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Il est grand temps de créer l’Agence Nationale de la Gestion des Réparations des Victimes.

Depuis plusieurs années le Mali a vibré au rythme des audiences publiques animées par la CVJR (Commission Vérité, Justice et Réconciliation). Les réparations doivent s’inscrire à la proportion de la gravité des violations des Droits de l’Homme et des préjudices subis par les victimes. Il serait souhaitable que le Ministère de la Réconciliation, de la Paix et de la Cohésion Nationale, chargé de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation définisse les contours de ce dispositif en état d’éclosion ainsi que les critères d’éligibilité à l’Agence Nationale de la Gestion des Réparations des Victimes.

La CVJR a fait de son mieux pour projeter toute la lumière sur les violations flagrantes des Droits de l’Homme intervenues au Mali de 1960 à nos jours, en établissant la gamme des responsabilités. Son premier succès aura été le rétablissement de la vérité historique. Les audiences publiques ont révélé au grand jour l’ampleur démesurée des atteintes aux droits humains à leur juste valeur. Personne ne peut nier la véracité des faits. Les victimes ont parlé à cœur ouvert en toute sincérité souvent au prix des larmes. La raison est simple : leur voix marginalisée pendant longtemps, venait enfin d’être autorisée et écoutée dans l’espace public. Comme si cela ne suffisait guère, elle était retransmise en direct sur les chaînes des télévisions au vu et au su de tout le monde. Depuis un moment, la mission de la CVJR est révolue. Une nouvelle étape du travail est en cours de réalisation. Cette fois-ci une phase décisive sera amorcée. Elle doit sans doute donner naissance à l’Agence Nationale de la Gestion des Réparations de manière logique pour parachever le travail. Ce dispositif se chargera d’émettre des recommandations sur les réparations à accorder aux victimes afin de clore l’aventure.

Une suggestion s’impose inévitablement en amont. Depuis un certain moment, nous assistons, d’un air étonné, aux critères de choix auxquels nos plus hautes autorités s’adonnent pour la mise en place des instances. Nous les avons vues d’une part implanter le CNT tout comme la Commission de relecture de la Constitution. Le constat a révélé que le tri des membres de ces commissions s’est opéré sur la base des choix selon leur convenance. Cette fois-ci, nous les invitons à apporter une correction de méthode d’action en ce qui concerne l’installation de l’ANGR (Agence Nationale de la Gestion des Réparations des Victimes). Il appartient au ministère de la réconciliation de trouver un équilibre raisonnable. En tout état de cause, le souhaitable serait d’inviter les associations de victimes à prendre part à ce dispositif pour des raisons de transparence. La participation de ce public au sein de cette instance est un point de droit. Cette transparence au grand honneur de la transition permettra de mettre à l’aise les victimes. La réparation pécuniaire accorde à la victime des dommages et intérêts qui dépendent de l’évaluation des préjudices réparables.

Les autorités transitoires veilleront ainsi à une gestion claire des ressources allouées aux réparations. Cela ne peut se faire tant que les associations de victimes ne participent pas à la mise en place et à l’animation de l’Antenne de Réparation de Gestion des Réparations. Cela protègerait les tendances à la mise en œuvre de l’esprit et de la loi des textes en faveur des victimes.

Aboubacar Eros Sissoko

Artiste, Ecrivain, membre du Collectif des familles victimes du coup d’Etat du 19 novembre 1968

Source: Le Républicain

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