La Fédération des Associations et Groupements de la Société Civile pour l’Alternance au Mali (F.A.S.C.A.M) a organisé, ce samedi 3 aout 2019, à la Maison des ainés son premier Congrès statutaire. Plus de 1 500 congressistes venus de toutes les régions du pays ont pris part ce congrès. La Fédération des Associations et Groupements de la Société Civile pour l’Alternance au Mali œuvre pour le devenir du Mali d’abord.
L’événement était placé sous le parrainage de l’imam Mahamoud Dicko, ancien président du Haut conseil islamique du Mali et avec comme marraine Mme CISSÉ Assoumao BARRY présidente de l’Association Yiwere Pulaku, et membre de Tabital Pulaako international.
Il faut rappeler que Mme Cissé Asmaou Barry s’est aussi distinguée surtout, à travers son assistante et sa disponibilité à être aux côtés des déplacés de la crise et surtout sa participation dans les initiatives tendant à instaurer un climat de confiance entre les différentes communautés du centre du pays. Pourquoi le choix de ces deux personnalités ? Pour le premier responsable de cette fédération : « quand il s’agit du Mali Mahmoud Dicko et Asmaou Barry répondent toujours présents. Leur choix se justifie juste pour leur amour pour ce pays ».
Dans son intervention, l’imam Mahmoud DICKO a affirmé que « le temps n’est plus aux contestations, mais qu’il faut imposer ce qu’on croit être bon et bien pour le pays » sur le conflit dans la région de Mopti l’imam DICKO indique que tout ça est fait pour nous distraire afin que le peuple ne puisse pas dicter ce qu’il veut. Avant de terminer, l’imam Mahmoud DICKO a appelé les organisateurs à œuvrer pour une vraie alternance.
Faisant le diagnostic et tirant les constats de la stagnation en matière de progrès, l’Imam Mahmoud Dicko du haut la tribune de la maison des ainés appelle les Maliens à se départir de leur passivité, des critiques, bavardages et contestation stériles pour se ressaisir et imposer le vrai changement. Voici l’appel qu’il a livré ce samedi à la tribune et lors de son interview à la presse :
APPEL A LA TRIBUNE
J’ai beaucoup de choses en tête, mais on ne peut pas tout dire ici. C’est bien toutes ces choses que nous faisons. Mais, je pense qu’il y a beaucoup de questions que le Malien doit se poser.
On vient de chanter l’hymne national qui nous invite à nous mettre sur les remparts pour défendre notre pays. C’est bien beau ! Mais, il y a des gens qui pensent que nous devons être à leur solde, les suivre sans broncher, sans réclamer quoi que ce soit de nos droits. C’est ça le drame.
Le peuple est le dépositaire de la légitimité. De nos jours, les hommes politiques ne cherchent que la légalité. C’est la légalité qui est leur affaire. Tout le monde s’accroche à ça, et le reste, ce n’est pas leur affaire. Mais le pays ne peut pas se construire s’il n’y a pas de légitimité. Et vous, vous êtes les dépositaires de cette légitimité.
Le pays, c’est comme un fleuve et l’État est la pirogue. Pour que la pirogue puisse avancer tranquillement, il faut que le fleuve ne soit pas agité. Mais s’il y a une tempête sur le fleuve, la pirogue chavirera inexorablement. Pour qui connait le l’État, tu dois prier pour qu’il y ait la stabilité. Car, le fleuve représente le peuple. C’est pourquoi on doit arrêter de se plaindre des dirigeants et se convaincre que tout est de notre responsabilité. Ce pas la faute des dirigeants, ils ne peuvent rien. Le pays, c’est vous ! Le pays sera ce que vous aurez voulu qu’il soit.
En islam, nous nous basons sur le Saint Coran, et dans le Coran, Dieu a dit quelque chose qui est une règle universelle. Ce qui arrive, Dieu ne le changera que lorsque vous avez la volonté et l’intention d’amener ce changement. Vous êtes les acteurs, les artisans.
Partout où il y a eu développement, c’est qu’il y a des hommes qui accepter le sacrifice. Pendant que chez nous, personne ne veut accepter les critiques. Là où on doit donner son âme, il ne sert à rien de se plaindre des critiques des gens. On doit être prêt à défense son pays jusqu’au sacrifice ultime.
Aujourd’hui, le pays est en train de tanguer et on se transforme en spectateur, on se confond dans les critiques, les détails. Tout le monde se plaint, mais personne ne veut dire la vérité.
Chez nous en Afrique, on ne connait pas le système, mais les hommes, les dirigeants. On connait le chef, c’est ça l’Afrique. S’il est bon, tout marche dans le pays. Si le chef de famille est exemplaire, les membres de sa famille ne seront. Il en est de même du chef de village au chef de l’État. Voilà ce qu’on connait. C’est pourquoi on doit veiller sur le pays, sur ce que fait le chef.
Je ne connais pas de votre projet. D’ailleurs, ce qui nous lie, c’est le fait que vous m’avez demandé de parrainer vote congrès. Sinon, j’ignore tout. Mais, vous avez parlé d’alternance. Je ne sais pas ce que cela veut dire pour vous. Pour moi, l’alternance veut dire enlever celui qui n’est pas bon et le remplacer par le bon. Si c’est le cas, la mobilisation doit être de mise pour que l’objectif soit atteint.
Évidemment, quand on dit ça, les gens pensent que c’est demain qu’il faut se lever pour faire ça. Et on va commencer à se demander : quelles sont les intentions de l’imam ? Qu’est-ce qu’il est en train de mijoter ? Qu’est-ce qu’il cherche ? Qu’est-ce qu’il veut ? Car pour eux, tu ne dois pas déranger l’ordre établi.
Mais, écoutez : ce qui se passe dans ce pays, ce pas la faute de quelqu’un, c’est le peuple qui est en faute. Il faut ne pas accepter d’être des spectateurs du destin de notre pays. Car, le Prophète a l’habitude de dire : tu as mis ta main dans un trou, quelque chose t’a mordu, sans chercher à comprendre, tu retournes pour mettre ta main dans le même trou. En ce moment, si on coupe ta main, tu es le seul responsable.
Il faut que les gens se réveillent, prennent conscience pour imposer leur point de vue. C’est-à-dire, ce n’est plus le temps de contester, non. Il est temps qu’on impose ce qu’on croit être bien, bon. Je crois que la contestation ne sert plus à rien dans notre pays. On a l’habitude de nous dire ici de marcher, si on veut, jusqu’à Gao. Ça les fout au pôle nord. Non ! Il faut maintenant imposer, ce qu’on croit être bon pour le pays, il faut l’imposer. Il faut qu’on sorte des petits arrangements et qu’on impose un vrai changement.
S’agissant des attaques, je pense qu’on est en train de nous distraire. On parle de peul, dogon, bozo, non ! On est en train de nous distraire. Le dogon n’est rien sans le peul. Quel dogon peut dire qu’il n’est pas peul et vice versa. Donc, ce n’est pas vrai cette histoire. Il faut que les gens soient vigilants et restent debout.
Il ne faut pas qu’on se laisse distraire, non ! Ils ne veulent pas qu’on dialogue entre nous. Et c’est ce que nous devons faire. Il faut qu’on dialogue pour trouver la voie à suivre ensemble. Que rien ne nous arrête si ce n’est la volonté d’Allah ! Et cela va arriver quoi qu’on fasse. Car, dans ce pays, les gens savent faire la différence entre le bien et le mal. On peut faire semblant de ne pas comprendre pendant un moment donné à cause de ses intérêts personnels. Mais arrive un moment où l’on décide de revenir à la raison. Il est grand temps maintenant qu’on met les intérêts personnels de côté et qu’on s’occupe du pays. Je prie Allah pour que la paix revienne dans notre pays.
Le conseil que je vous donne, c’est d’être de bonne foi, si vous voulez atteindre vas objectifs. Les gens ont fait de la création de ces genres d’organisation un gagne-pain. Ça ne construit pas un pays. On contraire, ça vous rend dépendant. C’est des comportements qu’il faut bannir si on doit s’engager et engager tout le monde, et appeler les gens à vous soutenir, à être avec vous, il faut être sérieux et performant.
Qu’Allah nous bénisse.
APPEL LORS DE L’INTERVIEW
J’étais là en tant que parrain. Mais ce que j’ai toujours dit et que je le répète ici, il ne faut pas tergiverser. Ça fait vraiment longtemps qu’on tourne en rond. On dit les mêmes choses, on les répète ailleurs, sans véritable action. Cela ne fait pas avancer le pays.
Il est temps qu’on se dise la vérité et qu’on trouve une solution consensuelle. Quoi que ça doit coûter, cette solution, il le faut pour qu’on sorte de l’impasse. Ça fait longtemps qu’on tourne en rond, le pays n’avance pas. De l’indépendance à nos jours, nous sommes dans la même situation. Un pas en avant, deux pas en arrière. Il faut arrêter ça.
Il faut que le peuple se demande ce qui nous est arrivé, qu’est-ce qu’il y a entre nous ? Qu’est-ce qui nous empêcher d’avancer. Pendant que le monde évolue en toute vitesse, et nous, on traine. Il faut nécessaire qu’on pose le diagnostic ensemble.
Comment peut-on sortir de l’impasse ? Il faut être véridique. J’ai toujours dit et je vais répéter ici. Nos pays ne connaissent pas de système. Contrairement en occident, en Afrique, nous on ne connait pas le système, mais plus tôt le chef. Comme on le dit en Bambara, les pintades regardent la nuque de celle qui les guide. Si les dirigeants sont, corrects, droits, le pays va se développer. S’ils s’adonnent à la tâche, le peuple se mettra debout derrière eux. Mais, s’ils s’arrêtent, le pays va s’arrêter également. Si c’est des vauriens, le pays en pâtira. C’est aussi simple que ça.
Il est temps que nous les Maliens qu’on se regarde les yeux dans les yeux et qu’on se dit les choses par leur nom et qu’on avance. C’est aussi simple que ça.
Les imams disent que l’intention est plus importante que l’action. Cette rencontre nous invite à nous occuper de notre pays. Cela est déjà noble.
Pr Abdoulaye OUATTARA
Source: Info-Matin