamais inscrit à l’ordre du jour d’une démocratie, il reste anticonstitutionnel et déconseillé. Malheureusement, c’est devenu une coutume dans les états en voie de démocratisation comme un pays tel le Mali, qui a chaque fois que le peuple conteste leur dirigeant, c’est la grande muette qui prend ses responsabilités pour chasser le Président démocratiquement élu, pour un soi-disant rétablissement de l’ordre. Cela ne peut se faire sans qu’il n’y ait écoulement de sang. Mais le pire en ce sens a été évité cette fois-ci.
En effet, depuis le coup de force imputable aux militaires, les différentes organisations régionales africaines, européennes, et même mondiale ont sans cesse condamné fermement l’action des militaires. La CEDEAO, l’Union Africaine, l’Union européenne et l’ONU ont tour à tour condamné le coup d’Etat au Mali pour le fait que cela ne respecte pas l’ordre constitutionnel. Dans le sillage de la condamnation, les pays de la CEDEAO ont déjà annoncé la fermeture de leurs frontières avec le Mali. Une situation qui pourra créer des remous au sein de la population dans la mesure où, la situation est déjà éprouvante pour les populations qui ont subis les coups de la COVID-19 et surtout de la crise sociopolitique.
Sur le plan économique, le pays est toujours croupi dans une situation très compliqué depuis 2012, année du déclenchement de la crise provoquée par les groupes armés séparatistes du nord. Envisager un embargo sur le Mali sera un coup de poignard sur un corbillard. Il est clair qu’avec la fermeture des frontières, l’on aura à assister dans les prochains jours à diverses sortes de pénuries notamment en produits pétroliers, vivriers, et beaucoup d’autres ayant pour incidence, la flambée des prix sur le marché.
Pour éviter que la situation ne dégénère, les putschistes actuellement à la tête du pays, doivent tel qu’ils ont commencé poser des actes d’assurance ; réunir les forces vives de la nation (politiques, société civiles, religieux…) pour qu’ensemble, ils puissent réfléchir sur la transition qui devra être menée par les civils. Cela pourra ainsi éviter au pays, les probables futures contestations émanant des pénuries de tout genre provoqués par la fermeture des frontières que le peuple ne pardonnera guère. Et cela risque de tourner cours contre les mutins.
Une telle démarche permettra ainsi à la communauté internationale de rétablir la confiance avec les autorités légitimement reconnues afin d’apporter leur soutien au Mali pour une sortie de crise. Sinon, dans le contexte actuel, aucune puissance étrangère ni organisation ne peut oser prendre le risque de discuter avec le Conseil national pour le Salut Public (CNSP), actuellement à la tête du pays. Car nul n’oublie le coup d’Etat mené par Amadou Aya Sanogo en 2012. L’embargo sur le Mali avait contraint les populations à la révolte pour demander sa démission. Et c’est ce que le CNSP doit éviter en remettant le plutôt possible le pouvoir a un civil pour une transition comme le stipule la constitution.
Il est vrai qu’aujourd’hui, l’autre point qui fait peur aux mutins, est le sort qui leur sera réservé étant donné que la prise du pouvoir est anti constitutionnelle. Pour rappel, ceux qui avaient renversé l’ancien Président Burkinabé, Blaise Campaoré, croupissent actuellement en prison dans ce pays limitrophe du Mali. Ce qui effraie les putschistes. Mais la CEDEAO doit dissiper ces aspects pour souscrire au cas du Mali dans un cadre des nouvelles formes de résolution pour éviter de faire basculer le pays dans un affrontement dans la mesure où, jusqu’à présent, aucune vie n’est à déplorer après le putsch Elle doit aider les mutins visiblement pas trop partisans de la méthode forte, à céder le pouvoir aux civils pour une bonne transition au Mali.
KADOASSO I.
NOUVEL HORIZON