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Immigration clandestine: L’Afrique prend le chemin de l’Eurpoe et l’Europe prend le chemin de l’Afrique.

Introduction : l’investigation.

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La rédaction de cet article m’a pris environ un mois. Les habitants de l’ex-Union Soviétique connaissent très mal l’Afrique. A part les spécialistes qui savent la réalité actuelle des choses sur nos pays, dans l’esprit du bas peuple, notre continent est associé à la sauvagerie, aux maladies, aux guerres, à la famine et à la misère. Pendant mes heures libres, je cherchais les liens des forums de discussions des pays de l’ex-URSS pour savoir ce qui se dit sur l’Afrique. Je lisais les opinions émises par ceux qui ont visité ou habitent actuellement sur notre continent. Sur l’un des forums, je me suis inscrit en pseudo et  prenais part aux débats. J’ai decouvert assez de choses curieuses. Ils sont des dizaines et des dizaines à se prononcer, à publier de belles photos sur leur nouvelle belle vie en Afrique et, de ce fait , même à se faire mal comprendre des amis restés en Russie ou en Ukraine qui s’étonnent de leur choix de vivre sur le continent le plus pauvre du monde, berceau, selon eux, de toutes les maladies et d’animaux sauvages très dangereux. Les discussions y sont chaudes, parfois ironiques, avec des couleurs de mépris et même de sorties racistes de la part de ceux qui ne se sont jamais rendus chez, dans la tête desquels l’Afrique existe plus dans les images de télévision que géopraphiquement.  Je me suis entretenu avec les individus qui ont déjà été chez nous pour recueillir leurs avis.

 

 

C’est ainsi que lors des tirages LOTO, j’ai remarqué dans la salle un jeune homme russe d’environ 25 ans. Il s’appelle Denis. Il joue aux jeux de hasard. Son regard était toujours fixé sur moi, un regard aigu, lointain et plein d’amertume. Un jour, je me suis décidé à m’intéresser :

 

 

– J’ai été chez vous en Afrique, m’a-t-il dit d’un ton quasi silencieux, la tête un peu baissée.  J’ai poussé la provocation en y mettant du sarcasme :

 

 

– Que pouviez-vous bien foutre en Afrique ?! On ne vous a pas mangé ?

 

 

-Non, on ne mange personne en Afrique, c’est faux ! J’étais touriste en 2009. J’y ai sejourné pendant deux semaines. J’ai visité le Congo, le Cameroun et le Kenya. Votre continent est très beau, je rêve de m’y installer pour le reste de ma vie. J’ai senti que j’ai plus de chance là-bas.

 

 

Puis, il me vide son sac en me racontant tout : le coût moins élevé de la vie, la bonté humaine, le respect des Blancs, la nature, le goût naturel des fruits et légumes, etc. Pour finir, il me demande :

 

 

– Comment faire pour réaliser mon rêve, vous pouvez m’aider  à obtenir un visa de travail ?

 

 

-Je ne suis pas un Consul, ai-je retorqué ironiquement. Adressez-vous aux Consulats africains. Et pour partir en Afrique, c’est simple : prenez le billet d’avion et partez donc. Il y a des pays où le visa est obtenu sur place à l’aéroport.

 

 

– Les jeux de hasard m’êmpechent. Je perds aussitôt tout ce que je gagne. Je garde pourtant l’espoir d’arracher le jack-pot un jour pour réaliser mon rêve africain.

 

 

– Pourquoi êtes-vous revenu de là-bas ?

 

 

– L’argent était fini et j’ai eu peur de me retrouver dans des situations difficiles.

 

 

– Avec votre mauvaise habitude de jouer, le jack-pot pourra finir aussi, ai-je conclu.

 

 

Maintenant, venons-en aux faits :

 

 

Les images qui passent sur les écrans sont terribles et reconfortent beaucoup dans leur conviction que l’Afrique est un enfer. Des tombeaux navigants qui arrivent aux larges des côtes européennes avec des milliers de jeunes femmes, hommes et enfants. Ils sont tous gravement affaiblis par la traversée, sales et affamés. Sur leurs visages, on peut lire qu’ils ont vu la mort de très près en face. D’autres n’auront jamais plus cette chance. Ils sont des milliers que la Méditerranée a emportés avec leur espoir d’une vie meilleure. Pour l’année 2014, on évoque le chiffre tragique de 17 milles morts par noyade. Quelques survivants crient leur joie d’avoir pu se retrouver en Europe, alors que des familles pleurent en Afrique leurs proches qui ont tenté l’aventure. En avril 2015, c’est le grand drame qui fait la une : 800 personnes laissent leurs vies au fond de la mer. Depassée depuis longtemps par l’ampleur, l’Italie crie de nouveau à l’aide.

 

 

L’Union européenne convoque un sommet ad hoc pour se pencher sur la question. La solution tombe vite : un fond de 12 millions d’euros est voté pour lutter contre les passeurs. Néanmoins, l’idée de la répartition entre les pays européens des clandestins déjà arrivés est repoussée par certains pays dont la France et l’Angleterre. Pendant que les hauts fonctionnaires se concertent en vue d’adopter une approche finale, « les bateaux de la chance » ne cessent d’apporter chaque jour qui se fait de nouveaux clandestins africains. Malgré les images vehiculées de cadavres repêchés par la marine, malgré tous les dangers liés à l’aventure, les jeunes Africains prennent le chemin du grand risque. Quelles sont donc les causes ?

 

 

La gestion hyper catastrophique et l’insouciance désarçonnante de nos dirigeants africains sont un secret de Polichinelle. C’est toute l’Afrique, ignorante ou lettrée, qui les décrie depuis belle lurette  sans qu’ils daignent changer leurs très mauvaises habitudes de grands garçons stupides. Avec 60% des ressources mondiales et avec 65% des terres fertiles dans le monde, le paradoxe réside dans le fait que le continent peine à vivre sans les aides extérieures dont une grande partie est détournée aussi. Une frange apatride au sommet des Etats africains veille sur tout le flux financier comme sur « l’os de Morlam » sur le feu. Leur devise, c’est tout pour eux et rien pour les peuples.  A cela s’ajoutent les querelles de succession pour le pouvoir, qui dégenèrent le plus souvent en conflits armés  apportant la misère à la misère, au cours desquels les populations sont obligées de fuir, en abandonnant le peu qu’elles ont, pour gonfler les camps de réfugiés où elles vivent sous des tentes dans des conditions humainement plus insoutenables. L’aide qui leur est fournie enrichit plus les agents des organisanisations humanitaires. Fautes de soins médicaux appropriés et de conditions d’hygiène, les maladies gagnent facilement du terrain, les parents assistent, impuissants, au décès de leurs enfants. Des mères n’ont pas la possiblité de les voir, car elles auront perdu la vie lors des couches. Des économistes africains aiment sortir les calculatrices pour brandir le taux de croissance économique encourageant sur le continent. Il est indéniable aujourd’hui que le continent fait des progrès et que l’amorce d’un décollage se fait sentir aussi. Cependant dès qu’il y a une petite lueur d’espoir, les crises politiques et les guerres intestines reprennent, mettant un tampon gras sur presque tout, replongeant les populations dans l’incertitude et dans la misère plus profonde encore. C’est une réalité que nous ne saurons nier. En temps de calme, l’élite africaine se lance dans la grande bouffe sans se soucier du peuple qui végète. Lorsque cette bouffe est sur le point de finir, ils n’hésitent pas à mettre le feu à la case des paisibles citoyens. De sorte que les Africains ne voient une vie réelle ni dans le calme ni dans la crise. Face à une telle situation, la mort en Méditerrannée pourrait sembler comme une porte d’entrée au paradis.

 

 

Voyons maintenant ceux qui partent. Ce sont des jeunes, des vies en fleurs, des bras valides qui auraient pu etre utiles au continent, mais qui préfèrent être une charge inutile en Europe. Sans peut-être le savoir, les Africains résidant à l’étranger jettent de l’huile sur les réseaux sociaux par la publication de belles photos dans des voitures ou restaurants autour des tables garnies de nourriture. Toutes les occasions sont bonnes pour le faire : promenades, anniversaires, nouvel an. Ils célèbrent toutes les fêtes qui sont même étrangères à l’Afrique pour s’empresser de mettre des images réussies sur leurs profils.  L’impression se crée que la belle vie est ailleurs. Ce n’est pas totalement vrai. Dans la plupart des cas, il ne s’agit que d’images réussies. Pour le reste, allez bien le savoir ! C’est ainsi donc que nous voyons des Africains  déboursant de rondelettes sommes pour la traversée de la Méditerrannée.  Ces individus tombent dans le piège des belles paroles des passeurs qui peuvent leur montrer des photos d’Africains vivant dans « l’opulence ».

 

 

Or, n’est pas Didier Drogba qui le souhaite ! Ces clandestins paient chacun jusqu’à six milles dollars pour aller trouver probablement la mort dans la mer. Pour un seul bateau de 800 personnes, comptez donc jusqu’à 5 millions de dollars. 6 milles dollars comptent bien en Afrique pour pouvoir lancer un petit business lucratif, au lieu d’espérer sur un eldorado qui ne se trouve en réalite que dans la poche des passeurs. C’est donc toute la mafia afro-européenne qui se frotte les mains sur le dos des clandestins crédules dont plusieurs seront ensuites exploités en Europe dans des conditions atroces : labeur gratuit dans les champs ou dans les rues contre quelques bouchées de nourriture comme au temps de l’esclavage, prostitution dans les bordels avec tout le lot d’humiliation et de traitement  sadique.

 

 

Les heures passées sur les forums et les entretiens n’ont pas été vains.  Les gens avec lesquels j’ai parlé trouvent que l’Afrique n’est pas mauvaise. Il n’est pas la peine de parler des Europeens qui sont déjà assez nombreux dans les pays d’Afrique. 300 milles jeunes Espagnols au Maroc depuis la crise de 2008 et environ 150 milles Portugais en Angola, sans compter les Français, Italiens, etc. Ils sont partout. Leur effectif réel depasserait de loin, selon les chiffres non officiels, plus d’un demi million de personnes. Les Russes, Azerbaidjanais, Arméniens, Moldaves et Turcs y sont par dizaines de milliers. Les Chinois dont l’effectif est esmimé à plus de 2 millions ne pompent un seul mot. Ils sont éparpillés sur tout le continent et rongent silencieusement comme les autres. Ce sont des jeunes qui ont un certain avantage face à l’écrasante majorité des Africains, parce qu’ils sont diplômés pour la plupart. Il viennent tenter eux-aussi leur aventure chez nous, espérant sur une belle vie. Beaucoup y reussissent. Avec cette seule différence que leurs corps ne sont pas repêchés dans la mer et exposés sur les écrans de télévision. Il ressort nettement qu’il y a plus de migrants en Afrique qu’il n’y a d’Africains clandestins en Europe. Que viennent-ils donc chercher chez nous si l’Afrique est un enfer ?

 

 

Nous avons plus de migrants chez nous que nous ne le pensons. Par euphémisme, on les appelle « expats ». Ils ne diffèrent en rien des Africains qui partent. A ma grande stupéfaction, j’ai pu apprendre sur les forums que les Ukrainiens sont au nombre de 100 milles personnes en Afrique dont seulement 20 milles travaillent légalement ! Les 80 milles autres évoluent dans la clandestinité, s’adonnant à des contrebandes d’armes, de pierres et métaux précieux, etc. Ils viennent comme touristes et restent ensuite sans papiers et sans etre inquietés des aurorités parce qu’ils sont….Blancs ! Avec la crise dans leur pays et avec la faillite éventuelle de leur Etat, bien des jeunes Ukrainiens lorgnent à présent vers notre continent pour trouver une meilleure vie. Actuellement, le salaire moyen est plus élevé dans des pays africains noirs que dans certains pays  d’Europe. En Macedoine, membre de l’UE, 130 euros sont déjà bons. En Ukraine, c’est la catastrophe avec des salaires encore plus bas.  En terme de bien-être, le Bostwana dépasse de loin assez de pays dits « civilisés ». Dans les années 90 par exemple, les pilotes ukrainiens avaient…40 dollars comme salaire mensuel lorsque dans le même temps, on leur payait 6.000 dollars dans les pays africains ! Les capitaines de bord recevaient environt 10.000 dollars par mois. Depuis, les choses n’ont pas changé. Un jeune Ukrainien résidant en Afrique déjà 8 ans raconte sur le forum qu’il gagne 1000 dollars par mois, somme dont il ne peut jamais rêver dans son pays natal où il gagnait moins de 300 dollars ! Il ajoute que notre continent est un paradis pour lui et qu’on y respecte bien les Blancs, suscitant ainsi la curiosité de centaines d’autres jeunes  à vouloir tenter l’aventure africaine. Il y met sa photo avec un sourire très large. Une autre fille ayant grandi dans l’orphélinat dans son pays natal est actuellement restauratrice très aisée dans un pay africain. La question qui se pose est celle de savoir pourquoi les Blancs se sentent bien en Afrique et pourquoi la majorité des Africains ne se sentent bien nulle part, même dans leur Afrique.

 

 

Quand je partais au Mali, j’ai entendu le langage russe d’Alma Ata à Paris. C’était bien normal puisque des russophones voyageaient aussi. De Paris à Bamako lorsque j’ai entendu le russe dans l’avion, ma curiosité m’a poussé de le savoir.  C’était des jeunes filles ukrainiennes qui partaient travailler au Mali comme danseuses de strip tease. « ça paye bien », me disaient-elles. Entendez que la prostitution faisait le reste.

 

 

Tant que des Blancs vivent bien chez nous et que des Blanches parcourent des dizaines de milliers de kilomètres pour aller  s’y prostituer, l’Afrique n’est donc pas un enfer comme nous le pensons d’habitude.  Au lieu de prendre le chemin de la mort en mer, de devenir balayeur des rues chez les autres,  nous nous devons d’ouvrir davantage les yeux de nos soeurs et frères africains sur les causes réelles, à savoir pourquoi les Blancs fuient dans nos pays et que nous trouvons la mort en fuyant chez eux.  De les amener à s’impliquer dans le combat de tous les jours pour un changement positif dans nos pays. C’est à ce prix que se trouvent le salut et la sauvegarde de la vie de nos confrères, bras valides que nous perdons incessamment.

 

 

Peut être complice aussi sans le savoir la dispora africaine qui se tait ou ne fait que publier de belles photos sur les réseaux sociaux.  Les belles images produisent le même effet tant chez les Blancs que chez les Africains, tous sans exception étant en quête d’une meilleure vie. Les uns réussissent, d’autres y laissent leur peau.  En Afrique, hormis les balles des terroristes qui peuvent frapper ailleurs aussi, très rares sont ces Blancs qui y laissent la leur.  Rien ne vaut que le « chez-soi ». Réflechissons-y. Plus tard, toutes les places juteuses seront occupées par des Blancs, comme à l’epoque coloniale.

 

 

Sekou Kyassou Diallo, Alma Ata, Kazakhstan.

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