L’annonce de la mort au combat du président tchadien, le maréchal Idriss Deby Itno, a été accueillie avec stupéfaction au Mali et dans le reste des pays du G5 Sahel. En effet, la forte implication du dirigeant tchadien dans la lutte contre le terrorisme dans ce vaste espace désertique a fait de lui un héros parmi ses pairs.
Son pays étant déjà engagé dans la guerre contre la secte Boko Haram qui avait franchi la frontière du Nigeria pour s’attaquer aux voisins, le président Deby n’a pas hésité une seconde à envoyer, en janvier 2013, un contingent fort de 2.000 hommes au Mali où la reconquête de la partie septentrionale aux mains des groupes terroristes était lancée par la France à travers l’opération Serval.
Les soldats tchadiens ont croisé le fer avec les terroristes dans le massif montagneux de l’Adrar des Ifoghas, au nord de Kidal. Plus de 26 d’entre eux ont perdu la vie lors des combats, le 22 février 2013. D’autres ont été ensuite tués dans des attentats suicides. Mais cela n’a pas découragé les vaillants soldats tchadiens dans leur noble mission. Ils ont réussi à mettre hors de combat le redoutable chef de guerre Abu Zeïd et nettoyé le repaire terroriste qui s’était implanté dans les montages de l’Adrar des Ifoghas.
En marge de sa participation au sommet du G5 Sahel à N’Djamena en février 2021, le président de la Transition, Bah N’Daw, a rendu un hommage appuyé à ces soldats morts pour le Mali. «À ces soldats tchadiens qui reposent dans ce Carré des martyrs, la nation malienne est éternellement reconnaissante», a déclaré le chef de l’État, avant de remercier le président Deby et l’armée tchadienne pour leurs contributions inestimables dans la lutte contre le terrorisme dans le Sahel.
Lors de la conférence de N’Djamena où il était justement question de l’intensification de la lutte contre le terrorisme au Sahel, le maréchal Idriss Deby Itno a pris la décision d’envoyer 1.200 soldats tchadiens supplémentaires dans la zone dite des «trois frontières», entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso.
Le 29 mars, le commandant de la force conjointe du G5 Sahel, le général Oumarou Namata, était content d’accueillir ces combattants tchadiens qui devaient ensuite faire la jonction avec 900 soldats de la force conjointe et de Barkhane. Ainsi, les forces alliées n’ont pas tardé à mener des opérations dans le Gourma et le Liptako, en détruisant les bases des terroristes et en saisissant leurs équipements.
En plus de ce bataillon qui épaule nos militaires dans les zones dangereuses des «trois frontières», le Tchad déploie l’un des plus gros contingents militaires au sein de la Minusma. Les soldats tchadiens sont au nombre de 1.400 au sein des Casques bleus. Même sous la bannière onusienne, les Tchadiens restent de redoutables combattants. Pas plus tard que le 2 avril dernier, ils ont repoussé une attaque terroriste contre le camp d’Aguelhoc, infligeant de lourdes pertes aux assaillants.
À l’image de leur défunt président, les Tchadiens sont des soldats très aguerris, âpres au combat. Idriss Deby Itno a plusieurs fois troqué son boubou de président contre le treillis pour diriger des opérations militaires sur le front, notamment lors des différentes rebellions dans son pays.
En vrai chef de guerre, il a lancé, en avril 2020, une offensive contre la secte Boko Haram qui a perdu plusieurs combattants. C’est sur un autre front (la guerre contre les rebelles du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad-Fact) que le président Deby a été blessé avant de rendre son dernier souffle ce mardi 20 avril 2021 à N’Djamena. Les Maliens gardent du maréchal du Tchad l’image d’un homme courageux qui a accepté de voler au secours de notre pays dans un moment très critique.
Madiba KEITA
Source : L’ESSOR