Après le lancement des travaux de construction de la Station de pompage de Kabala (commune de Kalabancoro), le président IBK vient d’inaugurer mardi dernier la cité universitaire sise dans la même localité. Ce sont là deux grands symboles à son actif, même s’il n’est pas l’initiateur de ces projets, mais l’Etat est une continuité. L’événement est aussi une belle opportunité pour le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Mme Founé Samaké, de se mettre en valeur au moment où l’on parle beaucoup de l’imminence d’un remaniement ministériel.
Avant elle, Me Mountaga Tall avait annoncé cette inauguration pour novembre 2016. Ce délai n’a certainement pu être tenu, et Mme Samaké aurait usé de tous les moyens pour qu’elle ait lieu enfin, afin d’épargner à l’Etat les milliards de francs payés aux privés pour la location de nombreux bâtiments devant abriter les administrations universitaires et les salles de classes. Apparemment beaucoup de fonctionnaires n’étaient pas pressés que la cité finisse si vite, parce que cela devrait mettre fin aux commissions et autres pourcentages qu’ils perçoivent sur les loyers faramineux que l’Etat paye. Cet argument expliquerait l’empressement de l’actuel ministre qui, bien entendu, n’était pas aux affaires au moment de la conclusion des nombreux contrats de location.
La voie d’accès, un goulot d’étranglement
La cité universitaire, avec plus de 4000 places au campus, est certainement une véritable aubaine pour les étudiants. Mais il y a un problème énorme, la voie d’accès à la cité. Il n’y a, en effet, qu’une seule voie pour y accéder, et cette voie, pour une grande partie, est unique, très étroite et toujours prise d’assaut par les camions bennes. Si cette voie devait rester en l’état, ce serait un cauchemar pour tous ceux qui devront se rendre quotidiennement à la cité pour y travailler, en raison des embouteillages très courants, mais aussi des accidents de route liés à l’étroitesse de la route, aux camions bennes et autres Sotrama en surnombre. La question a d’ailleurs été évoquée lors de la cérémonie, et il semble qu’une double voie de même qu’une voie réservée aux véhicules utilitaires seront réalisées. Ce projet n’est pas nouveau, mais il avait été suspendu, peut-être pour ne pas nuire à certains hommes puissants dont les édifices pourraient être touchés par la réalisation d’une double voie.
IBK rend hommage à ses prédécesseurs
Il faut rendre à César ce qui est à César. Le président a cette qualité morale de toujours reconnaître le mérite de ces prédécesseurs. Il l’avait fait à Mopti au sujet d’ATT ; il l’a refait à Kabala en rendant hommage une fois de plus au même ATT, mais aussi au président de la transition, Dioncounda Traoré (d’ailleurs présent à la cérémonie), qui ont tous apporté leur pierre à l’édifice maintenant prêt. «L’Etat est une continuité, une succession par la suite» a rappelé le président IBK, qui, lorsqu’il est arrivé au pouvoir, a ajouté un grand pan au projet en cours.
Le secrétaire général de l’AEEM remercie le président IBK
Le premier responsable des élèves et étudiant, Abdoul Salam Togola, a remercié le président IBK qui leur avait demandé «patience» pour la finition de la cité universitaire. Et, une fois n’est pas coutume, il l’a fait de la plus belle manière, en assurant IBK qu’ils vont «s’armer» «non pas en armes de guerre, mais de connaissances» pour contribuer au développement du pays aux côtés du président de la République. Venant de l’AEEM, ces propos prennent une allure particulière, surtout à un moment où la violence reprend du service en milieux scolaire et universitaire.
La voix particulièrement claire et distincte du président
Au moment où la santé du président est devenue un sujet de conversation courant, l’intéressé donne du change en tenant un discours limpide comme de l’eau de roche. Preuve, s’il en est besoin, de sa bonne santé. Ou de ce qu’on voudrait penser… En tout cas, si assez souvent les auditeurs disent avoir du mal à suivre le président lorsqu’il parle, à Kabala ce fut tout à fait le contraire. IBK parlait distinctement et s’est fait comprendre de tous sans aucune gymnastique intellectuelle. Bien entendu il y a eu du latin par moments, l’habitude quoi…
Les ratés et non-dits : Les fameux lampadaires
Il y a quelques mois de cela, lorsqu’ IBK devait venir lancer le démarrage des travaux de la station de pompage, les autorités ont tout fait pour réhabiliter leur unique voie d’accès qui était pendant de longs mois en piteux état. Avec l’inauguration de la cité universitaire, l’EDM a travaillé même de nuit pour installer et faire fonctionner les tout nouveaux lampadaires.
Ceux-ci ont illuminé le ciel de Kabala seulement la veille de l’inauguration, c’est-à-dire dans la nuit de lundi à mardi. Malheureusement ce fut tout, car le lendemain déjà, les fameux lampadaires ne donnaient plus de la lumière. Ce qui était prévisible au regard de la précipitation avec laquelle les travaux avançaient. C’est cela l’Etat hypocrite. La population pourrait attendre longtemps avant de voir ces lampadaires fonctionner normalement à nouveau.
Oryx se frotte les mains, grâce à «Parqueur» ?
A la faveur de l’inauguration de la cité, de nombreux véhicules administratifs devaient effectuer le déplacement de Kabala ; ce qui nécessitait une dotation en carburant. Curieusement tous les bons d’essence distribués aux chauffeurs étaient de la société Oryx, implantée un peu partout maintenant, et tout juste près du CENOU. Il n’y aurait rien de mal en cela si les mauvaises langues n’avaient pas établi un rapport direct entre cette société et «Parqueur».
C’est le surnom officieux du fils du président, Karim (en raison de ses parcs automobiles dont les véhicules seraient imposés un peu partout maintenant au niveau de l’Etat), qui serait actionnaire de ladite société. Allez savoir ! Le même nom est cité dans le fameux dossier de recrutement de l’EDM, mais aussi dans celui sulfureux de l’INPS. Concernant ce dernier dossier, on a appris que finalement certains ont été appelés pour faire le test. Mais pas tous, bien entendu, comme l’aurait voulu ‘’Karim Wade du Mali’’. Décidément les Karim, où qu’ils soient et surtout quand ils sont fils de président, ça étonne et détonne.
Les enfants ne sont pas contents
Alors pas du tout contents du président IBK qu’ils n’ont pas eu l’occasion de voir de leurs yeux curieux, et pour lequel pourtant on les a fait sortir des classes pour se rendre à la cité universitaire. Leur seule consolation a été, pour la plupart, d’imaginer le véhicule dans lequel devrait se trouver le président. On ne sait pas si c’était pour des raisons sécuritaires, la situation étant véritablement incertaine partout maintenant, mais le Président aurait dû trouver un moment de communion avec les enfants, ou tout au moins leur donner la chance de pouvoir raconter par la suite qu’ils ont vu de leurs yeux le président de la République. Cela fait partie des dates historiques de tout un chacun, particulièrement quand il s’agit des enfants.
La Rédaction