Ils ont tué l’un des plus grands hommes d’affaires du Mali. Alou Badra Coulibaly nous a quittés, à la suite d’un infarctus du myocarde. Ben, comme l’appelaient ses parents, ses vrais amis – il en avait- et collaborateurs, a tiré sa révérence le mardi 26 juillet 2016 dernier à Bamako, loin de San (sa ville natale) dans la région de Ségou.
Le magnat des hydrocarbures, le Pdg de Ben & Co Holding composée de : Ben&co Pétroluim, Ben & Co Chimie, Ben& Co Energy, Ben& Co Transport, Ben& Co stockage – Excusez du peu- avait depuis près de deux ans la mort dans l’âme. Les tout nouveaux arrivistes de l’ère IBK avaient commencé à lui mener la vie dure. Ils étaient parvenus à lui retirer tous les contrats faramineux qu’il avait depuis belle lurette avec des sociétés minières étrangères de la place. Comme des rapaces, les nouveaux milliardaires ex-nihilo sont allés jusqu’à menacer les dirigeants desdites sociétés minières de rupture de contrat s’ils ne dénonçaient pas le contrat qui les liaient à Ben pour en conclure un autre avec eux. L’un d’eux, rencontré dans un vol Air-France, a osé nous dire : «Dramé, nous n’avons pas le choix, on leur donne le contrat ou on disparaitra ». Tout un programme de destruction massive, obligeant Ben à licencier plusieurs de ses employés. Le désormais Feu Alou Badra Coulibaly, n’est malheureusement que le premier d’une stratégie d’agression de plusieurs professionnels dans leur domaine. Ben est la première illustre victime d’une politique de destruction massive du tissu économique bien élaborée. Malgré ses 50 ans d’expérience dans son métier, on l’a détruit. Ils ont donné un coup de canif à tous ses contrats, on a commandé plus de 100 remorques citernes de marque Mercedes Accros dernier cri, en plus de l’essence raffinée avec des droits de douane minorés pour le mettre à genou. Ils veulent tout accaparer ! Tous les anciens investisseurs qui ont plus de 50 ans d’expérience seront détruits, à moins de déménager avec armes et bagages chez eux pour ne devenir que leurs prête-noms, que dis-je des mules. Aujourd’hui, ils sont dans tous les documents : celui des permis et cartes grises sécurisées et même des cartes d’identités Cedeao. Dans tout… Les milliardaires ex-nihilo, dont plusieurs membres de «La Famille d’abord» ne font que racketter nos opérateurs économiques et taper dans les caisses de l’Etat. Ils n’épargneront personne. Ils veulent déposséder les gens de leurs biens. Dans ce pays, il n’y a pas d’Appel d’offres sérieux. Jusqu’à ce que la France ait finalement décidé d’en organiser pour le sommet Afrique-France. Elle lancera les appels d’offres, elle procédera au dépouillement et au paiement des adjudicataires. Rien que ça, pour prouver que la magouille et la corruption sentent à mille lieues. Les nouveaux prédateurs de l’économie malienne viendront aux funérailles de Ben. Le décoreront à titre posthume. Il est déjà chevalier de l’Ordre national lauréat sur le plan national et international de plusieurs distinctions, au nombre desquelles on peut citer, entre autres, le très prestigieux trophée : «l’Oscar des oscars» décerné par le Conseil international des managers africains (Cima) en 1997 à Paris. Ben était aussi «l’Oscar du développement» Avec leur esprit tordu et névrosé, ils viendront à ses funérailles, eux qui l’ont tué à petit feu. Vêtus dans leurs beaux « bazin » ou leur costume taillé dans du lin blanc. Ils auront l’air triste, la mine serrée, mais intérieurement contents d’avoir accompli leur sale besogne. Mais aujourd’hui au Mali, personne n’est dupe. Ce n’est parce qu’on est habillé du beau linge qu’on a les mains propres. Et chacun sait faire la différence entre un vétérinaire et un taxidermiste. Ils finissent tous par vous remettre votre animal. Mais dans quel état ? Ben, ingénieur chimiste diplômé d’une des plus grandes écoles de l’ex-Urss, tu as toujours servi ton pays avec dignité, remplissant chaque année les caisses du Trésor public par les contributions fiscales issues de tes activités. Au contraire de ceux qui les vident sans coup férir. Grand patriote tu l’étais car tout le monde se rappelle de ta contribution gratuite en faveur de nos forces armées et de sécurité que tu avais dotées en carburant nécessaire pour faire face à la rébellion en 1996. Sans compter des généreuses contributions en faveur de nos équipes nationales chaque fois que de besoin. Tu étais un vrai battant, mais pas quelqu’un qui courbait l’échine facilement. Malgré les vicissitudes de la vie. Il est temps que dans ce pays on s’efforce de reconnaître le mérite des gens de leur vivant et non de le faire avec beaucoup de mesquinerie après leur mort. Dors en paix Grand Patriote. Adama Dramé
Source: sphinx